Eldad Regev fut kidnappé avec son partenaire de patrouille, Ehoud Goldwasser le 12 juillet 2006, alors qu’ils étaient en patrouille à la frontière israélienne avec le Liban. Les événements qui s’enchaînèrent à la suite du kidnapping d’Eldad et de "Oudi" provoquèrent les débuts de la Seconde Guerre du Liban.
Cela fait un an et huit mois qu’Eldad et Oudi sont retenus captifs et il n’existe absolument aucune information sur leur état de santé ou le lieu où ils sont retenus. Qualifier leur situation de "désespérée" est en dessous de la vérité. Nous demandons à tous nos lecteurs d’agir de toutes les manières possibles pour contribuer à ramener ces jeunes hommes, sains et saufs, chez eux.
Pouvez-vous nous parler d’Eldad ? Que représente-t-il pour vous ?
Eldad devrait actuellement avoir 27 ans ; c’est mon petit frère (pause). À l’époque où il a été kidnappé, il préparait des études de Droit et son acceptation officielle à la Faculté de Droit est arrivée après son kidnapping. Qui est-il ? Je pense que son trait de caractère le plus marquant est sa détermination. Il a beaucoup de principes, sur les questions politiques, sur sa vie personnelle... Lorsqu’il prend position sur quelque chose, il s’y attache de toutes ses forces.
Y a-t-il quelque chose dont vous vous souvenez en particulier au sujet d’Eldad ?
Le plus récent souvenir que j’ai de lui est un moment où il jouait avec mon fils. Il a un excellent contact avec les enfants, en particulier avec ses neveux...
Comment une famille religieuse vit-elle une situation si difficile ?
Si vous parlez de ce qui s’est passé, de notre foi ou du fait que nous demandons à D.ieu pourquoi c’est arrivé, notre éducation nous a appris qu’il ne fallait pas poser de telles questions. Cela vient du Chamayim, du Ciel.
Nous nous efforçons de changer la situation, de le ramener, lui et les autres, à la maison. En ce qui concerne notre foi, nos pensées et nos actes, ils sont restés les mêmes qu’autrefois. Je ne pourrais pas dire que nous avons changé, ni moi, ni mes frères, ni mon père.
C’est très difficile à vivre ; pas simplement le kidnapping en lui-même, mais cette longue absence. Cela arrive quand on perd un proche. J’ai, moi-même, perdu ma mère il y a neuf ans et je n’ai pas perdu la foi. Elle est restée inchangée. Mais peut-être n’en est-il pas de même pour Eldad.... Mais en tant que personne religieuse, je continue de croire, je continue de prier. On est censé bénir le mal comme le bien. Ce n’est pas simple de bénir le mal, mais personne n’a reçu la promesse de n’avoir que du bien dans sa vie... Alors, on fait avec...
Comment votre communauté vous aide-t-elle ?
Nous sommes vraiment soutenus. Par des amis proches, des membres de la communauté et, en général, par des gens qui me reconnaissent dans la rue. Ils nous témoignent leurs encouragements, leur soutien et leur compassion en ce qui concerne le retour de nos frères.
Font-ils quelque chose de spécifique pour vous aider à continuer ?
C’est sûr que les paroles d’encouragement nous aident et nous renforcent. Ainsi que les lettres d’enfants, les demandes de nouvelles, les appels téléphoniques, mon père surtout en reçoit beaucoup. Il existe une obligation pour le monde, selon les Nations Unies, d’exiger une libération immédiate. Bon, nous savons bien que nous ne pourrons pas obtenir une libération immédiate, mais, bien entendu, nous voulons cette délivrance.
Aussi, tous ceux que cette situation dérange, réfléchissent à la manière dont ils pourraient venir en aide. Si quelqu’un a de l’influence dans sa communauté ou dans un organisme, qu’il la mette au service de cette cause. C’est de cette manière que nous demandons aux gens de nous aider.
Y a-t-il une stratégie ? Quelle est la situation présente ? Où en sont les choses ?
L’Etat a une stratégie. Les ministres du Gouvernement avaient dit qu’immédiatement après la guerre, ils entameraient des négociations avec le Hezbollah. Ils essaient en premier lieu de déterminer s’ils sont encore vivants et ils veulent leur retour en Israël. Cependant, ils ont poursuivi cette stratégie depuis un an et demi déjà.
Des négociations sont toujours en cours, mais nous n’avons pas fait le moindre progrès durant toute cette période. Nous ne savons même pas s’ils sont encore en vie ! Et qu’avons-nous fait ? Une guerre, bien que nous sachions, à présent, que la libération d’Eldad et d’Oudi ne faisait pas partie des objectifs de ce conflit.
Est-ce que les négociations se poursuivent en permanence ?
Les négociations ne sont pas continues, ni même directes. Ce n’est pas comme s’il y avait des personnes assises autour d’une table, d’un côté les Israéliens et de l’autre, le Hezbollah. Elles sont menées par l’intermédiaire d’un médiateur nommé par les Nations Unies qui va et vient, repart et revient.
Elles ont lieu une fois par semaine ou toutes les deux semaines ... C’est très lent, sur une très longue période. Des gens discutent, mais nous n’avons fait aucun progrès.
Y a-t-il des institutions ou des organismes spécifiques ou une personne publique en particulier qui vous déçoivent ? Quelqu’un qui pourrait en faire plus, mais qui s’abstient ?
Tout d’abord, il y a les états qui ont signé la déclaration de l’appel des Nations Unies pour une libération immédiate. Ils ont signé ce papier, mais personne n’a fait ce qu’il avait promis. Le fait de maintenir en détention Eldad et Oudi est une violation de la loi internationale. C’est contre les conventions des Nations Unies, contre les déclarations des Nations Unies et personne ne dit quoi que ce soit à ce sujet. Ils ne réclament même pas leur libération immédiate.
