L'homme est conçu contre
son gré, il naît contre son gré, Il vit contre son gré,
il meurt contre son gré et c'est contre son gré, enfin qu'il est
obligé de rendre compte de ses actions au roi de tous les rois, le Saint
béni - soit ? il.
(Maxime des Pères 4, 22)
Cette maxime semble difficile à première vue: comment l'homme
peut-il être tenu responsable vis-à-vis de D.ieu s'il n'a pas demandé
à naître ni à vivre ?
Voyez ce patron qui cherche un expert
comptable. II prend un de ses manuvres, le force à occuper cet
emploi pour lequel il n'a aucune capacité. Il l'oblige, malgré
ses protestations répétées, à faire des comptes
très compliqués auquel celui-ci n'entend rien.
Et voilà qu'à la fin de l'année, au moment de faire son
bilan il s'aperçoit que tous les comptes sont faux, que l'entreprise
est en faillite, bref que son employé n'a pas fait le travail qu'il exigeait
de lui. Peut-il raisonnablement en vouloir à ce manuvre qui à
été forcé d'occuper un poste pour lequel il n'avait pas
postulé, de ne pas avoir été à la hauteur d'une
tâche qui n'était pas la sienne ?
Il en de même de nous tous:
D.ieu peut-il nous en vouloir de ce que nous n'avons pas fait notre devoir sur
cette terre? Nous n'avons pas demandé d'y venir !
D.ieu l'entoure, sans lui demander son avis, de trois haies: il est conçu, il naît et il vit contre son gré.
Le texte juridique suivant extrait
du Talmud (Baba Batra 4) nous fournira la réponse à cette question:
" Celui qui élève une clôture autour de trois côtés
du champ de son voisin ne peut exiger de celui-ci une participation aux frais
de cette clôture. "
Celui-ci peut arguer en effet, qu'il
ne tire aucun profit de cette clôture étant donné que le
quatrième côté de son champ est resté ouvert et que
par ailleurs il n'a pas demandé qu'on lui fasse son travail.
Mais au cas où le propriétaire
de ces champs fermerait le quatrième coté de son terrain et montrerait
ainsi qu'il lui est agréable et utile que les trois côtés
de son champ aient été clôturés, on l'oblige à
payer jusqu'à la moitié du prix de la clôture élevée
par son voisin autour de ces trois cotés.
L'homme est prêt à offrir tout ce qu'il possède pour qu'on lui rende la santé et lui permette de rester en vie.
Il en est de même de la venue
de l'homme sur ce monde. D.ieu l'entoure, sans lui demander son avis, de trois
haies: il est conçu, il naît et il vit contre son gré.
Selon le texte précité,
D.ieu ne peut jusque là rien exiger de l'homme qui ne lui avait rien
demandé. Mais il arrive que l'homme tombe malade, sente la mort s'approcher.
A ce moment il fait appel aux médecins,
offre tout ce qu'il possède pour qu'on lui rende la santé et lui
permette de rester en vie. Il manifeste donc ouvertement tout l'agrément
qu'il a d'avoir été conçu, d'être né et de
vivre.
Il ressemble au propriétaire
du champ qui élève la clôture sur le quatrième coté
de son champ et profite ainsi du travail qui a été fait contre
son gré. Nous avons vu que dans ce cas on pouvait exiger de lui le paiement
de ce travail.
Et voilà donc comment nous
pouvons comprendre la maxime que nous expliquons:
L'homme est conçu contre son gré, il naît contre son gré
et vit contre son gré. Voudrait-t-il objecter qu'il n'a pas demandé
ces faveurs qui ne lui sont d'aucun agrément? On peut lui répondre
que c'est inexact: c'est contre son gré que l'homme meurt car il fait
tout pour prolonger sa vie.
Ainsi donc c'est avec raison que
l'Eternel, le Saint Béni-soit-il peut demander à l'homme de rendre
compte de sa vie terrestre.