Les convertis sont placés sur un échelon plus élevé que les Juifs de naissance. A propos de ces derniers il est dit en effet :« Je serai pour vous un Dieu et vous serez pour moi un peuple» (Jérémie - 30,21). Quant aux convertis, le prophète Isaïe (14,1) dit à leur sujet dans l'ordre inverse: « Vous serez pour moi un peuple et moi je serai pour vous un Dieu ». (Kidouchin 70 b)

- Le psalmiste dit : « Heureux tout homme qui révère l'Eternel et suit ses voies » (Ps. 128,1). Remarquez qu'il ne dit pas « Heureux les enfants d'Israël », ou bien « Heureux les prêtres » ou encore : « Heureux les lévites ». Non le psalmiste emploie l'expression : « Heureux tout homme qui révère l'Eternel » et parle des convertis. Et il utilise à leurs propos le même terme que celui employé pour les enfants d'Israël (Deutéronome 33,29) car le « guér tsèdek » (converti sincère) leur est complètement assimilé.

Le psalmiste continue: « Lorsque tu consommeras le produit de tes mains, tu seras heureux et plein de bonheur». Là encore il s'agit du converti, de celui qui n'ayant pas le « mérite des pères », pourrait se croire amoindri dans les récompenses futures. C'est à lui qu'il est dit : « Pour tes propres bonnes actions tu peux « être heureux » dans ce monde-ci et «plein de bonheur » dans le monde futur. » (Bamidbar raba 8)

 

LE CERF ET LE TROUPEAU

 

« Autant de valeur que n'importe quel enfant d'Israël »

Lorsque les Gabaonites appelèrent Josué à leur se-cours, celui-ci hésita à imposer à ses hommes cet-te charge supplémentaire et se dit: « A cause de ces convertis je m'en vais déranger mes hommes ! » Mais le Saint, béni soit-il, intervint en disant : « Josué, si tu éloi-gnes ceux qui viennent de loin, tu risques de repousser également ceux qui te sont proches. De plus, n'oublie pas ta propre origine. N'es-tu pas descendant de Joseph qui a épousé une convertie en la personne de Osnatt, fille de Potiféra». (Bemidbar raba 8) «Ne moleste pas le converti » dit la Torah (Exode 22,20). Ne le moleste pas par tes paroles en lui reprochant son origine. (Guérim 4) « Et viendront le lévite... et le converti... » et consommeront la dîme » (Deutéronome 14,29). Lorsque Moïse entendit ces paroles de la bouche de l'Eternel, il demanda : « Comment est-il possible que le converti soit à tes yeux sur le même plan que le lévite? ».

Et l'Eternel lui dit: «Il est pour moi sur un plan encore supérieur. Prends l'exemple d'un cerf qui a toujours vécu en liber-té et qui, de lui-même, vient se mêler à un troupeau de moutons et partager leur vie. N'est-il pas normal que le berger soit plus affectueux pour lui? A lui aussi on pourrait reprocher son attachement particulier à ce cerf, mais il répondrait : « Combien n'a-t-il pas fallu que je peine pour élever ce troupeau et me l'attacher! Or ce cerf est venu à moi de lui-même. Ne mérite-t-il pas de ce fait toute ma sollicitude ? ». Eh bien, dit l'Eternel, il en est de même pour moi : Combien d'efforts n'ai-je pas dû fournir pour le peuple d'Israël avant qu'il ne veuille accepter la Torah. Je l'ai fait sortir d'Egypte, je l'ai gui-dé à travers le désert, lui ai envoyé la manne, les cailles, l'eau. Quant à ce converti, il est venu à moi de lui- même. Aussi a-t-il à mes yeux autant de valeur que n'importe quel enfant d'Israël et même qu'un lévite».

(Yalkout Chimoni 12)

 

AQUILAS OU COMMENT FAIRE DE BONNES AFFAIRES

 

« Si tu trouves une marchandise dont personne ne veut, achète-là ! »

Aquilas, le neveu de l'Empereur Hadrien, désirait se convertir, mais redoutait la colère de son oncle. Aussi usa-t-il d'une ruse. Il vint le trouver et lui dit:

- «Je voudrais faire du commerce ! »

- « Manques-tu donc d'argent ? »

- « Non, mais cela me donnera l'occasion de voyager et de connaître les hommes. Aussi je voudrais que tu me conseilles. »

- « Eh bien retiens ceci : si tu trouves une marchandise dont personne ne veut, achète-là. Son prix certainement montera et tu gagneras beaucoup d'argent ! ».

Là-dessus, Aquilas s'en vint en Terre sainte et se mit à l'étude de la Torah sous la direction de Rabbi Eliézer et de Rabbi Josué. Lorsqu'il s'en retourna chez son oncle il avait mauvaise mine et celui-ci s'inquiéta :

- « Tu as fait de mauvaises affaires ? Ou bien quelqu'un a-t-il commis une faute à ton égard ? »

- « Sûrement pas ! Comment le ferait-on à un neveu de l'Empereur? »

- « Mais alors pourquoi cette mine? »

- « C'est que j'ai donné tout mon temps à étudier sans relâche la Torah. Même plus: je me suis fait circoncire !»

- « Mais qui donc a pu te conseiller dans cette voie ? »

- « C'est toi-même ! »

- « Moi ? Quand cela? »

- « Te rappelles-tu que je suis venu te demander conseil en affaires ? Tu m'as dit que si je trouve une marchandise dont personne ne veut, il faut que je l'acquière, car son pris montera… Eh bien, parmi les nations je n'en ai trouvé aucune qui est aussi peu considérée que le peuple d'Israël. Aussi ai-je adopté sa foi, car je sais que le prix de celle-ci montera un jour aux lieux de tous les hommes selon la prédiction d'Isaïe (49,7) : «Ainsi parle l'Eternel: Celui qui est un su-jet de mépris pour les hommes et l'esclave des puissants, des rois se lèveront à son approche et des princes se prosterneront devant lui».

(Tan'houma Michpatim)