La signification du Temple.

Ce monde ressemble au globe oculaire de l’homme
Son blanc est l’océan qui entoure le monde entier
Son iris est le monde
Sa pupille est Jérusalem
L’image dans cette pupille est le Temple…

Talmud, Derekh Erets Zouta 9

Jérusalem est la capitale du peuple juif depuis 3.000 ans depuis le jour où le Roi David acheta un terrain qu’il désigna pour construire le Temple.

Qu’a donc cette ville de si spécial ? Pourquoi les juifs du monde entier proclament ils à la fin du Séder de Pessa’h et de l’office de Yom Kippour : « L’an prochain à Jérusalem ! » Pourquoi les synagogues du monde entier sont elles construites de telle sorte que l’on prie en lui faisant face ? Pourquoi prions nous trois fois par jour pour sa reconstruction ? Pourquoi à chaque mariage juif au summum de notre joie brisons nous un verre sous le dais nuptial en souvenir de sa destruction ? Pourquoi les juifs ne peuvent ils oublier Jérusalem ?

SOURCE DE SAINTETé

En fait, la sainteté de Jérusalem est bien antérieure à l’époque du Roi David. Selon la tradition juive, Jérusalem est le site de la « pierre fondamentale » avec laquelle D.ieu initia la création du monde (le site du Big Bang pour ainsi dire). C’est aussi le lieu où Adam fut créé, où Caïn et Abel érigèrent un autel pour D.ieu et où Abraham offrit Isaac en sacrifice.

Avec Jacob, Jérusalem a acquis une valeur permanente et durable.
Dans la Genèse (28 : 17), lors de son réveil après la vision de l’échelle, Jacob proclame :
« Ce n’est autre que la demeure de D.ieu, c’est la porte qui mène au Ciel. »
Grâce à la métaphore de l’échelle, Jacob a compris que plus nous déployons d’efforts pour grandir et nous élever, plus D.ieu descend s’établir parmi nous.

RéSIDENCE DE D.IEU

La Torah (Deutéronome 12 : 11) fait référence à Jérusalem comme étant « le lieu que l’Eternel votre D.ieu choisira pour faire résider Son nom ». L’intention de D.ieu, en créant le monde, était de créer des hommes qui construiraient pour Lui un lieu de résidence ici bas.
Le Ramban (Exode 25 : 1) explique que D.ieu désirait une résidence où la révélation du Mont Sinaï soit une expérience permanente et quotidienne.
Il choisit le Temple de Jérusalem.

Pour toute personne qui pénétrait dans le Temple, l’existence de D.ieu était manifeste, de même que le fait qu’Il pourvoit et gouverne toutes les créatures. A l’époque du Premier Temple, l’hérésie n’existait pas. D.ieu se manifestait en permanence et la réalité de Son existence n’était jamais remise en question.

Imaginez une situation où le peuple tout entier croit en D.ieu sans le moindre doute ! C’est bien la plus grande forme de plaisir qui puisse exister, comme l’écrit le Ram’hal dans Méssilat Yésharim (La voie des justes) :

« L’homme fut créé dans le seul but de se réjouir de D.ieu et de tirer plaisir de la splendeur de Sa présence ; car telle est la joie véritable et le plus grand plaisir que l’on puisse trouver. »

La particularité de Jérusalem réside dans le fait qu’elle est la demeure de D.ieu Sa maison. Là où Sa présence est la plus tangible. A Jérusalem, contacter D.ieu n’est qu’une communication locale.
 

PROXIMITé INTIME AVEC D.IEU

Le Temple est le lieu où tout juif, quelque soit sa situation, peut rencontrer D.ieu. D.ieu ne recherche pas l’éloignement, Il veut être proche de Son peuple et désire qu’ils profitent de Sa bonté. Cette idée est citée dans le Midrash (Tan’houma Terouma 8) :

Le prophète Malakhi (1 : 2) écrit : « ‘Je vous ai aimé’, dit le Seigneur. Voyez combien je vous aime ! La distance de la terre au ciel nécessite un voyage de 500 ans. De même du premier au second ciel, du second au troisième, du troisième au quatrième, du quatrième au cinquième, du cinquième au sixième et du sixième au septième. Et le Trône de Gloire est au dessus de tous. »
D.ieu dit : « Voyez combien je vous aime, je vous ai demandé de faire pour Moi des rideaux de poils de chèvre et Je viendrai résider parmi vous… » C’est pourquoi D.ieu dit à Moïse : « Faites Moi un sanctuaire pour que je réside avec Mes enfants. »

Rav Avigdor Miller explique que le Temple n’est pas simplement un lieu de prière et de service, mais véritablement le lieu de résidence de D.ieu : « C’est une manifestation étonnante du principe que les intérêts de D.ieu ne reposent pas sur de vastes étendues spatiales et des millions d’univers planétaires, mais sur l’homme seul. »

Le verset suivant y fait allusion:

« Qu’ils fassent pour Moi un sanctuaire et Je résiderai à l’intérieur d'eux. »
Exode 25 : 8

Les commentaires font remarquer que le verset ne dit pas : « Je résiderai dans (le Temple)», mais « Je résiderai à l’intérieur d’eux ». Quelle est la signification de cette phraséologie inhabituelle ?
Le Temple est une réalité tellement puissante qu’il permet à la Présence divine de résider à l’intérieur de chaque juif.
 

