Nombreux sont ceux qui
trouvent l’idée de sacrifices d’animaux,
païenne et primitive. Cela semble tellement loin de la religion chaleureuse
et spirituelle que nous avions imaginé nos ancêtres pratiquer.
La question se complique
quand on considère le soin et le souci que
le judaïsme accorde aux animaux. Ainsi, selon le Code de la Loi juive,
il est interdit de se mettre à table avant d’avoir nourri ses
animaux ! En plusieurs endroits, la loi juive autorise d’être laxiste,
si cela permet d’éviter qu’un animal souffre. Comment concilier
cela avec le concept de sacrifice ?
De nombreuses personnes
protestent en disant : « Comment peut-on tuer
un animal ? ».
Alors qu’en réalité, l’homme moderne le fait constamment
! Nous mangeons des steaks et portons des chaussures en cuir.
Si nous utilisons les produits dérivés des animaux pour satisfaire
nos besoins physiques, pourquoi ne pourrions-nous le faire pour nos besoins
spirituels ?
Le vrai problème est peut-être moins lié à l’acte
même de sacrifice qu’à la raison qui se cache derrière
lui. Nous pensons : « Quelle sorte de D.ieu est-ce donc, qui a besoin de sacrifices
? Est-ce qu'une simple offrande suffirait à l'apaiser ? »
En fait, les sacrifices
ne sont pas pour D.ieu, Il n’en a pas besoin.
Ils sont pour nous, et visent à nous apprendre à utiliser la
matière - le corps - pour l’élever vers D.ieu.
Chaque être humain est composé de deux éléments - le
corps et l’âme. Chacun d’eux désire être nourri
et sustenté, pourtant les moyens qu’ils utilisent pour y parvenir
sont totalement différents. Le corps recherche le confort et la satisfaction
immédiate : nourriture, sommeil, pouvoir, richesse. L’âme
recherche des plaisirs plus durables et éternels : du sens, de l’amour,
venir en aide aux autres, s’attacher à D.ieu.
Les mitsvot de la Torah
ont été conçues pour nous diriger
vers les « plaisirs de l’âme ». Toutefois, quand le
corps exerce sa domination, nous sommes amenés à transgresser
ces commandements.
Pour réparer ces erreurs, une personne qui a fauté doit apporter
une offrande. Elle s’avance et déclare : « J’ai fait
une erreur et je regrette la distance que celle-ci a introduite entre moi et
mon Créateur. Mon côté animal l’a emporté,
mais je vais essayer de ne pas répéter cette erreur. Je fais à présent
la promesse de contrôler la force animale qui est en moi. »
Pourquoi tout ce sang et ces entrailles ?
L’animal nous représente. En voyant l’animal
abattu sous nos yeux, nous pensons :
«
En fait c’est moi qui mérite cela, mais D.ieu est Clément
et Miséricordieux. »
C’est une expérience spirituelle très forte. La vue du
sang remue toujours quelqu’un. Et quand il s’agit de concrétiser
un engagement, les actions ont bien plus d’impact que les mots.
Nous ne faisons pas qu’abattre un animal, nous offrons ses membres sur
l’Autel de D.ieu. Il s’agit de la déclaration personnelle
de notre intention d’élever notre « moi » animal à un
niveau suprême - pour dompter cette énergie et la canaliser
au service de D.ieu. Ensuite, nous consommons la chair de l’animal ;
nous ingérons l’idée et l’intégrons en nous.
Nous comprenons maintenant
la signification du mot korban, « sacrifice » en
hébreu. Un korban n’est pas un sacrifice - dans le sens
où nous sacrifions, où nous abandonnons quelque chose, ni une
offrande - dans le sens où nous faisons un présent, où nous « soudoyons
les dieux ». C’est plutôt, comme l’indique le sens
littéral du mot korban, « se rapprocher », car c’est
ce que le juif accomplit lorsqu’il apporte un sacrifice au Temple.
Il existe une tradition
universelle de sacrifice. Adam l’a pratiquée,
Noé l’a pratiquée, ainsi qu’Abraham, Moïse et
le Roi David. Ce n’est que notre société contemporaine
qui a mis cette tradition de côté.
Aujourd’hui, avec le Temple en ruines, nous n’avons plus la possibilité d’apporter
un korban.
Que pouvons-nous faire à la place ? La prière est un moyen privilégié pour
se rapprocher de D.ieu et renforcer notre lien avec Lui.
Nous pouvons également prendre les devants pour éviter les erreurs
futures, en laissant notre âme nous guider et en nous consacrant à l’observance
des mitsvot.
Traduction et adaptation
de Tsiporah Trom