Un enseignement de nos maitres nous apprend que les événements relatés par le texte de la Torah que nous lisons chaque semaine sont en rapport avec des événements du même type que nous pourrions vivre au même moment.

Lors du fameux épisode des Explorateurs, la Torah nous relate que ceux-ci, au retour de leur périple, font un descriptif de la terre d’Israël laissant penser que sa conquête est impossible.

Ils décrivent en effet une terre où le gigantisme est de mise et en déduisent que la guerre sera surement perdue.

Or ces explorateurs ont vécu les différents miracles de la sortie d’Egypte ainsi que ceux liés aux pérégrinations dans le désert.  Ils ont vus la présence de D.ieu à leurs cotés. Et pourtant ils semblent totalement oublier cela, dans une analyse où seule la rationalité est de mise !

Cette attitude aura comme conséquence les 40 années d’errance dans le désert, et même, selon les Maîtres du Midrash,  elle sera la cause,  bien plus tard, de la destruction des premier et second temples à Jérusalem.

Dans le texte des élégies relatant ces malheurs, la Megilat Eikha (Lamentations), on peut remarquer que les versets de ce texte qui sont organisés dans l’ordre de l’alphabet, (premier verset commençant par la première lettre, second verset par la deuxième), il y a une inversion entre la lettre ‘Ayn et la lettre Péh. Pour les commentateurs, cette apparente « anomalie » nous permet de comprendre ce qui est à  l’origine de la faute des explorateurs : ils ont fait précéder Péh, qui signifie aussi la bouche en hébreu, à ‘Ayin qui veut dire aussi l’œil, le regard.

Quand un individu sait déjà ce qu’il a envie de dire sur un sujet, il verra ce qu’il à « besoin » de voir pour justifier sa pensée préexistante. Il arrivera à interpréter les événements de telle manière qu’ils puissent concorder avec son discours, la focale de son regard sera déterminée par les propos qu’il veut tenir. La subjectivité est reine, étayée par des visions tordues incomplètes ou faussement interprétés de la réalité.

Il entrainera dans son sillage tous ceux qui attendent son discours ;  justification des mots qu’ils avaient envie d’entendre avant même de savoir.

La  « preuve » sera toujours au rendez vous pour ceux qui cherchent à étayer leurs certitudes infondées !

 Intéressant aussi de se rappeler de ces textes nous rappelant la différence entre Israël et les nations. Différences dans une manière autre de penser l’histoire et le sens de la vie. Différence dans le désir d’être fidèles à un passé  tout en sachant s’inscrire dans un monde matérialiste ou panthéiste sans se laisser pervertir par celui-ci. Capacité de s’adapter sans rien renier. Différence  irréductible de par le traitement « particulier » que nous  infligent les nations depuis des millénaires.

Et si le peuple juif l’oublie, on se charge de le lui rappeler dans cette manière flagrante de le condamner avant même de l’écouter, en faisant de lui à nouveau le bouc émissaire, en  en faisant les titres des journaux et ce, quels que soient les autres événements qui se déroulent  sur la planète.

Rappelons nous le verset de la Torah où D.ieu dit à son peuple (Deutéronome 28,32) «  Et vous serez ceux que l’on désignera,  et vous serez une rengaine ». Rachi,  le commentateur médiéval,  précise le texte dans son commentaire ad loc. : « on parlera de vous continuellement ».

Alors sommes nous prêts à comprendre, ou l’autisme de nos intellects  nous enferme-t-il  encore dans les brumes d‘une pensée voulant tout expliquer pour ne surtout point créer de remise en question ?