La journée avait été longue et pénible. Mon mari
et moi venions de passer près de quatre heures à l’hôpital à Jérusalem, à attendre
et attendre interminablement jusqu’à ce qu’enfin un médecin
nous reçût pour nous entretenir de la procédure nécessaire à une
intervention chirurgicale pour mon mari. Bien que, D-ieu merci, il fût
question d’une intervention mineure, la dépense était importante
et le tracas, le désagrément et le poids de toute cette épreuve
rendaient les choses difficiles et épuisantes.
Nous sommes sortis dans le parking de l’hôpital, montés
dans le premier taxi venu et, trop fatigués pour marchander le prix,
nous nous sommes installés pour être tranquillement conduits chez
nous. Le chauffeur ne semblait pas religieux extérieurement, mais sur
le plan intérieur, il en était tout autrement. On ne peut pas
vivre dans la cité sainte de Jérusalem sans être touché par
la présence de D.ieu.
Comme tous les chauffeurs de taxi israélien,
il avait une histoire qu’il voulait absolument nous raconter. Nous avons échangé des
plaisanteries, puis, il se mit à nous poser des questions sur nos familles
respectives. Mon mari, toujours le plus amical de nous deux, lui retourna ses
aimables questions.
«
Et vous, combien avez-vous d’enfants ?
- Un seul, répondit le chauffeur de taxi. Il vit à Las Vegas
parce qu’il a dû partir.
- Il s’est échappé ? Mais que voulait-il fuir ?
- Non, vous ne comprenez pas. Vous vous souvenez de cette fameuse tragédie
qui s’est déroulée au cours d’un mariage il y a quelques
années ? »
Comment aurions-nous pu oublier ? C’était en plein milieu de l’Intifada
et voilà qu’arrivait quelque chose pour lequel les Arabes n’étaient
pas à blâmer. A cause d’un vice de construction, une salle
de mariage s’était effondrée à Jérusalem
au cours d’une célébration, tuant 23 personnes et en blessant
des dizaines d’autres.
«
C’était le mariage de mon fils, nous dit le chauffeur. Un grand
nombre de nos amis ont été tués, parmi eux le père
et le frère de ma femme. Suite à cela, mon fils n’a plus
eu la paix. Des reporters le suivaient partout et chaque ami et parent lui
remettaient en mémoire l’énormité de la tragédie
qui avait eu lieu le jour qui aurait dû être le plus heureux de
sa vie. Sa femme et lui ont dû partir. »
Le chauffeur de taxi poursuivit son histoire. Il expliqua qu’il jouissait
autrefois d’une grande aisance financière, mais tandis qu’il
attendait que le procès engagé contre la compagnie de construction
soit fixé, ses frais médicaux personnels avaient rogné ses économies.
Dans l’impossibilité de reprendre son ancienne activité,
il était devenu chauffeur de taxi.
Mon mari et moi étions horrifiés à l’écoute
de cette tragédie personnelle, une histoire racontée sans la
moindre trace d’amertume. Cependant, au fur et à mesure que le
chauffeur poursuivait son récit, notre consternation se transforma en
stupéfaction. Le chauffeur expliqua que tout cela changea totalement
sa perception de la vie. Au cours de sa convalescence, suite au traitement
de ses blessures et au chagrin qu’il ressentit à la perte de ses
amis et de sa famille, il réalisa que l’argent avait finalement
bien peu de valeur dans sa vie et qu’en fait, ce qu’il y avait
de plus précieux étaient la santé et le bien-être
de ceux qu’il aimait.
Il raconta ensuite comment cette nouvelle perspective avait changé sa
vie. Un jour, il ramena une femme très riche de l’hôpital à son
domicile. Après avoir entendu son histoire et ses paroles inspirantes,
elle le supplia de venir s’entretenir avec sa fille qui était à l’hôpital,
souffrant d’une maladie douloureuse depuis des semaines et qui avait
perdu tout désir de vivre. La mère lui dit qu’elle lui
verserait la somme qu’il désirait s’il parvenait à remonter
le moral de sa fille. Comment aurait-il pu refuser ?
Ce chauffeur de taxi entra dans l’hôpital, parla avec la fille
malade de sa cliente et parvint effectivement à l’encourager et
la stimuler. La mère reconnaissante tendit au chauffeur un chèque
en blanc et lui dit d’y inscrire le montant qu’il désirait,
sure qu’il serait transporté de joie avec cette opportunité qui
ne se présente qu’une seule fois dans toute une vie.
Cependant, à sa plus grande stupéfaction, il déchira le
chèque sous ses yeux.
«
En refusant d’accepter une rétribution financière, expliqua
le chauffeur en s’arrêtant devant notre domicile, je recevrai la
totalité de ma récompense du Ciel et là, je peux toucher
bien plus qu’un million de dollars ! »
Après ça, comment ne pas aimer le peuple Juif et tout particulièrement
ces chauffeurs de taxi israéliens... !!!
Traduction et Adaptation de Ra'hel KATZ