Une hilarité générale accompagnée de gloussements
sonores a dû saisir les innombrables Juifs qui étudient le Talmud
quand ils ont appris qu’un groupe d’Egyptiens expatriés
en Suisse se préparaient à engager une procédure judiciaire.
L’information est parvenue sous la forme d’une interview accordée
par le Dr. Nabil Hilmi, doyen de la Faculté de Droit de l’Université de
Al-Zaqaziz et publiée fin août dans un hebdomadaire égyptien,
Al-Ahram Al-Arabi.
Cette poursuite est engagée apparemment contre “ tous les Juifs
du monde “ afin de recouvrer les biens qu’ils auraient volés
quand ils ont quitté l’Egypte il y a environ 3300 ans.
En se fondant sur la Torah,
le Dr. Himli réclame, probablement au nom
de l’Egypte, la restitution des “bijoux en or, des ustensiles de
cuisine, des bibelots en argent, des vêtements, etc…”, sans
compter les intérêts accumulés, que les ancêtres
des Juifs d’aujourd’hui ont pris “au milieu de la nuit” - “un
vol qualifié des ressources et des trésors appartenant à un
pays d’accueil, ce qui est tout à fait typique de la morale et
du caractère juifs.”
Selon les calculs mathématiques du Dr. Hilmi, prenant pour hypothèse
un doublement annuel de valeur, les 300 tonnes d’or qu’il estime
avoir été emportés par les Juifs, représenteraient
actuellement 1.125 milliards de tonnes. Ceci n’inclut pas l’intérêt
qui, d’après lui et ce, sans la moindre explication, devrait être
calculé sur 5758 ans.
L’hilarité qui a accueilli cette information est due au fait
que leTalmud témoigne justement qu’une telle revendication avait été faite
il y a plus de 2000 ans devant une cour internationale, si l’on peut
dire, présidée par Alexandre le Grand en personne.
Le traité Sanhedrin (91a) rapporte le dialogue entre Geviha ben Pesisa,
représentant les Juifs, et les délégués égyptiens.
Voici un extrait:
“Sur quoi vous fondez-vous?
demanda Geviha aux Egyptiens.
“
Sur la Tora,” répondirent-ils
Je vais, moi aussi, m’appuyer sur la Tora qui indique que les Juifs ont travaillé 430 années en Egypte. Veuillez donc nous verser en dédommagement le salaire de 600.000 travailleurs durant cette période.
“
Très bien” rétorqua Geviha, “Je vais, moi aussi,
m’appuyer sur la Tora qui indique que les Juifs ont travaillé 430
années en Egypte. Veuillez donc nous verser en dédommagement
le salaire de 600.000 travailleurs durant cette période.”
Toujours selon le Talmud,
les Egyptiens demandèrent alors, à Alexandre
le Grand, trois jours pour préparer leur réponse. Cela leur fut
accordé mais, ne pouvant fournir de contre-argument, ils ne sont plus
représentés
On suppose que ce passage
du Talmud ainsi que, peut-être, le récit
de la Bible qui sert de référence à celui-ci, ne sont
pas très familiers au Dr. Hilmi.
Dr. Hilmi ne nous a pas
seulement procuré une bonne occasion de rire
mais, en nous renvoyant à la page 91a de Sanhedrin, il nous apporte
un grand réconfort et un immense espoir en cette période si pénible.
En effet, sur la même page figure un autre procès historique ancien
mais néanmoins aussi actuel que les manchettes des journaux.
Cette requête fut déposée par les “enfants d’Ismaël
et de Ketoura (la seconde femme d’Abraham, identifiée dans le
Midrach comme Agar)”. Comme chacun le sait, les Arabes prétendent
qu’Ismaël est leur ancêtre.
.Les plaignants déclaraient que Canaan, ou la Terre d’israël,
leur appartenait réellement puisque d’après la Tora, ils
descendent, tout comme Isaac, d’Abraham.
Une fois de plus, Geviha
leur demanda, au nom des Juifs, quelles étaient
leurs sources.
“La Tora” répondirent ils
“Si c’est ainsi,” répliqua t'il, “je vais aussi
me référer à la Tora dans laquelle est écrit: “Abraham
donna tout ce qu’il possédait à Isaac. Quant aux fils des
concubines qu’avaient eues Avraham, il leur fit [seulement] des présents.
Il les relégua loin d’Isaac, son fils, vers l’Orient.”
Il est intéressant de noter que le Talmud ne mentionne aucune réaction
des Ismaélites ou des Ketourites devant le tribunal d’Alexandre ni
même une demande d’un laps de temps pour formuler une réponse.
C’était comme si les plaignants refusaient tout simplement de
reconnaître que le cas présenté était indéfendable,
comme s’ils étaient tout à fait incapables d’admettre
l’idée que la Terre sainte dans son intégralité avait été,
de fait, léguée par Avraham à Isaac qui, à son
tour, l’avait transmise à Jacob et celui ci à ses enfants,
le peuple juif.
Néanmoins, selon la tradition religieuse juive, le monde entier, y
compris les descendants d’Ismaël, non seulement, reconnaîtront
un jour cette idée mais l’épouseront pleinement. Ce temps
n’est, cependant, pas encore arrivé et ce ne sont pas des opérations
militaires ou des entreprises politiques qui le feront venir mais plutôt
nos mérites en tant que peuple.
Pourtant ce jour viendra.
Le prophète Jérémie s’adresse
ainsi à Rachel, une des mère du peuple juif: “Que ta voix
cesse de gémir et tes yeux de pleurer car il y aura une compensation à tes
efforts, ils [tes fils] reviendront du pays de l’ennemi.” (31,16)
Traduction et adaptation de Claude Krasetzki