C'est, enfants, que nous
avons appris la raison de cette répulsion qui s'attache à l'araignée.
L'araignée est un odieux criminel : lorsque le Temple de Jérusalem
fut livré aux flammes, les oiseaux du ciel s'efforcèrent d'éteindre
l'incendie en apportant de l'eau dans leurs petits becs, tandis que l'araignée
se fit un devoir d'aller répandre le feu partout où elle le pouvait.
Pour ce crime, nous avons
toujours voué à l'araignée une haine mortelle, au point
qu'au vu d'une toile d'araignée, nous nous empressions de la détruire.
Il ne serait venir à l'idée de personne d'entre nous de détruire
un nid d'oiseau, mais dès lors qu'il s'agissait d'une toile d'araignée,
le foyer de cet insecte, c'est avec joie que nous l'anéantissons en nous
disant : " Tiens donc! Tu as contribué à la destruction
de la maison de D.ieu, que soit détruite la tienne! "
Par bonheur pour l'araignée,
elle avait alors la prudence de s'en aller se cacher dans quelque fente de muraille
pour, du moins, sauver sa vie. Sinon, nous l'aurions tuée, elle aussi.
C'est ainsi que nous poursuivions d'une haine cordiale et inextinguible cet
insecte.
HAINE ET DEGOÛT
II apparaît, par surcroît, que l'homme, en général, a le dégoût de cet insecte et en a peur comme s'il s'agissait d'un être nuisible et dangereux. Il n'en est rien, en vérité.
Il est noté dans
des livres saints que l'araignée est l'animal symbolique d'Esaü,
de l'Idumée, qui détruisit le Temple de Jérusalem. Lorsqu'on
approfondit l'étude du comportement de cet insecte, on peut y découvrir,
en effet, des ressemblances frappantes avec celui du suprême assassin.
En sus du motif de haine
à son égard qu'il nous a donné par sa participation à
l'anéantissement du temple, cet insecte nous inspire le dégoût
que mérite sa manière froide et cruelle de tuer. C'est un vampire
qui tue par le poison.
Il nous a été
donné souvent de voir une mouche se prendre dans le tissu diaphane de
la toile et s'y agiter en vain pour s'en délivrer, puis, de voir apparaître
bien vite la maîtresse de maison avec son ventre immense et ses longues
pattes tordues. Tombant sur sa victime et la frappant de sa morsure venimeuse,
l'araignée mettait fin bien vite à l'agitation et à l'agonie
de la mouche pour se repaître ensuite de son festin ainsi préparé.
La sympathie ne nous étouffait
pas à l'égard des mouches, cette plaie des jours d'été
; mais entre les deux, entre la mouche et l'araignée, notre sympathie
allait indiscutablement à la victime. Non pas par amitié pour
la mouche, mais par haine de sa tortionnaire. Plus d'une fois, il nous est arrivé
de délivrer une mouche prise au piège et d'arracher la proie à
la faim vénéneuse de l'araignée.
II apparaît, par surcroît,
que l'homme, en général, a le dégoût de cet insecte
et en a peur comme s'il s'agissait d'un être nuisible et dangereux. Il
n'en est rien, en vérité. La morsure de l'araignée est
vénéneuse pour un autre insecte, mais, en général,
elle ne s'attaque pas à l'homme, et, si elle le fait, son venin n'exerce,
sauf exception, aucun effet grave.
Il existe, de cet être,
des milliers d'espèces, dont une seule est dangereuse pour l'homme et,
à cause d'elle seule, la peur s'est étendue dans ses effets sur
toutes les autres. Le nom latin de ce type d'araignée signifie : "
Le voleur des grands chemins à la morsure venimeuse ". Pas mal
comme nom!
