Je rencontre souvent des
diplômés dans la quarantaine qui pensent que le temps est peut-être
venu pour eux de s'installer.
Je rencontre souvent des
hommes et des femmes au début de la trentaine qui ont couru après
les diplômes - combien peut-on cumuler de diplômes ?- qui ont fait
le tour du monde et qui pensent que le temps est peut-être venu pour
eux de construire une carrière et de gagner sa vie…
Je rencontre souvent des
femmes au début de la quarantaine qui pensent que le temps est peut-être
venu pour elles d'avoir un enfant.
Ils souffrent tous de ce
que j'appelle le " syndrôme de Peter Pan ", l'idéalisation
d'une enfance perpétuelle et le refus de la vie adulte.
Dans une société
sans lois fixées, choisir la vie adulte est laissé au bon vouloir
de chacun; et nombre d'entre nous remettent ce choix à plus tard, indéfiniment.
Certains en font même une théorie et ça arrive quand il
est déjà trop tard.
LES " SANS-ENFANTS "
J'ai lu récemment
un livre sélectionné dans la revue new yorkaise des livres, "
le service Baby ou comment l'Amérique familiale et amicale floue le "
sans-enfant " par Elinor Burkett, qui soutient le parti de ceux qui choisissent
d'être sans-enfant.
Il est surprenant que les
gens choisissent résolument de ne pas éprouver les plus intenses
amour et plaisir.
Ca me rappelle la fameuse couverture du Newsweek qui valait son pesant d'or
et qui présentait un couple bichonnant leur cave. " Ce sont nos
enfants " affirmaient -ils.
Madame Burkett veut un monde où les enfants n'existent pas.
C'est vrai que le les bouteilles
de vin ne sont pas causantes, elles ne dévalent pas à toute vitesse
les escaliers, pas plus qu'elles ne sourient, ni ne vous engagent dans une conversation
intéressante.
" Le baby boon "
ne s'en tient pas là. Madame Burkett est choquée par les allocations
familiales qui ne sont versées qu'aux seuls parents à l'exclusion
des autres citoyens(quelqu'un pense-t-il sérieusement que l'intérêt
porté aux chiens, poissons rouges et appartements ordonnés est
comparable au bien-être des enfants ? ).
LE VRAI SENS DES RESPONSABILITES
La loi juive déclare
qu'on ne peut être juge si l'on n'a pas d'enfants. Il n'y a que
par nos enfants que nous apprenons la vraie sagesse (quelqu'un qui a passé
quelques heures aux urgences avec un enfant malade peut en témoigner).
Il n'y a qu'auprès de nos enfants que nous devenons vraiment des adultes
et que nous apprenons le sens des responsabilités(je pense ici aux couples
qui souhaitent avoir des enfants et ne peuvent cruellement pas en avoir).
Les enfants ont tant de
choses à apprendre aux adultes de tout âge ; les adultes et particulièrement
les personnes âgées trouvent leur vie enrichie par la présence des enfants
parce qu'ils procurent l'espoir et la joie de vivre et parce qu'ils se projettent
dans le temps. Il n'y a rien de tel que l'enthousiasme des jeunes pour chasser
la déprime du grand âge.
Bien sûr, il y a des
moments où j'aimerais avoir un peu de paix et de quiétude - par
exemple entre deux heures et trois heures du matin- et un dîner sans mes
enfants et quelques fois seule avec mon mari est aussi agréable. Mais
si je vais au restaurant et qu'il s'y trouve des enfants, ça ne gäche
pas ma soirée.
Quand les gens nous demandent
pourquoi nous avons choisi d'avoir une famille nombreuse, mon mari répond
: " Vous contenteriez vous d'un Rembrandt si vous pouviez en avoir deux
? " Tous nos désirs de créer, d'aimer et de donner du sens
à notre vie s'expriment parfaitement en construisant la nouvelle génération.
L'auteur peut-il être sérieux lorsqu'elle dit que de ne pas avoir d'enfant lui a procuré une vie meilleure ?
L'auteur peut-il être sérieux lorsqu'elle dit que de ne pas avoir
d'enfant lui a procuré une vie meilleure ? Existe-t-il au monde quelque
chose, que ce soient les affaires ou un projet qui puisse avoir un plus grand impact sur le
monde ? Sa vie sera-t-elle mieux remplie parce qu'elle pourra acheter ses corn-flakes
sans enfants à l'horizon ?
LE SYNDROME DE PETER PAN
C'est le syndrôme
de Peter Pan pris dans son expression extrême. Pourquoi ce désir
de ne jamais grandir ?
Je crois que cela vient de ce que nous croyons à tort que nous avons
un plus grand plaisir dans une vie libre que dans une vie d'obligations. Le
Club Med, ce n'est pas fait pour prendre des responsabilités.On nous demande
de vivre pour des vacances, des weeks-end, une retraite et pour une bonne bouteille
de bière !
L'idéalisme de l'enfance
est bien plus récupéré par la publicité, qui joue
sur notre nostalgie du temps où tout était facile. Etait-ce
bien vrai ? On trouve des entreprises qui peuvent nous vendre tous les jouets de notre
enfance. Il existe des sites web qui peuvent nous retrouver le sucre d'orge de
nos jeunes années, mais est-ce bien ce goût que nous cherchons maintenant
?
La vision juive de l'existence
c'est que les responsabilités ne sont pas un fardeau mais un plaisir,
ce n'est qu'à travers un travail ardu que nous pouvons goûter la plus
grande satisfaction. Ce n'est pas la saveur de notre enfance que nous recherchons
vraiment .C'est le goût suave de remplir ses obligations et de respecter nos
engagements.
Avec la responsabilité vient la joie.
C'est sûr que cela
peut être pénible d'aller travailler mais on peut le faire et y trouver un sacré plaisir. Le mariage exige bien
des efforts - bien plus que dans une vie solitaire- mais la récompense
est aussi grande que belle. Il n'y a qu'à travers l'effort que nous pouvons
réaliser la satisfaction que nous recherchons tous. Les enfants représentent
une énorme responsabilité. Vous serez physiquement et émotionnellement
plus fatigué avec eux que sans eux- mais un seul sourire soulage bien
des peines, une âme pure vaut tous les efforts. C'était
mon leitmotiv la semaine dernière quand sept de mes belles âmes ont
eu un embarras gastrique au milieu de la nuit !
Avec la responsabilité vient la joie ; pas seulement la joie de l'accomplissement
mais la satisfaction d'avoir rempli votre contrat.
Je ne dis pas que c'est
facile mais la récompense de l'accomplissement est bien plus gratifiante
que la perte d'indépendance .
J'avoue qu'il y a des moments où je voudrais que quelqu'un fasse les
choses à ma place -mettre le couvert- mais d'autres où
je ne cèderai cette tâche à personne d'autre.
Je souhaite faire mes propres
choix, et être capable de me réjouir de mes réussites, et
grandir par mes échecs, et goûter la satisfaction de savoir
que je me perfectionne en essayant de construire une vie intelligente.
Traduction et Adaptation du Rabbin Schlammé