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Vendre des épreuves dand#8217;examen


Puis-je vendre mes dissertations d’examen trimestriel à un service Internet?

 

Q.

Je suis un bon élève. Parfois, je me procure un peu d’argent de poche en vendant mes copies d’examens à un site Internet qui stocke en mémoire des articles sur différents sujets. Bien entendu, je n’ai aucunement l’intention d’utiliser ce genre de service pour moi-même, mais est-ce immoral d’y contribuer?

 

 

R.

C’est une bonne chose que vous n’utilisiez pas ces services pour copier vos épreuves d’examen. L’essence même de l’enseignement, à l’école comme à la faculté, est de juger équitablement chaque élève en fonction de ses propres travaux; plagier, sous quelque forme que ce soit, remet en cause ce principe.

 

Le Rabbin Moshé Feinstein (un des grands décisionnaires du vingtième siècle) fait remarquer que de copier en classe n’induit pas en erreur seulement les enseignants mais constitue, aussi, dans beaucoup de cas, une sorte de vol car la personne peut obtenir un emploi grâce au fait que l’employeur est disposé à la payer en pensant que son diplôme reflète véritablement son niveau de qualification. Si le diplôme a été obtenu frauduleusement, le salaire perçu est effectivement considéré comme volé.

En dehors de ce problème d’éthique à portée universelle, se pose un problème beaucoup plus simple: tous les élèves d’une école sont liés par le règlement en vigueur dans leur établissement; celui-ci interdit immanquablement le plagiat. Aussi, même si cette règle était fondamentalement immorale, on transgresserait ainsi l’accord de base en ne respectant pas l’une de ses prescriptions.

Mais votre question est plus subtile. Vous ne faites pas vous-même de plagiat; vous aidez seulement les autres à en faire. De plus, il y a des arguments convaincants en votre faveur. Tout d’abord, il y a sans doute beaucoup de personnes qui utilisent ces services de manière tout à fait honnête, afin d’enrichir leur documentation d’idées et de références, qu’ils constituent pour rédiger leur propre travail. (En vérité, ils feraient preuve de malhonnêteté intellectuelle s’ils omettaient de mentionner les références des documents qu’ils se sont procurés.) Nous pouvons admettre que ce n’est pas de votre faute si des individus peu scrupuleux s’attribuent ces informations pour les transmettre telles quelles.

Deuxièmement, il vous est loisible d’affirmer que vous ne contribuez pas réellement au problème du plagiat. Il y a une telle quantité d’articles dans ces bases de données que si vos copies d’examen n’y figuraient pas, cela ne changerait pas grand-chose.

Ces arguments sont justes mais insuffisants. Selon la loi juive, laisser commettre un méfait par accord tacite peut avoir trois niveaux de gravité:

 

    Le niveau le plus grave est de fournir l’occasion de perpétrer le délit. De ce point de vue, vous êtes, en quelle sorte, en dehors de cette affaire car vous n’êtes pas le seul à proposer ce type de produit.

    Moins grave, mais de moralité également douteuse, est, ce qu’on appelle, “inciter” à commettre un méfait. Les limites exactes que cette notion d’ ”incitation” impliquent, dépendent de nombreux paramètres, notamment de la probabilité que votre travail soit utilisé en fin de compte honnêtement. Mais en pratique, il y a de grands risques que vos travaux servent à tromper les professeurs.

     

    Il suffit de jeter un coup d’œil rapide sur les sites les plus importants vendant des sujets scolaires pour constater que leur but est de répondre aux besoins des étudiants désirant les utiliser comme leurs propres travaux. Un de ces sites commence par mentionner qu’il ne peut garantir une bonne note en particulier; ensuite seulement spécifie-t-il qu’il ne faut utiliser les données proposées que comme source. Un autre site laisse entendre dans quelques endroits uniquement que le copiage est illégal mais, ailleurs, suggère qu’il est acceptable. Et puis de nombreux sites offrent des moyens de “personnaliser” le style et la structure, ce qui, évidemment, n’a aucun intérêt pour celui qui cherche des références mais, par contre, est très important pour l’étudiant qui veut utiliser tel quel le document téléchargé.

    Enfin, se pose le problème de “fermer les yeux” sur une faute. On transgresse cet interdit si l’on donne l’impression qu’il n’y a rien de mal en commettant un certain délit. Le fait que ces sites soient par nature complètement anonymes, minimise le problème. Aussi, si vous voulez les utiliser, bien qu’ils soient sujets à caution, pour des buts légitimes, tels que de trouver des idées ou des références, vous pouvez le faire sans donner l’impression de fermer les yeux sur l’emploi totalement illégal qu’on en fait.

 

Les étudiants confrontés au phénomène du plagiat doivent faire preuve d’un comportement de haute moralité mais les enseignants ont également le devoir de leur éviter d’être pénalisés à cause de leur honnêteté. Pour ce faire, voici quelques suggestions:

 

    Donnez des sujets d’examen qui sortent un peu des sentiers battus. Si vous demandez à vos élèves de rédiger une dissertation sur la conception de l’honneur dans “Le Cid”, vous causez justement ce problème. Demandez-leur plutôt de comparer cette approche avec celle d’une autre pièce moins connue ou bien avec une idée tant soit peu provocante que vous auriez conçue vous-même.

     

    Faites la même chose pour la façon de structurer le texte. Ayez des exigences inhabituelles comme de fournir par exemple un nombre minimal de citations provenant du texte original ou d’analyser le sujet d’une manière particulière.

     

     

    Interrogez-les oralement de temps en temps sur le travail qu’ils ont rendu afin de vérifier qu’ils l’ont bien compris. Ce n’est pas suffisant pour obliger l’élève à le rédiger lui-même mais cela l’obligera au moins à le lire!

Sources: Choul’han Arou’h Yoré Déah 151 et les commentaires 334,48 dans le Rema. Igrot Moché ‘Hochen Michpat 11,30.

 

Traduction et adaptation de Claude KRASETZKI

 



A PROPOS DE L'AUTEUR
le Rabbin Dr. Asher Meir, JCT Center for Business Ethics
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