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Seder de Pessah: l'histoire d'un plateau

Au centre de la table du Seder, parfois devant chaque convive, trône le fameux plat du Seder. Quelle en est l'origine? A-t-il évolué selon les époques ?
La soirée du Seder voit toute la famille réunie, chacun suivant ses coutumes. Raconter l’histoire de la sortie d’Egypte, consommer les matsot, boire les 4 coupes de vins, faire le repas de fête… faire le Seder tout simplement.

Dans la plupart des familles, trône au centre de la table, parfois devant chaque convive ce fameux plat du Seder. Il en existe bien sûr de tous types : fort simples pour certains, en argent massif pour d’autres, artistiquement décorés avec, posés dessus, différents aliments symboles.
Notre propos ici n’est pas d’en expliquer le sens mais de voir où se situe l’origine de ce fameux plateau. A-t-il évolué selon les époques ?


Deux ou trois Matsot ?


Le Tour (Rabbi Yaakov Ben Asher (1270, Allemagne - 1340), auteur du Arbaa Tourim, codificateur de la loi hébraïque) stipule : « on amènera devant le Maître de maison un plateau sur lequel se trouvent trois matsot,  les herbes amères,  le harosset, d’autres légumes et 2 plats »

Dans une Haggada éditée à la même époque, on précise que ces deux plats sont deux genres de viandes différentes : une grillée et une cuite à l’eau  en souvenir du sacrifice de l’agneau pascal et du sacrifice de la fête.

Fait intéressant, il est rapporté qu’on met aussi sur ce plateau un morceau de poisson pour faire allusion au Léviathan, ce fameux poisson qui sera consommé à la venue du messie ainsi que toutes sortes de fruits secs qui seront mis à la disposition des enfants afin qu’ils ne s’endorment pas.

Le Tour, toujours lui, rapporte l’opinion de Rabbenou Alfass (le Rif, Rabbi Itshak Al-Fassi, 1013 (Constantine, Algérie) -1103 (Lucena, Espagne), codificateur majeur de la Halakha avec le Tour et Maïmonide), qui indique qu’il est nécessaire de n’amener que deux matsot sur ce plat. Néanmoins, il cite la coutume de mettre trois matsot sur le plat du Seder et l’explique de la manière suivante : comme l’obligation est d’effectuer la bénédiction du Motsi le jour du Shabbat ou le jour de fête sur deux « pains » entiers en l’occurrence ici deux matsot et que nous savons qu’il faudra couper une matsa en deux pour en garder un morceau pour l’Afikoman, il faut donc trois matsot : une qui sera coupée en deux et les deux autres afin d’avoir ces deux matsot entières pour la bénédiction.

Selon une tradition des juifs du Caire, la présence des trois Matsot est une allusion aux trois mesures de farine qu’avait utilisées la femme d’Abraham afin de faire des pains azymes lorsque les trois anges étaient venus lui annoncer la naissance de son fils Isaac,  ces trois mesures de farine symbolisant par ailleurs les trois patriarches.

Le Gaon de Vilna n’avait néanmoins l’habitude de mettre sur son plat du Seder que deux matsot.


Le Harosset


En ce qui concerne les autres éléments présents sur le plat, le Talmud, dans le traité de Pessahim propose deux opinions dont celle de Rabbi Tsadok considérant que c’est une obligation d’avoir du Harosset sur ce plateau du Seder.

Rabbi Yohanan précise que celui-ci est fait en souvenir du mortier et donc doit en avoir la consistance. Il rajoute que la présence d’herbes aromatiques à l’intérieur de ce Harroset fait allusion à la paille utilisée par le peuple juif afin de fabriquer des briques. Les tossafistes évoquent la coutume de rajouter juste avant sa consommation du vin et du vinaigre afin qu’ils soient bien pâteux. Les Gueonim nous recommandent de fabriquer ce Harroset avec les différents fruits qui symbolisent le peuple d’Israel : la pomme, la grenade, la figue, la datte, la noix ainsi que les amandes qui font allusion à l’empressement que D.ieu mit à délivrer le peuple d’Israel.

