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L'Impact de la Bible - Première partie

La Bible est le plus grand succès de librairie de l'histoire humaine. Son impact moral, spirituel et même politique est à l'évidence très profond. Pour quelles raisons ?

Il est incontestable que la Bible est le livre qui a le plus influencé l'histoire humaine tout en demeurant le meilleur des best-sellers. S'il est vrai que nous pouvons constater l'impact profond que la Bible a eu sur le développement moral, spirituel et même politique de l'Occident, bien peu d'entre nous ont pleinement conscience du processus qui a conduit à ce résultat.

Dans le premier de cette série d'articles consacré à l'impact de la Bible sur la civilisation, je me propose d'aborder le processus historique qui a conduit à la diffusion massive de la Bible.

De nos jours, en Occident, il n'est pas de foyer qui ne possède au moins un, sinon plusieurs, exemplaires de la Bible. Elle a été traduite dans une multitude de langues, et on a pu établir qu'en 150 ans (entre 1800 et 1950), plus d'un milliard d'exemplaires en ont été vendus (1)

La situation était bien différente il y a 500 ans. L'histoire de la propagation de la Bible constitue un aspect peu connu et cependant fascinant de l'influence du judaïsme sur la civilisation.

Notre histoire commence avec l'expansion du christianisme au sein de l'Empire romain. Au 4ème siècle, et surtout pendant le règne de l'empereur Constantin (306-337), le christianisme est passé de façon spectaculaire de l'état de secte persécutée issue du judaïsme à celui de religion mondiale de première importance. Au cours des siècles suivants, la foi chrétienne s'est répandue dans toute l'Europe et le Moyen-Orient, rassemblant des millions de nouveaux adeptes venant du paganisme.

En prenant de l'importance, l'Eglise a acquis progressivement une puissance temporelle et politique immense. Après la chute de l'Empire romain d'Occident en 476, l'Eglise a repris les rênes du pouvoir à l'intérieur des anciennes frontières de l'Empire (2)

C'est l'Eglise qui, grâce à son vaste réseau de diocèses, à ses biens fonciers et à son clergé relativement instruit, va émerger comme la plus puissante institution.

Simultanément, la chute de Rome a conduit à un déclin brutal de la culture, de l'instruction et plus largement de la qualité de vie dans la région. Ce qui a succédé à ce relatif chaos, c'est le système féodal dont la structure politique et économique s'imposera dans toute l'Europe médiévale. Au sein de ce système féodal, c'est l'Eglise qui, grâce à son vaste réseau de diocèses, à ses biens fonciers et à son clergé relativement instruit, va émerger comme la plus puissante institution.

L'importance de l'Eglise va croître au point que, au 11ème siècle, le pape Innocent III surpasse en puissance tous les monarques européens, et que les revenus de l'Eglise dépassent de loin ceux collectés par la noblesse locale et même par les rois (3)

Nous voyons donc que l'Eglise contrôlait matériellement une grande partie de l'Europe, mais elle contrôlait également le destin spirituel du monde chrétien occidental, et jusqu'à l'âme de chaque chrétien : elle pouvait accorder le pardon, le salut, ou châtier par l'excommunication ou la damnation éternelle.

Au Moyen-Age, l'Eglise exerçait également en Europe un quasi-monopole sur l'instruction et sur les livres, dans la mesure où, à quelques exceptions près, seuls les membres du clergé savaient lire (les Juifs, qui savaient pratiquement tous lire et écrire, étaient l'une de ces exceptions). Ce monopole de fait était dû partiellement à une raison purement économique : avant l'invention de l'imprimerie au 15ème siècle, tous les livres devaient être copiés à la main, ce qui était un procédé très long et très coûteux.

Les rares bibliothèques qui existaient alors appartenaient pratiquement toutes à l'Eglise, et la grande majorité des gens n'avaient ni les moyens d'acquérir un livre, ni la capacité de le lire.

La société féodale reposait sur un système primitif et très dur. La classe majoritaire était composée de paysans qui subsistaient difficilement, s'éreintaient au travail de la terre, et devaient donner la plus grande partie de leurs maigres récoltes à la noblesse ou à l'Eglise. Ce système féodal permit au clergé de s'enrichir considérablement ; mais plus il devenait riche et puissant, plus sa position morale devenait inconfortable.

Le christianisme se fondait, théoriquement, à la fois sur la Bible hébraïque et sur les Evangiles et les Ecritures. La Bible hébraïque met constamment l'accent sur les notions d'égalité, de charité, de responsabilité sociale et de spiritualité. Les Evangiles et les Ecritures reprennent ces mêmes notions et insistent également sur l'idée que les pauvres hériteront de la terre.

Ces idéaux moraux contrastaient violemment avec la réalité d'une Eglise médiévale puissante et très matérialiste. Cette hypocrisie n'avait pas échappé à la conscience de l'Eglise et donnait lieu à une belle ironie de l'Histoire : l'Eglise catholique romaine qui tirait directement sa légitimité de la Bible était plus effrayée par celle-ci que par n'importe quel autre volume de sa bibliothèque !

Si l'on permettait au prêtre de lire la Bible à ses ouailles, c'était en latin pour qu'aucun des paysans présents n'en comprenne un traître mot.

L'Eglise s'engagea désormais dans une politique délibérée consistant à empêcher tout contact entre la Bible et le menu peuple (4). Cest ainsi qu'il était interdit aux membres du clergé de posséder une Bible, ou d'en lire publiquement des extraits sans la permission expresse d'un haut dignitaire de l'Eglise. Si l'on permettait au prêtre d'une paroisse rurale de lire la Bible à ses ouailles, l'exemplaire dont il se servait devait être rédigé en latin, pour qu'aucun des paysans présents n'en comprenne un traître mot.

L'Eglise se sentait tellement menacée par la Bible qu'en 1408, l'évêque anglais Arundel décréta que l'écriture, ou l'usage d'une version non autorisée de la Bible serait punissable de la peine de mort (5).

Cette mise à l'index de la Bible se pousuivit pendant des siècles, mais il était impossible de faire disparaître à jamais le "Livre des Livres". C'est finalement le dégoût inspiré par la décadence de l'Eglise et, parallèlement, le désir de l'humanité d'entendre la parole de Dieu qui ont conduit à des changements politiques et religieux spectaculaires en Europe, ainsi qu'à la traduction et à la large diffusion de la Bible.

Nous verrons comment cette évolution s'est produite dans le 2ème article de cette série.

 

Traduction et Adaptation de Monique SIAC

 

Bibliographie :

(1) Goldberg, M. Hirsh, Jewish Connection, Maryland, Scarborough House, 1993, pp. 6-130

(2) Johnson, Paul, A History of Christianity, New-York, Simon & Schuster, 1976, p.104

(3) Dillenberger, John & Welch Claude, Protestant Christianity Interpreted Through Its
Development
, New-York, Charles Scribner and Sons, 1954 p.11

(4) Phelps-Brown, Henry, Egalitarianism and the Generation of Inequality, Oxford, Oxford
University Press, 1988 p.68

(5) Tuchman, Barbara, The Bible and the Sword, New-York, New York University Press, 1956,
p.85



A PROPOS DE L'AUTEUR
le Rabbin Ken SPIRO
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