Lorsque la loi juive veut illustrer l’interdiction de profiter de la lumière des bougies de ‘Hanoucca, elle donne pour exemple l’interdiction de compter son argent à la lueur des bougies. On aurait pu nous dire qu’on n’a pas le droit d’écrire une lettre ou encore que les enfants n’ont pas le droit de faire leurs devoirs à la lueur de ces bougies. Mais, au lieu de cela, la Loi nous dit « ne comptez pas votre argent »
En plus de cela, ‘Hanoucca est la seule fête qui a une coutume directement liée à l’argent, la distribution de ‘Hanoucca Guelt.
Quelle est la signification réelle de l’argent et quel est le véritable rapport entre ‘Hanoucca et l’argent ?

Il nous est impossible d’imaginer un monde où il n’y ait pas d’argent. Pourtant, c’était autrefois le cas. Comment se procurait on une pelle dans un monde sans monnaie ?
Rien de plus simple. Il suffisait de prendre le marteau de trop qu’on possédait et de trouver quelqu’un qui avait une pelle en trop et qui avait besoin d’un marteau. On échangeait notre marteau contre sa pelle et le tour était joué.
En somme, une manière bien fatigante, inefficace et quelque peu ennuyeuse de gérer ses affaires. Maintenant vous savez pourquoi l’argent a été inventé.
Aux Etats-Unis, il fut une époque où chaque dollar possédait sa valeur en or. Mais, ce n’est plus le cas. De nos jours, notre argent n’est qu’une représentation symbolique d’une certaine valeur. La différence entre l’argent et les biens réels est que l’un a une valeur intrinsèque alors que l’autre a une valeur représentative. Une tondeuse à gazon est un objet de valeur parce qu’elle coupe le gazon alors qu’un billet de cent euros , un chèque ou une carte de crédit en plastique n’ont aucune valeur en tant que tels. Ce qui est sûr, c’est qu’on peut les transformer en à peu près tout ce qu’on veut. Une personne voit un billet de cent euros et voit un lecteur CD, une autre voit une montre et une troisième les bicyclettes qu’elle veut offrir à ses nièces pour leur anniversaire. L’argent en lui-même n’a aucune valeur mais son potentiel est presque illimité.

A l’époque biblique, Jacob avait pour frère un despote prénommé Esaü; la situation entre eux devint telle que Jacob dut s’enfuir pour échapper à son frère qui voulait le tuer. Des années plus tard, Esaü et ses acolytes finirent par retrouver Jacob. La nuit précédent la rencontre fatidique, Jacob fit discrètement traverser le fleuve qui jouxtait leur campement à sa famille ; puis il retourna sur l’autre rive.

Le Midrach relate deux faits assez intéressants :

1. Jacob est retourné de l’autre côté parce qu’il avait oublié des petites jarres. Cela nous enseigne que les hommes pieux prennent plus soin de leur argent que de leur personne. Ils accordent beaucoup d’importance aux petits détails.

2. D.ieu lui dit : « puisque tu as pris le risque de faire demi tour pour quelques jarres, je récompenserai tes descendants avec une petite jarre que les hasmonéens trouveront. »

Analysons ces faits. Jacob fait demi tour pour récupérer quelques vases et cet acte a une telle importance qu’il permettra aux Maccabim, plus de mille ans après, de trouver la petite fiole d’huile pure à l’origine du miracle de ‘Hanoucca. De plus, nous apprenons de cet épisode l’importance qu’a l’argent pour les gens pieux.
Jacob père des douze tribus a en fait compris le pouvoir, la potentialité de l’argent.

Apparemment, il était ridicule que les Juifs résistent aux Grecs. La culture helléniste était celle du futur et militairement personne ne pouvait prétendre barrer la route aux Grecs et certainement pas une bande de révolutionnaires juifs.

Mais, le peuple juif savait qu’il est un peuple éternel, un peuple dont le message est voué à durer pour l’éternité et avoir un impact profond sur le monde entier.
Un peuple minuscule et sous-armé était prêt à tenir tête à la superpuissance de l’époque parce qu’il croyait au potentiel du destin juif. Il croyait au fait qu’aussi terrible que la situation puisse paraître, il y a dans l’âme juive la force de vaincre l’ennemi le plus puissant et d’accomplir sa mission d’être une lumière pour les nations.

« Le Egyptiens, les Babyloniens puis les Perses se sont levés ont rempli la terre de bruit et de splendeur puis se sont évanouis comme des rêves et ont disparu ; les Grecs et les Romains leur ont succédé, ont fait beaucoup de bruit également et sont partis. D’autres peuples sont venus, ont repris le flambeau pour un temps, mais la flamme s’est éteinte et ils vivent maintenant dans la pénombre ou ont disparu. Le Juif les a tous vus, leur a survécu et est aujourd’hui celui qu’il a toujours été. Il ne montre ni déchéance, ni signes de l’âge, ni affaiblissement de ses membres ni ralentissement de ses énergies. Sa vigilance ne s’est pas émoussée ni son esprit alerte et agressif…Toute chose est mortelle, sauf les Juifs, toutes les autres forces passent mais le juif demeure »
Mark Twain

Lorsque nous allumons la Ménorah, nous devons regarder attentivement ces minuscules flammes et discerner leur potentiel. Là où d’autres voient de l’obscurité, nous sommes appelés à voir de la lumière. Nous devons regarder nos enfants, regarder au-delà de problèmes et des querelles et dévoiler le potentiel qui est en chacun. Nous devons nous apprécier les uns les autres au-delà de nos défauts et de nos faiblesses. Nous devons appréhender la vie au-delà de la souffrance et des luttes et voir le potentiel. Nous devons observer notre peuple au-delà des divisions et des haines. Lorsque quelque chose nous arrive, nous devons regarder sous la surface, découvrir l’âme et réaliser le potentiel qui est caché en nous de la meilleure façon possible. ‘Hanoucca Guelt c’est cela !