Le chabbath est certainement un des principes
les plus fondamentaux de la Torah, au point que les Sages considèrent que le
profaner publiquement correspondrait à renier le judaïsme tout entier.
Les lignes qui suivent constituent le résumé d’un cours
et fournissent des points de repère pour l’étude du chabbath ; elles
ne pourront en aucun cas être considérées comme un exposé exhaustif.
SOURCES
BIBLIQUES ET SENS DU CHABBATH
Il s’agit d’un précepte souvent répété.
Nous citerons les références suivantes :
Genèse chap. 2, vers. 1 à 3 : récit de
la création ; le repos, la sainteté et la bénédiction y sont mentionnés
comme essences mêmes du jour.
Exode chap. 20, vers. 8 à 11 : le quatrième
commandement des Tables de la Loi. Un repos total y est ordonné en relation
avec la délivrance de l’esclavage d’Egypte.
Deutéronome chap. 5, vers. 12
à 15 : exposé des secondes Tables de la Loi. Le repos chabbathique y est
ordonné en relation avec la délivrance de l’esclavage d’Egypte.
Exode chap. 31, vers. 12 à 17 : Le chabbath
y est mentionné comme symbole de la relation entre l’Eternel et le peuple juif.
Il est, du reste, cité dans le contexte de la construction du tabernacle et
cela, expliquent les Sages, pour que même les travaux du sanctuaire cessent
le chabbath.
Si l’Eternel s’est exprimé en créant pendant six jours, cela constitue un schéma pour tout homme qui veut intérioriser le sens de la création
Que
signifie que D.ieu se repose ? En aucun cas cela n’a comme but de nous
faire imaginer dans l’absolu des attitudes divines. Tout ce que fait le Créateur
est à mettre en rapport avec la création. L’imiter, c’est vivre en harmonie
avec le plan de l’univers. Si l’Eternel s’est exprimé en créant pendant six
jours, cela constitue un schéma pour tout homme qui veut intérioriser le sens
de la création.
Menou’ha (repos), explique Rachi (Genèse), est la création
du septième jour. Cela a donc un sens éminemment positif, et n’est pas un simple
arrêt du travail.
Vayinafach est une autre expression de repos (nèfech :
âme). Etant un rapport indispensable avec le monde, l’action peut aussi constituer
une barrière entre l’homme et la vie. Le chabbath vient rétablir les
relations du nèfech avec le monde.
PAIX,
SAINTETE ET REPOS
Tichboth (Exode chap. 23, vers. 12) :
Na’hmanide (Lévitique chap. 12, vers. 2) explique que par ce terme,
il est entendu que l’homme en fasse un jour de paix et de sainteté ; il
lui est laissé le soin d’en trouver l’expression adéquate.
Les Sages ont fixé plusieurs règles en se fondant sur
les versets 13-14 du chapitre 58 d’Isaïe. On devrait consacrer un exposé spécial
à ce précepte.
Chamor ne peut pas rester une pure restriction mais doit tout entier être le support d’une vision divine du monde.
Zakhor (se souvenir) chamor (s’abstenir) : le
premier terme est employé dans les premières Tables de la Loi, et l’autre dans
les deuxièmes. Nos Sages enseignent que dans la révélation prophétique des Dix
Commandements, les deux termes furent dits et entendus simultanément, l’un complétant
l’autre.
Le premier évoque une conscience positive, le second
appelle à s’abstenir d’agir. Le chiffre deux revient pour cette raison
dans plusieurs actes liés au chabbath : deux bougies, deux
pains...
Plus précisément, zakhor est mis en pratique
dans le fait de nommer tous les jours de la semaine par rapport au chabbath,
et de réciter le qidouch (Na’hmanide, Exode chap. 20, vers. 8).
Chamor est donc le terme qui sous-entend notre devoir de nous
abstenir de certaines choses pour mettre en relief la valeur du chabbath.
Que les deux termes aient été dits en même temps indique que l’un ne va pas
sans l’autre : pas de prise de conscience si l’homme se laisse aller à
sa routine journalière. En revanche, chamor ne peut pas rester une pure
restriction mais doit tout entier être le support d’une vision divine du monde.
C’est ainsi que devront être intériorisés les différents préceptes très précis
et techniques.
La domination de l’homme sur le monde s’opère par le travail, et par ce même biais, il devient le prisonnier des habitudes, de la matière, des idéologies ambiantes.
Ce qui nous conduit à dire quelques mots sur le concept
suivant : les melakhoth, à savoir les trente-neuf types de travaux
défendus le chabbath.
Les melakhoth : le terme melakha
est plus proche du mot “œuvre” que du mot “travail”. Il ne se définit ni par
la difficulté de sa réalisation, ni par la fatigue qu’il engendre, mais par
sa créativité.
La Torah précise que c’est une mitsva de travailler
pour l’édification du Tabernacle et que les travaux mêmes intervenant dans sa
construction sont interdits le chabbath : de là l’origine des “trente-neuf
travaux”.
Pourquoi les énoncer de cette manière ?
Toute la créativité de l’homme devait être consacrée
à l’édification du Temple. La valeur de celui-ci ne consistait pas uniquement
dans son existence matérielle, mais dans le fait qu’il était le produit du déploiement de la dextérité et de l’activité humaines.
Mais la sainteté ne peut résider en Israël que si, d’une
part, l’homme exprime son énergie et son imagination dans l’action et que, de
l’autre, il sait s’arrêter pour prendre du recul.
La domination de l’homme sur le monde s’opère par le
travail, et par ce même biais, il devient le prisonnier des habitudes, de la
matière, des idéologies ambiantes. En refusant volontairement de se donner (un jour par
semaine) à ces différentes activités, il retrouve sa liberté, il parvient à
se rattacher au sens de toutes choses : à D.ieu.
D.ieu s’est exprimé dans le monde par le flux de travail-arrêt,
l’homme doit en faire autant.