Tich‘a be-av,le jour de jeûne qui commémore la destruction des Temples de Jérusalem ainsi que d’autres tragédies survenues au cours de notre histoire, prendra cette année une intensité toute particulière. Car non seulement le Temple n’a pas été reconstruit et le Messie tarde à venir, mais les Juifs en terre d’Israël sont sous le feu d’ennemis fanatisés par la haine et apparemment insensibles à tout appel au respect de la vie humaine.
Bien plus, les attaques actuelles sont dirigées non seulement contre des Juifs et leur Etat, mais aussi contre leur histoire elle-même.
Retenons cette récente déclaration officielle du Ministère palestinien de l’information selon laquelle « il n’existe aucune preuve tangible de traces juives dans la vieille ville de Jérusalem et dans ses environs immédiats ».
Ou bien la déclaration du Mufti de l’Autorité palestinienne ‘Ikrima Sabri, dans une interview donnée au périodique allemand Die Welt, affirmant « qu’il n’existe pas la moindre présomption de l’existence dans le passé d’un temple juif sur [le mont du Temple] ». Et de continuer sur « l’habileté des Juifs à tromper le monde » et sur « les Juifs israéliens d’origine allemande qui devraient retourner en Allemagne », avec en plus ce ricanement en direction de son interviewer allemand : « Après tout, vous les aimez tellement, n’est-ce pas ? » [citation du Middle East Media Research Institute].
Et le monde n’est que trop heureux d’acquiescer à cette réécriture cynique de l’histoire. Que ce soit par lâcheté ou pour d’autres raisons inavouables, un certain nombre de journalistes ont choisi de donner au mont du Temple le nom que lui ont conféré les Musulmans, bien que là se soit dressé le Temple du roi Salomon plus de mille ans avant que les grands-parents du fondateur de l’islam aient esquissé leur premier sourire.
Sciemment ou non, cette mascarade inconsciente encourage les Arabes dans leur détermination à nier, comme dans le cas de l’Holocauste et d’autres réalités qui les gênent, tout lien antique et essentiel des Juifs avec leur terre. Mais leur démenti se pratique également sur le terrain. On indique en effet, de sources dignes de foi, que le Waqf, institution musulmane chargée des mosquées et qui opère librement sur le mont du Temple, fouille et détruit systématiquement les traces du deuxième Temple, dans un effort délibéré d’empêcher les archéologues de confirmer les faits historiques. Le Commissaire de Police de Jérusalem Niso Shaham a déclaré devant une commission de la Knesset (Ha’aretz, 17 juillet 2001) qu’une scie électrique de grande taille est utilisée chaque jour pour détruire des pierres du mont du Temple. Des photographies prises depuis un hélicoptère attestant de cette destruction, ainsi que de la présence d’un bulldozer sur le site en question, ont été également présentées à la commission.
Nos propres frères non plus ne sont pas tous immunisés contre la dépravation du révisionnisme. Il en est même certains, parmi les dirigeants juifs religieux, qui se sont tristement fait remarquer en rejetant l’historicité de l’Exode, de la révélation au Sinaï et de la conquête de la Terre d’Israël à l’époque de Josué.
Mais le judaïsme a toujours été une religion s’appuyant sur une tradition historique. Nous rappelons, nous autres Juifs, et même revivons chaque année à Pessa‘h notre naissance en tant que peuple, et nous pleurons les tragédies de notre passé chaque Tich‘a be-av, quand nos coutumes nous invitent à renoncer à toute nourriture, boisson et autres agréments de l’existence.
Cette année, Tich‘a be-av aura lieu le jeudi 7 août (le jeûne commençant la veille mercredi avant le coucher du soleil). Efforçons-nous, quels que soient notre niveau d’observance et nos opinions, de nous raccorder à cette triste célébration, et par son truchement les uns aux autres et à l’intégralité de notre histoire !
Retrouvons notre unité en communiant ensemble dans l’observance solennelle de ce deuil national juif vieux de milliers d’années !
Rejoignons ceux parmi nos frères qui passent la veille de Tich‘a be-av assis sur des chaises basses ou des tabourets de deuil, et qui pleurent, au rappel de nos tragédies, nos catastrophes nationales proches et lointaines !
Et consacrons tous cette journée à jeûner, à prier et à méditer sur notre douleur collective, en nous unissant les uns aux autres dans notre jeûne et dans nos prières, et aussi à nos frères juifs à travers les âges, ainsi qu’à ceux qui vivent aujourd’hui sur la terre d’Israël !
Traduction et Adaptation de Jacques KOHN