Le sage ressemble à un changeur prospère : quand on le charge d'examiner des dinars, il les examine. Quand on ne lui en apporte pas, il reste assis à rêvasser. L'homme intelligent ressemble à un changeur ambitieux : quand on le charge d'examiner des dinars, il les examine. Quand on ne lui en remet pas, il se met à la recherche de nouveaux clients.
Le marketing    est le terme que l'on emploie aujourd'hui pour désigner l'une des institutions    économiques les plus anciennes, à savoir le marché.
Il est intéressant    de noter que le mot hébreu chouq est mentionné quatre fois    dans la Bible, et ce exclusivement dans les trois livres de l'Ecclésiaste,    des Proverbes et du Cantique des cantiques, qui sont tout associés de    quelque manière au nom du Roi Salomon, lequel a fait de son royaume une    grande puissance économique. Or, il est évident qu'aucune économie    ne peut atteindre la prospérité si l'on n'encourage pas un bon    fonctionnement des marchés.
Etymologiquement,    le mot français de " marché " résonne un peu    comme la racine hébraïque makhar (" vendre ") dont    on aurait inversé les lettres.
Avec une saisissante    perspicacité, Rachi explique la différence entre l'homme sage    et l'homme intelligent (Deutéronome 1, 13) en utilisant comme illustration    un changeur sur un marché. Citant un dialogue entre rabbi Yossi et une    personnalité romaine, Arius, il en indique la nuance. " Le sage    ressemble à un changeur prospère : quand on le charge d'examiner    des dinars, il les examine. Quand on ne lui en apporte pas, il reste assis à    rêvasser. L'homme intelligent ressemble à un changeur ambitieux    : quand on le charge d'examiner des dinars, il les examine. Quand on ne lui    en remet pas, il se met à la recherche de nouveaux clients. "
Ce dernier    comportement n'est rien d'autre que celui du marketing moderne !
Il est inutile    de préciser que les problèmes de marketing où se posent    des questions touchant à la qualité et à la présentation    des produits, à la fixation de leurs prix, à la réglementation    de la concurrence, à la publicité et aux promotions sont examinés    fréquemment dans le Talmud ainsi que dans d'autres sources halakhiques,    dans les commentaires, ainsi que dans les ouvrages de responsæ.
On observe    très souvent une coloration très moderne de ces problèmes. Pour ne citer qu'un    exemple, Rabbi Moché Sofèr ('Hatham Sofèr) dans une de ses responsæ,    se demande si un vendeur a le droit de procéder à un matraquage publicitaire,    l'agressivité d'une publicité pouvant inhiber la concurrence.
La part importante    occupée par le marketing dans cette littérature rend témoignage    de la contribution des commerçants, hommes d'affaires et experts juifs    en marketing au bien-être économique de leur environnement, que    ce soit celui de leur voisinage immédiat ou les milieux non juifs de    leurs alentours.
Traduction et adaptation de Jacques KOHN