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Le 9 Av et les 3 semaines

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Les Rendez-vous de l'Année Juive / Le 9 Av et les 3 semaines back  Retour
La faute des explorateursLe 9 Av de la deuxième année de la sortie d'Egypte, les Explorateurs partis en reconnaissance pour visiter la terre de Canaan reviennent de leur mission. Leur attitude est à l'origine de la première catastrophe nationale liée à sa terre que le peuple juif subira.

La Torah (Nombres 13-14) relate le célèbre épisode des 12 explorateurs, un de chaque tribu, qui sont envoyés en Israël pour explorer la terre.

Leur mission parait plutôt anodine au premier abord : déterminer comment vaincre les Cananéens et installer trois millions d’hommes de femmes et d’enfants dans leur nouvelle patrie. Les explorateurs sont envoyés (en apparence) pour étudier les questions pratiques telles que la fortification des villes, la géographie du pays , les opportunités agricoles et commerciales, les meilleures routes d’accès…

En Israel, D.ieu leur montre des signes encourageants prouvant que la terre est riche et magnifique : ils trouvent une grappe de raisin si grosse que huit hommes sont nécessaires à son transport (Nombres13 :23). D.ieu s’assure également que les explorateurs rencontrent des cités cananéennes lourdement fortifiées ce qui est en fait une preuve de la faiblesse des Cananéens puisque celui qui est véritablement puissant n’a pas besoin de se retrancher derrière de puissants remparts (voir Rachi 13 :19).

D.ieu a aussi fait en sorte que la mort d’un noble du pays coïncide avec la visite des explorateurs et ce afin d’occuper les habitants du pays avec l’organisation de l’enterrement et du deuil ; ce qui détournera leur attention de la mission de reconnaissance ! Tout était parfaitement orchestré ; rien ne pouvait mal tourner.

Pourtant, les choses tournent mal. Au bout de quarante jours, les espions reviennent et déconseillent d’entrer en Canaan. Ils disent : « nous ne pouvons réussir parce que tout y est énorme » faisant référence aux fruits gigantesques. « Nous ne pouvons réussir car cette terre dévore ses habitants » référence à l’enterrement. « Nous ne pouvons réussir car ce pays est trop puissant » référence aux murailles fortifiées. (Voir Nombres13 :31-33)

Les Israélites acceptent ce compte rendu et renoncent à leur rêve d’entrer en Israël. La conséquence ? Si vous ne désirez pas entrer en Israël, leur dit D.ieu, vous n’y entrerez pas. Tous les Israélites mourront durant les quarante ans d’errance dans le désert ; seuls leurs enfants entreront dans le pays.
Les Nombres 14 :1 rapportent la réaction du peuple à ces nouvelles : « Le peuple pleura toute la nuit » Cette nuit était celle de Ticha Béav , le neuvième jour du mois d’Av . D.ieu déclara : « Ils pleurèrent sans raison, à l’avenir je leur donnerai une bonne raison de pleurer.»

Des centaines d’années plus tard, le Premier Temple devait être détruit le jour de Ticha Béav. Cinq cent ans plus tard, le Second Temple était aussi détruit le jour de Ticha Béav.

QU’EST CE QUI A MAL TOURNE ?

Les explorateurs ont perdu leurs repères. Ils étaient tellement préoccupés par la conquête du pays qu’ils ont sorti D.ieu hors de l’équation et ne L’y ont jamais remis !
La problématique de départ à laquelle ils étaient censés répondre « comment conquérir le pays » s’est soudainement transformée en « devons-nous ou pas conquérir cette terre. »

Qu’est ce qui a entraîné ce retournement de situation ?

La présence de D.ieu était palpable dans le désert. Un rocher les approvisionnait régulièrement en eau, les Anané Kavod (nuées) tenaient leurs ennemis en respect et un approvisionnement quotidien de manne tombait du ciel. Ces « miracles manifestes » devaient cesser avec l’entrée en Israël. Aussi, les explorateurs en ont déduit que D.ieu cesserait aussi de les guider et de les protéger

Dans cette perspective biaisée, tous les signes positifs que D.ieu leur a montrés, les fruits, les funérailles et les murailles, ont été pris de manière négative. D’un point de vue purement pragmatique, leur conclusion était sans surprise « Ce n’est pas possible »

Moïse, étant le grand chef que nous savons, savait que les explorateurs étaient susceptibles de se tromper. Aussi avant leur départ en mission, il change le nom de l’un d’eux de « hochéa » en « Yeochoua » (Josué). Le nom Yehochoua signifie « D.ieu sauvera). De plus, ses premières lettres sont celles du nom de D.ieu , Youd et Hé. C’était la tentative de Moïse afin que les explorateurs restent concentrés sur cette relation transcendante cruciale.
Dans une certaine mesure, Moïse a réussi puisque Josué fut un des deux explorateurs qui ont contesté le rapport négatif et en ont été récompensés par l’autorisation d’entrer en Israël.

UNE RELATION CRUCIALE

Cette dynamique peut aussi bien apparaître dans notre propre vie.
Chacun de nous a sa « vision de la vie ». La Tora nous enseigne que lorsque notre vision de la vie est conduite par une relation à D.ieu, alors notre capacité à réaliser transcende toutes les barrières. Puisque D.ieu peut tout faire, toute réussite dépend uniquement de son bon vouloir.

Sans ce rapport à D.ieu, notre capacité d’agir est définie par des limites mortelles. Il est donc logique d’admettre que certains buts sont impossibles à atteindre. D’où l’expression populaire : « je ne peux pas le faire, ce n’est pas possible. »

Vivre selon la volonté divine nous donne l’assurance de savoir que plus notre lien avec D.ieu est fort, plus notre degré de transcendance est élevé. Et alors, tout est possible.
Notre peuple a vu que D.ieu peut tout faire. Lorsque les forces armées israeliennes ont vaincu les armées arabes en six jours, nous savions clairement que nous avions dépassé nos limites humaines.

L’épisode des explorateurs s’est déroulé à Ticha Beav . Malheureusement, c’est un thème récurrent de l’Histoire Juive : nous perdons de vue notre relation avec D.ieu , notre point d’ancrage et tombons dans un processus d’accusations, arguments, excuses et en fin de compte de suicide national..

Le temps nous dira si nous trouvons notre point d’attache, avançons sur la bonne voie et réussissons à construire une conscience nationale juive capable de résister aux forces qui nous séduisent et nous éloignent de notre vision et de notre rêve.
Avec l’aide de D.ieu, nous réussirons.

Traduction et adaptation de Hanna Cohen



A PROPOS DE L'AUTEUR
le Rabbin Shraga SIMMONS
Le rabbin Shraga Simmons a passé son enfance à Buffalo (Etats-Unis). Il a travaillé dans le journalisme et les relations publiques, et il exerce maintenant les fonctions d'éditeur de Aish.com à Jérusalem.
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