Nous connaissons tous cette histoire : Les Maccabées triomphants, ayant pris Jérusalem et ayant consacré à nouveau le Temple, découvrirent une fiole d’huile et la flamme qui aurait dû avoir duré un seul jour resta allumée pendant huit jours. Aussi, depuis 2,000 ans, les Juifs du monde entier commémorent cet événement en allumant les bougies de ‘Hanoucca...
Qu’avait de si spécial la Menorah pour que les Maccabées en aient fait leur priorité et que les Sages l’aient érigée comme l’élément central de notre célébration de ‘Hanoucca ?
Pour répondre à cette question, il nous faut préciser certaines données :
La Torah décrit la Menorah dans le Temple comme un chandelier à 7 branches ornées de coupes décoratives, de pommeaux et de fleurs, tous ces éléments fabriqués à partir d’un unique morceau d’or massif. Puis, la Torah ajoute un détail intéressant : "Lorsque l’on allumera la Menorah, il faut s’assurer que les [six] lampes latérales soient dirigées vers le centre." (Voir Exode 25:31-37)
Que représentent les six lampes latérales et pour quelle raison doivent-elles être toutes dirigées vers la septième branche du centre ?
Les six branches latérales de la Menorah représentent les six disciplines de la connaissance profane : physique, philosophie, astronomie, médecine, musique et mathématiques. La Torah nous fait donc savoir que la société ne peut reposer uniquement sur la connaissance. Si celle-ci n’est pas focalisée et orientée en direction de la branche centrale - qui symbolise D.ieu, la Torah et la spiritualité - cette sagesse ne mène à rien. Ou même pire, elle est destructive.
LA CONNAISSANCE SANS LA SAGESSE ?
La Grèce était autrefois un puissant empire. Les Grecs encourageaient l’élégance vestimentaire, les repas fins, la musique retentissante, l’esthétique, les sports vigoureux, les divertissements captivants et toutes sortes d’activités stimulantes similaires. Les Grecs étaient le peuple le plus évolué et le plus sophistiqué de leur temps. N’eût été leur excellence, nous n’aurions pas aujourd’hui de transplantation cardiaque, de ballet, de transport aérien, ni, en ce qui nous concerne, internet.
Mais pourquoi l’empire grec n’a-t-il pas survécu plus de quelques centaines d’années ? Les historiens s’accordent à dire qu’il fut détruit par la déchéance morale. La "connaissance" sans D.ieu est vouée au désastre. Il nous est totalement impossible de survivre sans une direction morale bien définie.
Il est vrai que les Grecs avaient des dieux. Tout un panthéon, en fait. Mais, c’étaient des dieux fabriqués par les hommes, le genre à devenir jaloux, à se disputer et à adopter une conduite personnelle immorale. L’homme ne peut créer son propre système objectif, parce que l’être humain, en tant que membre du groupe pour lequel le système est conçu, est par essence de nature subjective. Les dieux grecs n’étaient pas de ceux auxquels on aspire à ressembler ; ils étaient plutôt des divinités qui permettaient d’excuser le comportement corrompu de l’homme.
L’Allemagne nazie est un exemple bouleversant d’"immoralité sophistiquée". L’Allemagne était connue pour ses institutions académiques de premier plan, son avancée dans les arts et son comportement social irréprochable. Et où tout cela les a conduits ? A la Conférence de Wannsee (tenue par les nazis pour mettre au point la "Solution Finale" pour l’extermination de tous les Juifs), 9 des 13 participants avaient un doctorat. Ils constituaient l’élite scientifique la plus créative de tout le monde civilisé, pourtant, ils mirent leurs capacités au service du mal absolu.
LA TORAH ET LA CONNAISSANCE œUVRENT DE CONCERT
Si la Torah est si centrale, pourquoi avons-nous même besoin des 6 autres branches de la Menorah ? Le Talmud affirme : "Il n’y a pas de Torah sans Derekh Erets", ce qui signifie que nous ne pouvons séparer notre compréhension du monde de notre compréhension de la Torah. Utilisées à bon escient, ce sont toutes ces 7 branches qui illumineront le mieux notre monde.
Le plus grand commentateur Talmudique de tous les temps, Maimonide, était un médecin accompli qui rédigea de nombreux écrits sur des sujets tels que la science médiévale, la philosophie et la métaphysique. (Voir "Michné Torah" – Fondements de la Torah, chapitre 2). Le Gaon de Vilna (XVIIIe siècle en Europe) écrivit de nombreux ouvrages sur la géométrie, l’astronomie et l’algèbre.
D-ieu ordonna que la Menorah soit fabriquée à partir d’un seul morceau d’or massif parce que toutes les sagesses oeuvrent de concert à la création d’un monde saint et paisible.
