Voilà un jeune homme, Joseph, déraciné de son foyer par la jalousie de ses propres frères, vendu comme esclave aux ismaélites, lesquels à leur tour le vendent aux égyptiens, et qui, après des vicissitudes humiliantes et un long séjour en prison, arrive à se hisser au sommet de la gloire.
Mais Joseph ne se laissa pas aveugler par sa haute situation et " l'image sublime de son père " apparaissait toujours devant ses yeux. Joseph ne renonça à aucune forme de ses convictions religieuses. Mais ce n'est pas en cachette qu'il agit ainsi, il ne chercha nullement à camoufler ses origines. C'est en plein jour et à la face du monde qu'il exhibait fièrement son judaïsme.
Ce qui est finalement admirable dans la carrière extraordinaire de Joseph, fils de Jacob, ce n'est pas qu'il soit devenu vice-roi d'Egypte mais qu'il soit resté Joseph, enfant fidèle des patriarches.
Lors d'un débat au Grand Conseil d'un canton romand sur les naturalisations, et notamment sur la demande d'admission d'un israélite pratiquant et fièrement attaché à ses origines, un député eut cette belle remarque :
"Je propose tout particulièrement l'admission sans discussion de cet israélite qui a prouvé par toute sa vie qu'il est capable de conserver sa fidélité envers une religion dont il a eu pourtant à souffrir et qui ressentira certainement le même attachement à sa nouvelle patrie". Voilà ce que pense un vrai chrétien d'un israélite fidèle.
Quel étrange destin que celui de Joseph !
Tôt ou tard le monde reconnaîtra la valeur de l'apport précieux du judaïsme à la civilisation. Mais quel chemin tourmenté faut-il parcourir pour se faire "admettre" dans le monde.
Ainsi, le juif doit préalablement mener une lutte intérieure avec ses propres frères ! Joseph vendu par ses frères !
Par la suite, Joseph devient vice-roi d'Egypte et "ministre du ravitaillement" du puissant Pharaon. Il consacrera son génie et son énergie au service de son pays d'adoption qu'il dotera d'institutions sociales remarquables à un moment où tous les pays environnants sont ravagés par la famine.
Comme le feront plus tard les juifs dans tous les pays, où ils contribueront par leur génie à la grandeur de leur pays d'adoption. Quant à la "récompense", ils subiront le destin de Joseph: "Et un nouveau roi régna sur l'Egypte qui ne voulait par reconnaître les mérites de Joseph"...
II faudra attendre deux siècles et l'intervention miraculeuse de D.ieu pour entendre finalement Pharaon s'exclamer: "D.ieu est Juste, c'est moi et mon peuple qui avons fauté" (Ex. IX, 27).