Logo Lamed.frhttp://www.aish.comAccueil Lamed.fr
...
.

Judaïsme

.
...
...
.

Soutenez-nous

.
...
Judaïsme / Concepts back  Retour
L'art du HidourDans la pratique des commandements, il existe une notion qui vient comme se greffer sur eux : la dimension du hidour. De quoi s’agit-il ?
Le hidour est d’une certaine façon un embellissement de la mitzva (commandement). Cet embellissement ne consiste pas en un ajout. La mitzva quantitativement et structurellement se doit de rester telle qu’elle est. Ajouter tout comme soustraire est interdit.

« Lo tossifou/ lo tigréou » (ne pas ajouter, ne pas diminuer) sont les bornes quantitatives posées une fois pour toutes par la Torah sur la pratique et la réalisation des mitzvoth. Nous ne saurions par exemple résider dans une Soucah un jour de plus, par rapport aux exigences de la Torah, car ce jour de plus serait un jour de trop. Nous ne pouvons pas non plus mettre des franges (tsitsit) sur des vêtements qui n’auraient que trois coins du fait que la Torah ne l’exige que pour ceux qui en ont quatre. Et ainsi de suite.

Le hidour, l’embellissement et l’élévation de la mitzva vers un niveau supérieur ne consiste pas en un plus en terme de quantité, mais revient à faire toujours mieux. Il s’agit d’un certain point de vue de dégager de la mitzva sa beauté intrinsèque. Cet embellissement peut être atteint selon deux grandes modalités.

ESTHETISER LA PRATIQUE

Une modalité concrète qui vise à rendre la mitzva belle, à l’esthétiser. Mais cette esthétisation ne s’élabore pas par rapport à des canons de beautés reconnus, mais relativement aux exigences de la mitzva et à nous-même.

Chercher à obtenir la plus belle flamme possible des bougies de ‘hanouka en utilisant l’huile la plus pure et en les disposant de la meilleure façon possible ; chercher le plus bel étrog (cédrat) pour rendre la mitzva du loulav encore plus belle, c’est établir un rapport personnel, relativement subjectif entre l’idée de beauté et la réalisation de la mitzva.

La beauté n’intervient pas ici dans le souci de représenter ou d’extérioriser l’objet. Elle est rapport individuel à la chose, à l’objet de la mitzva. Ce rapport n’est pas anecdotique, une sorte de vernis superficiel dont on envelopperait la mitzva. Il exprime un certain type de rapport à la mitzva, notre façon de la voir et de la concevoir. En ce sens, nos mitzvoth nous ressemblent, elles contiennent quelque chose de nous qui transparaît dans leur aspect esthétique.

Mais la beauté que nous faisons émaner d’elles n’a rien à voir avec la beauté artistique, dans le sens où elle sert concrètement à quelque chose. L’objet d’art dans son essence n’est pas conçu pour servir. Il peut avec le temps devenir utile, il n’a pas été pensé pour être fonctionnel. Certes, aujourd’hui le terme d’ « Art » s’applique à tout et n’importe quoi : une voiture, le geste d’un joueur de football, une affiche publicitaire. Dans l’objet de la mitzva, le hidour agit sur sa fonctionnalité même. Du reste, cet objet ne vaut et ne possède sa beauté que parce qu’il peut servir à la mitzva, il lui donne une dimension différente, plus élevée.

Les objets rituels que l’on trouve dans les musées d’art juif ne sont pas des objets d’art, dès lors qu’ils peuvent servir à accomplir des mitzvoth.

De ce point de vue les objets rituels que l’on trouve dans les musées d’art juif ne sont pas des objets d’art, dès lors qu’ils peuvent servir à accomplir des mitzvoth. Sortis de leur cage de verre où ils sont les représentants du passé, ils pourraient immédiatement servir à pratiquer ici, aujourd’hui, maintenant.

Ces objets sont des objets éternellement présents qui n’ont pour histoire véritable et aboutissement que l’utilité que j’en fais au présent.


INTENSIFIER L’ACTE

L’autre dimension du hidour, c’est une certaine qualité intérieure dont nous investissons la mitzva. Un supplément de conscience, de ferveur, de joie qui l’embellit, lui confère une épaisseur et une intensité. Ce hidour est possible en intégrant dans la mitzva une dimension éthique ou de don de soi pour D.ieu. La beauté se fait ici beauté intérieure, beauté du regard et de l’attention portée à autrui et à la volonté de D.ieu.

Le hidour de la tsedaka : donner sans savoir à qui l’on donne sans que celui qui reçoit ne sache qui lui a donné. Le donneur n’a nul orgueil. Le receveur n’éprouve aucune honte et ne se sent pas redevable.

Le hidour n’implique aucune représentation, aucune démonstration, mais un resserrement, une densification du rapport à la mitzva.

Sans doute ce hidour ne donne-t-il la possibilité d’exprimer quelque chose, mais cette expression n’est pas de l’ordre de l’épanchement, ou de la pulsion, elle s’intègre dans le cadre de la mitzva à laquelle je ne peux rien soustraire ou ajouter.

La mitzva et son exigence de hidour, nous pousse en vérité à découvrir en nous une esthétique de l’intériorité, à faire attention à ce qu’il y a de beau en nous et que peut-être nous ignorons.



A PROPOS DE L'AUTEUR
le rabbin Elie EBIDIA
Elie EBIDIA est titulaire d'un CAPES de Lettres et d'un Doctorat en Cinématographie. Il enseigne la Philosophie dans les lycées et au Séminaire Rabbinique de France et donne de nombreuses conférences sur la Pensée Juive. Il est l'auteur, aux Editions Tashma, d'un suspense talmudique, "Mission secrète au Palais des Ombres".
  Liens vers les articles du même auteur (23 articles)


Emettre un commentaire
 Nom
 Prénom
 Email *
 Masquer mon email ?
Oui  Non
 Sujet
 Description (700 caractères max) *
 * Champs obligatoires
...
.

Outils

MODIFIER LA TAILLE DU TEXTE
.
...
...
.

Et aussi...

.
...