La chaleur et la cordialité du producteur Arthur Cohn rayonnaient parmi
la foule de plusieurs centaines de personnes venues lui rendre hommage le 27
Mai dernier dans un lieu qui ne pouvait mieux convenir à l'événement
: le King David, cet hôtel historique situé face à la Vieille
Ville de Jérusalem. Ce sioniste passionné, né en Suisse,
dont nombre de films témoignent de l'amour qu'il porte au peuple juif
et à Israël, était là pour recevoir le titre prestigieux
de "Gardien de Sion", décerné par le Centre Ingeborg
Rennert de l'Université Bar Ilan . Etaient également présents
les ministres Bibi Netanyahu, Uzi Landau et Natan Sharansky.
Parmi les précédents
destinataires de cette distinction se trouvent Elie Wiesel, Herman Wouk,
A.M Rosenthal, Sir Martin Gilbert, Cynthia Ozick,
le Dr Charles Krauthammer et le professeur Ruth Wisse.
Cohn, qui a réalisé des films dans le monde entier, est le seul
producteur ayant reçu 6 Oscars et pouvant se flatter d'avoir une étoile
portant son nom dans l' "Allée des célébrités" de
Hollywood, mais dans sa conférence qui portait le titre "Des Racines
et des Ailes", il a clairement déclaré que son cœur était à Jérusalem. " Nos
plus anciens souvenirs, en tant que Juifs, sont inséparables de Jérusalem" a-t-il
dit, "Lorsque nous nous marions, au moment où notre joie est la
plus intense, nous brisons un verre, car nous ne pouvons pas être totalement
heureux tant que le Temple n'est pas reconstruit…". Il ne fait pas
mystère de ses opinions politiques : "Jérusalem est mentionnée
667 fois dans la Bible et pas une seule fois dans le Coran. Lorsque le président égyptien
Sadate s'est rendu sur le Mont du Temple il s'est tourné vers La Mecque
pour prier, tournant ainsi le dos à Jérusalem."
Parmi les films les plus célèbres produits par Arthur Cohn se
trouve le légendaire "Jardin des Finzi-Contini", l'histoire
de deux familles juives italiennes qui ne peuvent échapper à leur
destin pendant la Shoa. En présentant Arthur Cohn, le professeur Joshua
Schwartz, directeur du Centre Rennert, a rappelé au public que "Le
jardin des Finzi-Contini" avait été refusé par 36
sociétés de production aux Etats-Unis et en Europe, et que c'est
finalement à Jérusalem qu' avait eu lieu la première,
avant que le film ne fasse une carrière internationale et ne recueille
des prix.
Chose peu fréquente, les compagnies Sony, Paramount, Buena Vista, Universal
et Miramax ont fait abstraction de la concurrence et de leurs divergences pour
mettre en commun les droits qu'ils avaient sur les différents films
d'Arthur Cohn qui se trouvent réunis dans un ensemble de 9 DVD .
Cohn a évoqué son enfance à Bâle, et son grand-père,
qui en était le grand rabbin, et qui, contrairement aux rabbins d'Allemagne
et d'Autriche encourageait la vision sioniste et facilita la tenue du premier
Congrès Sioniste dans cette ville. Le père de Cohn était
un spécialiste du droit juif qui était très proche du
Rav Abraham Issac Kook, le premier grand rabbin d'Israël, et sa mère était
une poétesse. Quant à sa femme, elle est née à Jérusalem
et est la fille de feu l'ancien ministre Moshe Haïm Shapira.
"Je n'ai jamais rien créé sur le plan professionnel qui
traite directement de Jérusalem" dit Cohn, "Mais néanmoins,
Jérusalem fait partie intégrante de toutes mes œuvres et
symbolise les trois éléments fondamentaux de notre conscience
collective : l'identification avec la tradition juive, l'aspiration vers la
terre d'Israël et et le désir d'une société juste
d'inspiration divine."
La conférence de Cohn, "Des racines et des Ailes" était
illustrée d'extraits de ses films "Le jardin des Finzi-Contini", "Les
enfants de la nuit" (qui se passe durant la Shoa) et "Une journée
en Septembre", centré sur le meurtre de 11 athlètes israéliens
pendant les Jeux Olympiques de Munich en 1972. Il semblerait que ce n'est qu'après
que le film a été réalisé que le gouvernement allemand
a versé des indemnités aux familles des victimes.
Dans ses films, notamment dans "Two Bits" avec Al Pacino, et "Central
Station", tourné au Brésil, Cohn met l'accent sur des problèmes
sociaux dont il s'efforce de trouver la solution.
"
Dans les deux films, les enfants ne sombrent pas dans le désespoir et
cherchent plutôt la manière de transcender leur situation en se
construisant une société basée sur l'amour fraternel" a
rappelé Cohn en citant le midrash qui parle des deux frères dont
l'amour réciproque servit à justifier le choix de l'emplacement
sur lequel le Temple serait ultérieurement construit. Il a également évoqué le "Tikoun
Olam" pour illustrter l'importance de créer une société juste.
Parlant de son film "Les enfants de la nuit", Cohn dit: "Ce
sont exactement les mêmes enfants qui se trouvent au centre de l'enseignement
historique juif de la nuit du Seder".
Arthur Cohn, comme il le
fait dans ses films, a glissé au cours de
sa conférence au Centre Rennert certaines constatations. "Contrairement à ce
qu'on entend souvent, le terrorisme n'a pas commencé après la
Guerre des Six Jours. L' OLP, qui s'est transformée en Autorité Palestinienne,
a été créée en 1964, alors qu'il n'y avait pas
encore de territoires prétendûment "occupés" à libérer".
Il a évoqué les difficultés qu'il a éprouvées
sur le plan émotionnel lorsqu'il a décidé d'interviewer
le seul terroriste survivant ayant participé à l'attentat de
Munich. "Je ne regrette pas notre action au cours des Jeux Olympiques" a
déclaré celui-ci à l'équipe de Cohn qui l'avait
localisé dans sa cachette en Afrique. " Nous avons réussi
brillamment à faire connaître à des millions de personnes
dans le monde les buts politiques des Palestiniens" a dit le terroriste. "La
terreur, qui meurtrit nos vies de toutes les manières possibles, a malheureusement
réussi à gagner la sympathie de l'opinion publique dans sa guerre
contre Israël" a poursuivi Cohn.
Il a déploré "l'erreur idéologique" dont Israël
est victime aujourd'hui et la "déligitimation de la présence
juive sur la terre d'Israël par l'utilisation de termes tels qu"occupation".
Des mythes et des calomnies que l'on croyait oubliés ressuscitent. Et
dans les manuels scolaires arabes, le terme d' "usurpation" s'applique
aussi bien à Naplouse qu'à Tel Aviv, à Jéricho
qu'à Haïfa."
Cohn a lancé un appel :"Il faut absolument que tous ceux qui sont
fidèles à Jérusalem se joignent à la lutte contre
la calomnie antisémite qui dénie au peuple juif tout droit sur
sa terre et sur son centre spirituel. Si Jérusalem ne nous appartient
pas, c'est tout notre rapport à cette terre qui est remis en question.
Chacun d'entre nous a besoin de racines et d'ailes. Seul celui qui est enraciné dans
la terre ferme de son passé peut donner vie de manière créative à ses
rêves personnels. De même, les nations ne peuvent s'élever
vers de nouveaux horizons que si elles sont établies sur de solides
fondations. Nous devons tous être des défenseurs de Jérusalem.
Nous sommes tous des Gardiens de Sion".