Scandant nos prières
trois fois par jour, l'espoir de revenir à Jérusalem est un élément
clé de l'existence de chaque juif. Pendant presque deux millénaires,
et ce à chaque fête de pèlerinage, les juifs de diaspora
ont prié pour que la pluie et la rosée arrosent cette terre où
ruissellent le lait et le miel.
Expression d'une foi sans
pareille pour un peuple vivant à l'extérieur de cette terre et
aspirant de toutes ses forces à y revenir. La fin de l'Exil arrivant,
le peuple juif commence à se retrouver sur sa terre voyant à travers
cela comme un "sourire" de D.ieu.
LES DANGERS DE L'HABITUDE
Lorsque les Prêtres rentraient dans le Temple par une porte, ils sortaient par une autre porte afin de ne pas s'habituer à leurs allées et venues dans le Temple.
Après les miracles
de la Guerre des Six Jours où "un grand nombre est livré
aux mains d'un petit nombre", nous pouvons à nouveau venir prier
devant ce mur où comme nous le disent nos Maîtres, la Présence
Divine est toujours présente.
Le tourisme aidant, Israël
devient une destination de plus en plus banale, un lieu où l'on va en
vacances, en faisant un petit détour par Jérusalem et le Kotel.
Rappelons nous de ce Midrash rapporté par Rachi au sujet de Jacob lorsqu'il
se rappelle qu'il ne s'est pas arrêté pour prier sur le lieu où
ont prié ses ancêtres, et qu'il décide alors de rebrousser
chemin. Conscience de la valeur et de l'importance d'un lieu qui sera considéré
dans l'histoire comme le plus saint pour le peuple d'Israël.
Alors que dire à
nos enfants, que leur transmettre de ce rêve à portée de
leurs mains, de ce qui est presque devenu un lieu touristique ?
Le Talmud nous apprend que
lorsque les Prêtres rentraient dans le Temple par une porte, ils sortaient
par une autre porte afin de ne pas s'habituer à leurs allées et
venues dans le Temple. Rav H'ayim Chmoulevitch, fait remarquer que la force
de l'habitude est un élément destructeur car il annihile la sensibilité
de l'individu à ce qui forme son quotidien, lui faisant perdre par-là
même l'impact que celui ci peut avoir sur lui. C'est exactement là
que va résider le défi de l'enseignement de la valeur et de la
place du temple et de Jérusalem dans notre vie.
Nous retrouvons parfaitement
cette idée dans le fait qu'il y avait comme le dit le texte des Pirké
Avoth dix miracles quotidiens au Temple, ce qui n'empêchait pas le peuple
juif de fauter. Cela doit donc nous faire réfléchir sur la manière
dont nous allons transmettre à nos enfants la valeur et l'importance
des lieux saints.
QUELS POINTS FAUDRAIT-IL
METTRE EN AVANT?
Apprendre à voir en Jérusalem le lieu dans lequel le peuple juif exprime son identité et sa raison d'être.
Peut être tout d'abord
l'histoire de ses habitants ; en effet le Talmud nous rapporte un certain nombre
d'histoires concernant les habitants de Jérusalem, mettant en valeur
l'intelligence et la sagacité des habitants de Jérusalem.
Ces histoires se retrouvent
aussi bien dans le Talmud que dans de nombreux textes nous relatant la vie de
la Cité et ce tout au long des siècles.
Jérusalem est une ville où chaque pierre a une histoire, chaque
lieu respire un parfum d'éternité.
Plusieurs sujets différents
pourront être le support de l'enseignement de Jérusalem. Tout d'abord
les trois fêtes de pèlerinage où le peuple se retrouvait
pour servir D.ieu au Temple. La
Michnah nous relate les Bikourims (l'offrande des prémices), comment
le peuple de Jérusalem accueillait tous ces juifs arrivant de tous les
coins du pays, les rues remplies de monde, la joie et l'allégresse y
régnant.