LA LUMIERE DU TEMPLE
Cette lumière de la Torah est symbolisée par la Menorah dans le Temple. Le Talmud remarque que les fenêtres du Temple étaient d’une construction inhabituelle. D’habitude, les fenêtres sont plus larges à l’intérieur du bâtiment et plus étroites à l’extérieur, afin de faire rentrer plus de lumière à l’intérieur.
Dans le Temple, toutefois, c’était l’inverse : les fenêtres étaient plus étroites à l’intérieur et plus larges à l’extérieur parce que la lumière spirituelle du Temple brillait vers l’extérieur pour illuminer le monde entier. Cette lumière guide, vient en aide et rend les choses plus claires et c’est cela que voulait dire le prophète Isaïe lorsqu’il appelait le Peuple Juif une "Lumière parmi les nations" (Isaïe 42:6).
Qui a enseigné la morale et l’éthique au monde, si ce n’est le peuple juif ? Certainement pas Sparte ni même Athènes, ni les Romains, ni les Perses. Et si quelqu’un arrêtait un guerrier en route pour piller, violer et assassiner et qu’il lui demandait sur quel principe philosophique, il se permettait d’attaquer ? Sa réponse était très simple : "Force fait loi !"
Ceux qui enseignèrent au monde à agir différemment furent les Juifs. Notre Torah et nos prophètes donnèrent au monde occidental :
- Aime ton prochain.
- « Proclamez la liberté à travers le pays » (Lévitique 25:10), ce verset est gravé sur la Liberty Bell (la cloche de la liberté) qui se trouve à Philadelphie aux Etats-Unis et qui est un symbole pour les Américains.
- « Tous les Hommes sont créés égaux », un principe universel inscrit dans la Déclaration d'indépendance des Etats Unis d' Amérique et repris par la Déclaration des Droits de l’Homme.
- « Ils forgeront leurs épées en socs de charrue » (Isaïe 2 :4), ce thème est évoqué par la statue qui se trouve près du bâtiment des Nations Unies à New York.
QUE NOUS APPREND ‘HANOUCCA AUJOURD’HUI ?
La morale et l’éthique sont l’héritage du peuple juif et c’est la raison pour laquelle nous ne célébrons pas ‘Hanoucca par une parade militaire. Nous vénérons le Roi David non pas parce qu’il fut un guerrier, mais en dépit de cela. Il n’eut pas la possibilité de construire le Temple alors qu’il le désirait tellement parce que ses mains étaient couvertes de sang. Pourtant, il ne se battait que sur l’ordre de D.ieu. Son fils Salomon, l’homme de paix, était plus apte à construire le Temple.
Le Midrach (Paracha Behaalotekha) rapporte les propos que D.ieu tint à Aaron le Grand Prêtre : "Allumer la Menorah sera ta contribution éternelle au Peuple Juif." Les commentateurs posent la question suivante : L’allumage de la Menorah n’était accompli que lorsque le Temple était encore debout. Alors, que signifie pour nous aujourd’hui l’idée qu’ "allumer la Menorah est éternel ?!"
La réponse est que les vérités que nous glanons dans la Torah sont éternelles. En particulier, du fait que la société est en perte de repères éthiques, la vérité de la Torah est plus précieuse aujourd’hui que jamais. Dans un monde traversé par des débats comme le clonage, l’euthanasie et le sort des SDF, la Torah illumine le juste milieu de la voie délicate de la logique et de la raison.
Comme le dit le Roi Salomon dans les Proverbes 6:23 : "Les mitsvot sont la bougie et la Torah, la lumière." Telle est la signification de la Menorah et tel est notre message pour ‘Hanoucca.
LE BESOIN DE MORALITé
C’est la moralité qui maintient les civilisations ; lorsqu’elle fait défaut, son absence mène au chaos. La beauté du Judaïsme est de nous donner la possibilité de constamment évaluer nos actions à l’aune de la Torah. La Torah est notre boussole morale, elle constitue notre norme extérieure objective. Elle nous indique la direction et nous protège de l’extrémisme.
La Torah guide l’humanité à travers ses lois qui proscrivent l’exploitation, les commérages, le surmenage professionnel, la pollution ainsi que d’autres abus de soi et de la société. Sans une boussole morale, sans les lignes de conduite que nous a prescrites D.ieu, tout peut arriver et nous pouvons toujours trouver une justification à nos comportements.
Aldous Huxley, dans son essai : "Confessions d’un athée déclaré" (Report Magazine, juin 1966), donne sa raison pour rejeter l’unique véritable D.ieu :
"J’ai des motifs pour ne pas vouloir que le monde ait un sens ; J’ai par conséquent assumé le fait qu’il n’en avait pas... D’après moi, il n’y a aucun doute que, pour la plupart de mes contemporains, la philosophie de n’accorder de sens à rien était essentiellement un instrument de libération. La libération que nous désirions était... celle d’un certain système de moralité. Nous nous opposions à la moralité parce qu’elle entravait notre liberté sexuelle."
Traduction et Adaptation de Ra’hel Katz