Certains Maîtres, néanmoins, recommandent de ne pas mettre de grenades, de dattes et d’amandes car les versets dans lesquels le peuple d’Israel est comparé à ces fruits n’expriment pas sa libération.  Il y a donc ici, au-delà de l’aspect purement culinaire, cette notion que les Maîtres du Talmud voulait faire passer : l’aliment présent sur le plateau du Seder possède intrinsèquement une force de part ce qu’il symbolise, dont nous devons aussi essayer de nous imprégner. Il est, en effet, peu courant de voir les Maîtres du Talmud, les Tossafistes et les Guéonim s’occuper de ce qui, à priori, ne seraient que de simples recettes de cuisine. 

Il est intéressant de constater que ces fruits apparaissent surtout dans le Cantique des Cantiques : ce chant d’amour qui exprime la relation entre D.ieu et son peuple comme si, à l’intérieur de ce qui symbolise la souffrance du peuple juif en Egypte, la relation d’amour entre D.ieu et son peuple reste bien présente.


Le Karpass


Il existe, par ailleurs, bon nombre de coutumes au niveau de ces légumes que l’on trempe dans l’eau salée.

Ceux-ci ont un terme générique de Karpass car, pour certains, est présent dans ce mot le terme de « pass » qui signifie rayures faisant ainsi allusion à cette fameuse tunique bigarrée que Jacob avait donnée à Joseph qui amènera la haine des frères qui fut à la suite à l’origine de la descente en Egypte.


L’os et l’oeuf


Les deux aliments dont le Talmud nous parle peuvent être, d’après une opinion, du poisson, un œuf alors que d’après d’autres, exclusivement deux morceaux de viande.

Le Rav Cherira Gaon y voit une allusion à Moïse et à Aaron qui furent envoyés par D.ieu pour sortir le peuple d’Israel d’Egypte et certains mettent alors un troisième plat symbolisant leur sœur Myriam car un verset des prophètes nous cite en effet Moshé, Aaron et Myriam comme étant les envoyés pour sortir le peuple d’Israel d’Egypte.

Néanmoins, bon nombre de commentateurs, entre autres le Meiri, nous rapportent que la coutume a été de prendre un os ainsi qu’un œuf : l’os symbolisant le bras étendu par lequel symboliquement D.ieu fit sortir le peuple d’Israel d’Egypte ; l’œuf voulant dire en araméen la « demande », faisant allusion à la volonté qu’a eue l’éternel de nous sortir d’Egypte. Néanmoins bon nombre de commentateurs y voient avant tout le symbole du deuil vis-à-vis du temple qui a été détruit.  De manière très surprenante, un commentateur fit remarquer que cet œuf et cet os avec un peu de viande dessus proclame que le peule juif n’est ni végétarien ni végétalien !

Il existait aussi une tradition de laisser poser sur le plateau du Seder toutes sortes de fruits secs et pâtisseries, bien sûr casher pour Pessa’h, afin que les enfants puissent en manger et aient envie de rester jusqu’à la fin du Seder.

Comme nous avons pu le constater, l’origine du plateau du Seder remonte bien à l’époque du Talmud et n’a pas enregistré de différences notables tout au long de l’histoire.  Il y a ici un élément fort à souligner par rapport à nos enfants : ce qu’ils voient à cette table de Pessah  est sensiblement identique au Pessa’h qu’ont passé leurs aïeux. Ils se retrouvent ainsi rattachés à une histoire qu’ils devront à leur tour transmettre aux générations futures.


 


A PROPOS DE L'AUTEUR
le Rabbin Elie LEMMEL
Après des études en Yechiva (Israel et France) et l'obtention d'une semih'a il dirige depuis 1995 l'association Arakhim France. Il crée en 2000 l'association LEV, le site internet Lamed.fr, et en 2002 la maison de la famille. Directeur du journal VDJ, il intervient régulièrement à la radio et tient une chronique sur ActuJ. Membre du comité d'ethique de RAMBAM france il crée par ailleurs l'émission Chalom RAV sur TFJ. Conférencier international, il intervient sur de nombreux sujets et plus particulièrement sur celui de la famille;
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