Comment savons-nous que la Torah
orale n’a pas été altérée au cours de l’histoire ?
Si vous avez déjà examiné le Talmud (il en existe de très bonnes traductions), vous avez sûrement remarqué deux choses très significatives.
D’une part, que quelque soit la page que vous ouvrez, les Sages sont toujours en désaccord. Hillel dit ceci et Shammaï dit cela. Rabbi Méir dit ceci et Rabbi Yéhouda dit cela. Vous vous demandez probablement quelle est la raison de tout cela. Comment pouvons-nous prendre le Talmud au sérieux, si les rabbins eux-même ne parviennent pas à se mettre d’accord
?
D’autre part, les divergences du Talmud portent toujours sur des détails extrêmement subtils. Il s’agit pourtant des dirigeants de la génération, pourquoi perdent-ils leur temps en futilités
?
D’un côté, ils se disputent tout le temps, de l’autre, ils discutent de choses insignifiantes. N’est-ce pas déjà en
soi paradoxal ?
Une vieille femme rentre
chez elle
après un voyage en Israël. Sa famille l’attend à l’aéroport :
« Grand-mère, te voilà de retour ! Comment s’est passé ton
voyage ? »
« Oh, c’était merveilleux. J’ai vu Tante Sophie et Oncle Edouard… c’était
tout simplement maaaagnifique ! »
« Et comment était le vol, Grand-mère
? »
« Terrible ! Ces barquettes-repas ! C’est du vrai poison. Ah ! Et les portions sont si petites ! »
Vous entendez la contradiction ? Grand-mère dit que c’était du poison, mais elle se plaint que les portions étaient
trop petites ?!
C’est la même chose avec le Talmud. D’abord, ils se disputent tout le temps ! Pourquoi devrions-nous les écouter
? Et en plus, ils semblent toujours chicaner.
D’ici, vient la popularité de l’expression « chicaneries talmudiques ». (Aux accords de Camp David, les négociateurs égyptiens se sont plaints que Menahem Begin usait de « chicaneries talmudiques ».)
Le fait même que les rabbins discutent de choses sans importance, nous révèle quelque chose de fondamental : sur tous les points majeurs, ils sont tombés d’accord
!
Maïmonide nous dit (Mishné Torah,
Lois de Mamrim 1 : 3) :
En ce qui concerne
les lois traditionnelles,
il n’y a jamais eu de controverses. S’il y en eut, nous pouvons être sûr que la tradition ne remonte pas jusqu’à Moïse.
Quand aux lois déduites au moyen des principes herméneutiques, si elles ont reçu l’approbation de tous les membres du Sanhédrin, elles étaient irrévocables. S’il y avait une divergence d’opinion parmi eux, le Sanhédrin suivait l’avis de la majorité et tranchait la loi en accord avec cette opinion. Ce principe s’appliquait également aux décrets,
aux ordonnances et aux coutumes.
L’EXEMPLE DU MARIAGE
Dans
le Talmud (Traité de Kiddoushin), nous trouvons une discussion au sujet de la cérémonie du mariage. Le fiancé doit normalement offrir un don pécuniaire à la fiancée sous la ‘houpa
(dais nuptial).
Le Talmud dit que ce don doit avoir
pour valeur « la plus petite unité » - et un débat s’ensuit pour déterminer
la signification exacte de ce terme.
Si nous convertissons la somme
d’après le cours actuel, Shammaï dit que « la plus petite unité » serait l’équivalent d’un euro. Hillel dit qu’il doit s’agir d’un
centime.
Dans les pages suivantes du Talmud,
les Sages argumentent sans fin : c’est un euro, un centime, un euro, un centime. Ce débat
se poursuit toujours 2.000 ans plus tard !
Venons en au fait, c’est une discussion absolument théorique – parce que tout homme qui oserait offrir à sa fiancée
un centime ou un euro, serait en grand danger !
Shammaï autant qu’Hillel s’accordent pour dire qu’une cérémonie de mariage est nécessaire et qu’elle doit avoir lieu sous un dais nuptial, avec une ketouba et deux témoins, choisis selon certains critères. Mais le texte ne rapporte pas les 99% sur lesquels ils sont d’accord. La seule chose qu’il rapporte est le débat sur le montant que le fiancé est supposé donné à la fiancée. Les rabbins sont si attentifs et méticuleux que même lorsqu’ils en viennent au plus léger point de désaccord,
ils ne le laissent pas passer.