Elle est mieux connue sous
le nom de " veuve noire ", dû à la croyance que l'épouse
araignée dévore son mari dès après les épousailles
et devient ainsi une veuve. Cela n'est que partiellement exact : en vérité,
elle ne se régale de la personne de son époux que lorsqu'elle
a faim. Dans le cas contraire, elle le laisse partir sans ne lui faire aucun
mal. Néanmoins, comme elle est noire, avec tout juste un signe rouge
sur le ventre, le nom de " veuve noire " lui convient à merveille.
La morsure de la veuve noire
n'est pas mortelle pour l'homme, mais fort désagréable. Un médecin
s'est prononcé un jour à cet égard dans ces termes : "
La morsure de la veuve noire n'est pas mortelle. Mais quiconque la subit prie
la mort de le venir délivrer de la souffrance. "
PLUS VENIMEUX QU'UN SERPENT
Lorsqu'on compare au venin
d'un serpent celui de cette araignée, on constate que ce dernier est
de dix à quinze fois plus efficace et ne manque d'être mortel pour
l'homme que parce que l'animal ne peut, en une morsure, en injecter une quantité
suffisante.
Elle provoque des douleurs
intenses, soit aussitôt, soit à quelques heures d'intervalles.
Il s'agit de douleurs musculaires accompagnées d'une forte poussée
de fièvre et suivies de suées, vomissements, convulsions. Le meilleur
remède connu, ce sont des bains chauds, un lit chaud, l'absorption de
grandes quantités d'eau (mais surtout pas d'alcool !), et l'acceptation
résignée des souffrances.
Il est certain qu'une pareille
morsure peut entraîner le pardon d'une bonne mesure de médisance.
Il ne s'agit pas d'un simple bon mot. Les venimeux sont envoyés en punition
pour cette faute. Nous le savons par l'histoire de l'épidémie
de Ne'hachime Seraphime (serpents à la morsure brûlante) que subirent
nos ancêtres dans le désert à la suite de vives médisances
à propos de Moïse et... à propos de D.ieu lui-même.
De la même façon, la méchanceté peut s'introduire subrepticement jusqu'au cœur de l'homme, dès lors que l'on manque de vigilance.
Les araignées sont
dotées de nombreux yeux. Elles en ont huit en moyenne. Mais leur vue
n'en est pas bonne pour autant, et elles se fient davantage à leur sens
tactile.
C'est une observation intéressante,
lorsqu'on songe à ce que nos Sages ont dit que l'araignée était
le symbole de la méchanceté et de l'insolence. Elle ne respecte,
en effet, rien, ni personne. Peu lui importe où elle tisse sa toile.
La laisse-t-on faire, et elle s'installe en plein palais ! De la même
façon, la méchanceté peut s'introduire subrepticement jusqu'au
cœur de l'homme, dès lors que l'on manque de vigilance. C'est pourquoi
il importe que l'on sache extirper le mal de soi comme on le fait des toiles
d'araignées que l'on trouve autour de soi.
L'ARAIGNEE EST-ELLE UTILE
?
On ne peut en faire de la
soie, malgré la résistance nettement supérieure que le
fil de l'araignée présente à l'égard de celui du
ver à soie.
Voilà ce qui poussa
le roi David à se demander pourquoi le Créateur avait formé
l'araignée. Or, il arriva qu'il dut, un jour, la vie sauve à cet
insecte. Un jour que Saül et sa garde le poursuivirent, il chercha refuge
dans une caverne, et une araignée vint après lui tisser sa toile
à l'entrée. Quand ses poursuivants passèrent à sa
recherche, ils s'abstinrent d'inventorier la caverne en songeant que si le fugitif
y avait pénétré, il aurait déchiré la toile.
David comprit alors que
même une araignée pouvait recevoir de D.ieu une mission et l'exécuter.
Il comprit que rien n'était en ce monde qui n'ait son devoir et sa mission
à remplir. Tout, en ce monde, ne se laisse pas expliquer par la raison.
Un fait seul est certain : il n'est rien ici-bas qui n'ait sa place prédestinée
dans la vie.