Et puis comment passer sous
silence les différents sièges de la ville et la résistance
héroïque de ce peuple qui s'accroche à chaque pierre défendant
jusqu'au bout le Temple? Hanoukah,
le miracle de la fiole, de ces lumières de la Menorah, qui brûlent
pendant 8 jours incarnant la pérennité de la dimension spirituelle
du peuple juif.
Apprendre à voir
en Jérusalem le lieu dans lequel le peuple juif exprime son identité
et sa raison d'être, à savoir la Torah et le service divin. Et
lorsque malheureusement celui ci n'est plus à la hauteur, Jérusalem
vidée de l'essence de sa substance perd sa raison d'être et alors
c'est le Galouth - l'exil et le 'Horban - la destruction.
Et toujours cette présence
dans nos joies, ce verre que l'on brise sous la 'Houpa (le dais nuptial),
cette joie incomplète parce que Jérusalem n'est pas totalement
reconstruite.
La valeur du message que
nous voulons faire passer à propos d'une chose est fonction du ressenti
et de l'importance qu'elle a à nos yeux.
ENSEIGNER
JERUSALEM
Le Mur Occidental n'est pas un lieu de rencontres mais un lieu de prières.
Ce serait peut-être
en premier se reposer la question de la centralité qu'elle occupe à
nos yeux, à nous qui voulons l'enseigner.
Dans de superbes poèmes
nos Sages au long des âges l'ont chantée, l'ont languie aspirant
de toutes leurs forces à la revoir et à pouvoir y vivre à
nouveau.
On rapporte à ce
propos que Rabbi Isaac de Berditchev déchira l'invitation au mariage
de son fils en s'écriant "Berditchev, pourquoi Berditchev? Il faut
écrire le mariage aura lieu à telle date à Jérusalem
sauf si le Messie n'est pas encore arrivé ; dans lequel cas la cérémonie
sera célébrée à Berditchev".
Peut-être qu'il faudrait
se rappeler certains des textes qui ont été écrits à
son propos :
"Qui n'a pas vu Jérusalem
dans sa splendeur ne sait pas ce qu'est une belle ville" (Souccah
51).
"D.ieu a examiné
routes les villes et il n'a pas trouvé de lieu pour faire construire
le Temple si ce n'est Jérusalem" (Vayikra Raba 13).
"10 mesures d'agrément
ont été distribuées au monde : 9 pour Jérusalem,
1 pour le restant du monde - 10 mesures de souffrance aussi : neuf pour Jérusalem,
une pour le reste du monde. - Dix mesures d'héroïsme : neuf pour
Jérusalem, une pour le reste du monde. - Dix mesures de sagesse : neuf
pour Jérusalem, une pour le reste du mondé" (Avott de
Rabbi Nathan 48).
Et puis comment ne pas parler
du Mur Occidental et de la prophétie écrite à son sujet
: "Le voici qui se tient derrière notre mur". A ce sujet le
Midrach Raba dans le Cantique des Cantiques nous dit la chose suivante
: " Derrière le Mur Occidental du Temple. Pourquoi ? Parce que D.ieu
a juré qu'il ne serait jamais détruit".
Et donc il serait peut-être
bon d'apprendre comment on arrive au Mur Occidentali, comment on se comporte
et surtout comment on ne doit pas se comporter. Ce n'est pas un lieu de rencontres
mais un lieu de prières. Peut-être lire et traduire les magnifiques
prières que l'on récite lorsqu'on est devant lui, fermer les yeux
un instant et essayer d'imaginer le Kodesh Hakodashim (le saint des saints)
et le service qui se déroulait à l'intérieur.
Au fond, enseigner Jérusalem,
c'est d'abord apprendre à réaliser pour soi tout ce qu'elle représente
afin que dans un dialogue des coeurs nous puissions la transmettre à
nos élèves et à nos enfants.