« Non ! Nous devons régler la question. Si nous avons une divergence, nous devons l’aplanir. »
Sur les grandes lignes, ils sont tous d’accord, ce n’est que sur les petits détails
que des divergences apparaissent.
LA CONVENTION RABBINIQUE
L’un des principes fondamentaux du judaïsme est que la Torah orale (le Talmud) a été transmise à Moïse au Mont Sinaï. Mais imaginons un instant que la Torah orale ne soit pas issue de Sinaï, et que quelque part, il y a quelques milliers d’années, un groupe de rabbins se soit rassemblé pour composer le Talmud et nous ait fait croire qu’il
soit venu de D.ieu.
Imaginez un instant : 50 rabbins sont assis dans une grande
salle. Le rabbin qui préside la réunion se lève et déclare :« Mes très chers amis, commençons par choisir les thèmes. De quoi va donc traiter
la Torah orale ? Que pensez-vous de la lecture hebdomadaire d’une portion
de la Torah ? Combien parmi vous approuverait un tel concept ?»
Chacun lève la main. (C’est la première fois dans l’histoire qu’un groupe de rabbins tombent d’accord sur quelque chose.) Une lecture hebdomadaire, tout le monde y consent.
« Que pensez-vous de récompenses et de châtiments ?»
Chacun accepte. Ils en viennent à présent à la question de la cérémonie matrimoniale. Ils déterminent les éléments de base – le dais nuptial, la ketouba, les témoins – tout le monde est d’accord.
« Maintenant, si le fiancé doit donner un cadeau à la fiancée. Quelle doit être sa valeur ? »
Hillel dit : « Je pense qu’elle doit être d’un centime, cela me semble juste. »
Shammaï dit : « Non, attendez un instant, je pense que ce devrait être un euro. »
Hillel dit : « Non, un penny. »
Shammaï dit : « Je vous demande pardon, mais je pense qu’elle doit être d’un euro. » « Un centime ! » « Un euro! » « Un centime! » « Un euro ! »
L’échange n’en finit plus et un débat intense empli la salle.
Que se passe-t-il donc ici ? La
lecture hebdomadaire de la Torah, pas de
problème. La récompense et le châtiment, pas de problème. Mais quand il s’agit d’un centime et d’un euro : « Hé, vous allez trop loin. J’ai encaissé tout le reste, mais il n’est pas question que je cède
sur ce point ! »
« Les rabbins sont tombés d’accord sur toutes les questions d’importance. Ne pourriez-vous pas faire moitié moitié et vous en tenir à 50 cents ?! »
Non, ils ne peuvent pas. Le judaïsme ne fait pas de compromis quand il est question de vérité. Nous ne gobons même pas les plus petits détails – encore moins une religion entière.
PENSEE JUIVE
Un esprit critique et indépendant, ainsi que la recherche de la vérité sont
dans la nature de chaque juif.
Combien de partis politiques majeurs
existe-t-il aux Etats-Unis ? Au fond, deux. Combien au Canada ? Quatre.
En Grande-Bretagne ? Cinq. En Italie ? Neuf,
c’est plus fractionné. Puis, nous en venons à Israël et nous trouvons 17
partis politiques, parmi lesquels quatre partis communistes ! Que se passe-t-il
ici ?
Les Etats-Unis ont une population
de 250 millions de personnes et n’ont besoin que de deux partis. Israël, un pays de la taille d’un mouchoir de poche, ayant une population de 6 millions, en a 17.
Ce n’est pas un hasard. Le peuple juif est comme ça. Les juifs sont profondément engagés dans leurs croyances, ils n’en démordent pas. En fait, dans la Torah, D.ieu Lui-même qualifie les juifs de « peuple à la nuque roide ».
Il est ridicule de dire que les
rabbins se soient réunis et aient tout concocté, tombant d’accord sur tout, en dehors des plus infimes détails. Et il est encore plus tiré par les cheveux de croire que les rabbins aient pu se réunir
et imposer une pseudo Torah orale au peuple juif tout entier !
En ce qui concerne les divergences
de la Torah orale, les rabbins n’étaient en désaccord que sur les détails
les plus infimes, ce qui nous montre :
l’ampleur des points
de concordance
la méticulosité et l’attention que les rabbins ont déployées pour que tout
soit parfait jusque dans les moindres détails.
Tout ceci encourage fortement
le peuple juif à observer les paroles de la Torah
orale, puisqu’elles ont été transmises fidèlement de génération en génération.
Traduction et adaptation:
Tsiporah Trom