Un communiqué avisait toute la population que le Grand-Prëtre se préparait à rejoindre ses appartements au Temple
Sept jours avant Yom Kippour on préparait,
au domicile du Grand-Prêtre, la salle de séance où allait
siéger le roi, le Grand-Prêtre, son remplaçant éventuel
et les 70 membres du Sénat.
Pendant la séance, le doyen
des prêtres, s'adressant au Grand-Prêtre, lui expliquait la grandeur
de sa mission, lui faisait comprendre que toute la nation avait en ce jour les
yeux fixés sur lui et attendait qu'il obtienne pour elle le pardon du
Seigneur. Il l'exhortait ensuite à faire son propre examen de conscience,
à se repentir avant de se présenter devant l'Éternel.
Le Grand-prêtre, répondant
à cette exhortation, faisait connaître à son doyen qu'il
avait procédé à un repentir sincère et qu'il avait
conjuré les prêtres qui allaient officier en ce saint jour, à
ses cotés de faire pénitence également.
Le roi à son tour, prenait la parole pour assurer le Grand-Prêtre
de toute sa gratitude et de toute sa vénération, au cas où
toute la cérémonie de Yom Kippour se passerait sans incident.
Et, à la fin de cette séance, un communiqué avisait toute
la population que le Grand-Prêtre se préparait à rejoindre
ses appartements au Temple.
Alors, de tous côtés,
la foule accourait et une longue procession se déroulait dans l'ordre
suivant :
En tête venaient les membres
de la famille royale suivis des descendants de la maison de David. Un héraut
les précédait et exhortait la foule à acclamer le roi.
36.000 lévites suivaient,
précédés également d'un héraut qui clamait
: " Respect et vénération à la tribu de Lévi!
". Les chefs des lévites étaient habillés de vêtements
de soie bleue et les prêtres d'habits de soie blanche.
Puis venaient les chanteurs, les
joueurs de harpes, de trompettes, tous les artisans et artistes employés
aux travaux du Temple, suivis des 70 membres composant le Sénat, et
de 100 huissiers..
Ensuite seulement défilait
le Grand prêtre qu'accompagnaient deux par deux les plus anciens parmi
les prêtres, tandis que les chefs d'école formaient la haie aux
différents carrefours et l'accueillaient par des vivats et des souhaits.
Quand le cortège arrivait
à l'entrée du Temple, on adressait à l'Éternel une
prière pour la prospérité de la maison de David, des prêtres
et du Temple. La foule répondait par un "Amen" retentissant,
avant de se retirer émue pendant que le Grand-Prêtre, accompagné
du doyen, rejoignait ses appartements où il restait isolé de tous
ses collègues.
Les fidèles ne voulaient rentrer chez eux avant d'avoir baisé la main du prélat qui avait obtenu l'absolution.
Et le jour de Kippour, après
une longue et minutieuse retraite et une intense préparation morale du
Grand-Prêtre, se déroulait tout le cérémonial décrit
avec force détails dans l'office de Moussaf de Yom Kippour et qui comprenait
les sacrifices d'expiation, les aspersions et surtout l'entrée du Grand-Prêtre
dans le Saint des Saints qui lui était accessible en ce jour de l'année
seulement, et enfin les confessions pendant lesquelles le Grand-Prêtre
prononçait une seule fois par an le Nom vénéré et
redoutable du Seigneur, le " chem hameforach ", pendant que
tout Israël à genoux, se recueillait et sollicitait le pardon de
D.ieu.
Lorsque tout ce cérémonial
s'était déroulé sans accroc et sans incident, le peuple,
pour honorer son fidèle représentant le reconduisait chez lui
dans un cortège plus pompeux encore que le précédent.
La population entière de Jérusalem,
toute de blanc habillée, des cierges allumés à la main,
défilait devant le Grand-Prêtre sous les fenêtres de la ville
décorées de tapisseries et illuminées. Souvent le Grand-Prêtre
ne pouvait parvenir à son domicile avant minuit car, malgré le
jeûne de toute la journée, les fidèles ne voulaient rentrer
chez eux avant d'avoir baisé la main du prélat qui avait obtenu
l'absolution.
Le lendemain de Kippour le Grand-Prêtre
organisait un banquet pour ses parents et amis, au cours duquel il exprimait
sa reconnaissance à l'Éternel qui avait permis que son entrée
et sa sortie du Saint des Saints se fussent accomplies sans accident fâcheux.
Il faisait en outre graver une plaque en or sur laquelle il signalait à
la postérité que l'Éternel lui avait accordé la
grâce d'officier en son honneur le jour de Kippour de cette année
et demandait à D.ieu de faire bénéficier ses descendants
de ses faveurs.