Logo Lamed.frhttp://www.aish.comAccueil Lamed.fr
...
.

Actualité

.
...
...
.

Soutenez-nous

.
...
Actualité / elie@lamed.fr back  Retour

Amalek et le devoir de mémoire

Savoir s’exposer à la souffrance de l’autre afin d’amplifier le sentiment d’empathie à son égard afin que sa problématique ne reste pas juste un simple concept, voila tout un challenge.
Amalek, l’ennemi par excellence du peuple d’Israël attaque celui-ci dès la sortie d’Egypte ; ne laissant point de répit au peuple qui sort des souffrances de l’exil afin de le déstabiliser, de, comme le précise Rachi, casser le mythe d’invincibilité qui se crée autour de lui.
 
Successeur d’Esaü, il sera celui qui dans l’histoire cherchera par tous les moyens à détruire le peuple juif ; précurseur de tous les démons de l’occident qui trouveront l’expression la plus aboutie avec le nazisme et la Shoah.
 
Celle-ci, qui décimera notre peuple sans réussir à le faire disparaître, sera à l’origine des questionnements sans réponse sur la compréhension du plan divin dans l’histoire.
 
Notre génération, dont on a brûlé les maîtres, est celle du renouveau spirituel ; expression de la réponse la plus cinglante que le peuple du Sinaï donne à tous ses tortionnaires. Elle révèle la capacité qu’a l’humain de poser une question et de vivre sans la réponse et ce, sans utiliser la difficulté du questionnement pour justifier la rupture avec son histoire. La difficulté ne crée point ici la négation d’un passé mais au contraire,  pose la question de la responsabilité de ceux qui sont héritiers -qu’ils ne le veulent ou pas- de l’engagement du Sinaï ; de la raison de leur présence, en vie, dans un univers en devenir.
 
Faire taire l’écho du Sinaï au nom de la réponse inaccessible est entendable pour ceux qui ont vécu dans leur chair cette souffrance, mais non point lorsque cela émane de ceux qui venant après eux, utilisent le traumatisme pour justifier un arrêt de l’histoire.
 
Oui ces mots sont lourds de sens ! Mais ne pas les exprimer serait, au nom d’une pensée dominante, faire taire ce qui reste une réflexion nécessaire à un moment où les problèmes d’identité s‘arrêtent  à la recherche d’une coexistence de concepts presque identiques avec des appellations différentes.
 
Par ailleurs, au delà du renouveau spirituel, se dessine les contours d’une démarche peu claire où la dimension du souvenir est posée comme une finalité, et vis-à-vis de laquelle peu sont ceux qui acceptent d’aller jusqu’au bout de la dimension impliquante.
 
On limite alors le souvenir à la notion du rappel! Or le souvenir qui se dit en Hébreu ZAKHOR est composé des lettres qui créent la racine du  verbe LEHAKHRIZ qui veut dire publier dans le sens le plus large possible. Le sens du souvenir résidant dans la capacité de transmettre non pas une histoire mais de publier le sens de ce qu’elle à représenté, et surtout de ce qu’elle est sensée nous apprendre.
 
Les gestes de mémoires, si tant est qu’ils soient louables, n’ont de sens que dans la perspective d’une réflexion sur les événements et surtout sur leur origine.
 
Une des dimensions les plus abjectes de la Shoah à été de construire des murs d’insensibilité à la souffrance de l’autrui, anesthésiant les sentiments face à une douleur qui ne pouvait point être bouleversante car justifiée par une pseudo pensée.
 
A l’inverse absolu de cette philosophie du déni  de l’autre, se trouve l’attitude de Moise qui va tout faire pour garder intacte la sensibilité à la souffrance de l’autre.
 
La Torah nous relate en effet que dans la bataille qui opposa le peuple d’Israël à Amalek, Moise alla hors de sa tente, sur un lieu surplombant le champ de bataille et s’asseyant sur une pierre il commença à prier. Le Rav Wolbe Zatsal, dans son ouvrage Alé Chour, pose une question simple. Pourquoi la Thora avait elle besoin de nous préciser le cadre et la manière dont Moise était assis au moment de sa prière ? Et de répondre que Moise voulait se confronter avec la réalité de la souffrance du peuple en guerre, en voyant ce qui se passait sur le champ de bataille. On ne prie pas en effet de la même manière pour un malade dont on connaît l’existence et pour le malade qui est face à nous sur son lit de souffrance. Il voulait aussi s’associer à l’inconfort de leur situation en s’asseyant sur une pierre 
 
Savoir s’exposer à la souffrance de l’autre afin d’amplifier le sentiment d’empathie à son égard afin que sa problématique ne reste pas juste un simple concept, voila tout un challenge.
 


A PROPOS DE L'AUTEUR
le Rabbin Elie LEMMEL
Après des études en Yechiva (Israel et France) et l'obtention d'une semih'a il dirige depuis 1995 l'association Arakhim France. Il crée en 2000 l'association LEV, le site internet Lamed.fr, et en 2002 la maison de la famille. Directeur du journal VDJ, il intervient régulièrement à la radio et tient une chronique sur ActuJ. Membre du comité d'ethique de RAMBAM france il crée par ailleurs l'émission Chalom RAV sur TFJ. Conférencier international, il intervient sur de nombreux sujets et plus particulièrement sur celui de la famille;
  Liens vers les articles du même auteur (66 articles)


Emettre un commentaire
 Nom
 Prénom
 Email *
 Masquer mon email ?
Oui  Non
 Sujet
 Description (700 caractères max) *
 * Champs obligatoires
...
.

Outils

MODIFIER LA TAILLE DU TEXTE
.
...
...
.

Et aussi...

.
...