La personne publique la plus décevante est celle qui a mené les négociations pendant et depuis la guerre : Ehoud Olmert. C’est sa responsabilité, c’est lui qui doit changer la situation actuelle. Je ne pense pas, pour autant, qu’il soit indifférent... il a des enfants, lui aussi. Lorsqu’il est en entretien avec mon père, je pense sincèrement qu’il comprend notre douleur.
Y a-t-il des moments de découragement ? De désespoir ?
Il y a des moments où nous avons vraiment des doutes. On est dans une situation dont on ne voit plus la fin.
Il y a des moments où nous avons vraiment des doutes. On est dans une situation dont on ne voit plus la fin. Rien ne se passe et les jours s’écoulent et il n’y a vraiment rien de nouveau. Cette situation présente est extrêmement frustrante... un an et demi de négociations et nous n’avons fait absolument aucun progrès. Eldad et Oudi ne sont toujours pas là. Cela vient aussi du fait que le Gouvernement n’obtient aucune information les concernant. C’est réellement frustrant, mais pas désespérant.
Que ressentez-vous lorsque l’on compare votre frère à Gilad Shalit ou Ron Arad?
Il existe de très nettes différences avec la situation de Gilad Shalit. Tout d’abord, nous savons qu’il est vivant. Il est maintenu en captivité. Nous ne savons pas quel est son état de santé, mais nous savons qu’il est vivant.
En ce qui concerne Ron, nous savions qu’il était vivant, mais nous n’en savons rien aujourd’hui. La comparaison avec Ron Arad est concevable. Nous parlons du même pays, de la même organisation...
La comparaison elle-même ne m’aide en rien, excepté le fait de dire que Ron Arad est toujours en captivité. Ce que je veux dire est que la situation de Ron Arad est un signal d’avertissement ; elle dure depuis des années et rien ne s’est passé, nous ne savons toujours pas quel est son état. Cela nous montre ce qui se passera si nous ne parvenons pas à les faire libérer maintenant.
Quelle relation avez-vous avec les familles Shalit et Goldwasser ?
Nous sommes très liés. Nous nous faisons part mutuellement des dernières nouvelles.
Quelle est l’étendue de l’aide ou du soutien que vous recevez de la Communauté juive de la Diaspora ?
Les Goldwasser et les Shalit voyagent beaucoup à l’étranger. Ils y reçoivent un soutien massif. Chaque synagogue dans laquelle je me suis rendu le Chabat dit une prière spéciale pour le retour des soldats portés disparus. Il est clair qu’il y a un désir profond de nous aider et d’influencer les autres gouvernements de faire tout ce qu’ils peuvent.
Je pense que le problème principal dans l’immédiat se trouve du côté israélien ; c’est une question de courage. Le courage manque pour agir. On s’attend à ce que vous risquiez votre vie pour sauver le pays lorsque vous faites partie de l’armée, mais lorsque quelque chose comme ça arrive, est-ce que le pays est prêt à prendre des risques pour vous ?
Tel que je le perçois, le Hezbollah ne se voit aucune obligation à les libérer. Absolument aucune obligation et Israël n’a pas le courage d’agir.
Avez-vous un message particulier à adresser aux Juifs de la Diaspora ?
Si cela vous dérange que des soldats soient maintenus en captivité depuis un an et huit mois, sans que personne ne sache s’ils ont besoin de soins médicaux ou même s’il sont seulement vivants, que leurs familles ne soient au courant de rien à leur sujet et que le Hezbollah refuse de livrer la moindre information, alors, où que vous soyez, vous devez faire quelque chose. Là où il y a de l’action, il y a de l’influence.
Le Hezbollah aspire à devenir un parti politique légitime et non juste une organisation terroriste. Ils espèrent obtenir cela en utilisant Eldad et Oudi comme moyen de pression, en ne donnant aucune information à leur sujet. Aussi longtemps qu’ils retiennent l’information, ils commettent une violation de la loi internationale et des droits de l’homme.
Toute personne dans sa communauté doit exercer son influence, de toutes les manières possibles.
Quelle est la première chose qu’Eldad fera lorsqu’il sera libéré ?
Il ira dans sa famille. Sa famille est très importante pour lui. Il devra faire la connaissance de ses nouveaux neveux qui viennent de naître... et avec l’aide de D.ieu, un nouveau bébé est en route. Oui, c’est ce qu’il fera en premier, aller dans sa famille.
Si quelqu’un voulait faire du volontariat en Israël ou à l’étranger, à qui devrait-il s’adresser ?
Nous travaillons avec un organisme appelé Habanim et tous ceux qui voudraient s’impliquer dans notre cause, peuvent trouver des informations sur leur site Web. En particulier pour les francophones, mettre la pression sur le Hezbollah est crucial. La pression la plus efficace est celle qui provient des pays occidentaux. Par le biais de conférences, de forums, de discours, de rassemblements, de manifestations... Tout ce qui touche les médias ou les politiciens est d’une grande aide.
Si Eldad pouvait nous entendre, que voudriez-vous lui dire ?
Que nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir, de toutes nos forces, pour le sortir de là.
Ma femme et moi avons eu un garçon, peu après le kidnapping. Nous l’avons appelé Et'ah (à temps) Pedouel (D.ieu délivrera). Voilà mon message : que D.ieu délivre Eldad et le sauve très bientôt.
S’il vous plaît, priez pour : Eldad ben Tova, Ehoud ben Malka et Gilad ben Aviva
Traduction : Rahel Katz