DES MIRACLES CONSTANTS

De toute évidence, la vie à proximité du Temple est faite de miracles constants. D’une certaine manière, les règles de la nature se trouvent même suspendues. A tel point que les miracles n’émerveillent même plus les gens, puisqu’à travers le Temple, ceux ci atteignent la réalisation que le Tout Puissant est tout à fait au dessus de la nature.

Le Talmud (Pirkei Avot 5 : 8) énumère 10 miracles qui étaient accomplis en permanence dans le Premier Temple :

1. Aucune femme ne faisait de fausse couche à cause de l’odeur de viande des sacrifices.
2. La viande des sacrifices ne pourrissait pas.
3. On ne trouvait pas de mouche dans l’abattoir du Temple.
4. Le Kohen Gadol n’était jamais impur à Yom Kippour.
5. La pluie n’éteignait pas le feu de l’autel.
6. Le vent ne déviait pas la colonne de fumée de l’autel.
7. On ne trouvait jamais d’imperfection dans l’offrande du Omer, dans celle des Deux pains, ni dans celle des Pains de proposition.
8. Bien qu’à l’intérieur du Temple les fidèles se tiennent serrés, quand il fallait se prosterner chacun avait suffisamment de place.
9. Aucun serpent, ni scorpion n’a jamais fait de mal à qui que ce soit à Jérusalem.
10. Personne ne disait à son prochain : Je n’ai pas d’endroit où loger cette nuit à Jérusalem.

D.ieu accomplissait ces miracles afin que le peuple juif puisse accomplir le service dans le Temple en toute aisance. Il s’assurait ainsi que rien au monde même la nature n’empêche Son peuple de L’atteindre.
 

UN LIEU DE TORAH ET D’INSPIRATION

Le Mont du Temple est également appelé le Mont Moriah. Les Sages expliquent que le nom « Moriah » est en fait un jeu de mot : « Moriah est l’endroit duquel jaillit l’enseignement (torah), duquel jaillit la crainte du Ciel (yirah), duquel jaillit la lumière (orah).

Jérusalem est la ville de l’étude et de la compréhension.
Le Midrash (Eikha Raba 1) dit : « Quelque soit l’endroit où un jérusalémite se rende en voyage, les habitants installaient un banc pour s’asseoir et écouter sa sagesse. »

C’est une mitsvah de la Torah (Exode 34 : 23) pour le peuple juif tout entier de venir en pèlerinage au Temple trois fois par an à Pessa’h, Shavou’ot et Soukkot. Car la seule vue du Temple et de sa sainteté, ainsi que de l’activité intense qui y règne, inspire le cœur d’un juif à la crainte du Ciel et à l’étude de la Torah. C’est pourquoi le verset dit (Isaïe 2 : 3) : « De Tsion (Jérusalem) jaillit la Torah ».
Quand quelqu’un se rend à Jérusalem, il la quitte (« jaillit ») en détenant la Torah.
 

UNE DEMEURE POUR TOUTES LES NATIONS

Durant la semaine de Soukkot, le service dans le Temple se compose de 70 offrandes de taureaux. Le Talmud explique que celles ci correspondent aux 70 nations du monde.

Contrairement à la croyance générale, le Temple n’est pas destiné seulement au peuple juif.
Quand le Roi Salomon bâtit le Temple, il demanda expressément à D.ieu d’accueillir la prière du non juif qui se rend au Temple (Rois I, 8 : 41-43).
Les non juifs aussi peuvent apporter des animaux en sacrifices au Temple.

Le Temple est un centre de spiritualité universel, un lieu où la conscience de D.ieu s’infiltre dans le monde. En fait, le Talmud nous raconte que si les romains (qui ont détruit le Temple) avait compris quel bienfait le Temple était pour eux, ils ne l’auraient jamais détruit !

Comme le dit le prophète Isaïe, le Temple est une « Demeure pour les nations ».

L’image dans la pupille le Temple est aussi une réflexion de nous même. Revenir à Jérusalem nous permet de confronter, honnêtement et simplement, notre propre essence. Quand nous nous tenons en ce lieu, toutes les choses qui nous sont chères refont surface en nous, sans que nous sachions comment. Des questions dont nous n’avions pas conscience, nous viennent soudainement aux lèvres. C’est le moment de laisser notre âme prendre son envol et de redevenir des enfants.

Nos remerciements au Rabbin Aryeh Leib Nivin.