Que signifie être indépendant ? Certainement être libre
de toute domination étrangère. Toutefois, dans le cas d’Israël,
l’indépendance devrait également signifier la liberté de
se créer une image personnelle indépendante qui ne se fonde pas
sur une culture empruntée.
Tout le monde ne partage pas cet avis. En fait, la Ministre israélienne
des Affaires Etrangères, Tzipi Livni, est sur le point de se lancer
dans une vaste campagne de relations publiques dépeignant Israël
comme un pays moderne et sexy ayant de magnifiques plages et de plus, une industrie
de pointe couronnée de succès. Livni est convaincue qu’en
se lançant dans cette campagne de « création d’image » nationale,
elle pouvait modifier la perception d’Israël comme un pays déchiré par
la guerre et les fanatiques vers une image concrétisant le grand rêve
israélien : la normalité.
Il n’est pas à douter qu’Israël a beaucoup à offrir à ceux
qui sont à la recherche de plages, d’une vie nocturne et de technologie.
Cependant, en tant que point central d’une campagne de relations publiques,
cette direction est vouée à l’échec.
J’ai entendu une histoire, attribuée au Rabbi de Loubavitch, qui
illustre très bien cette idée :
Après la Guerre des Six Jours, la France, contrariée par la grande
victoire qu’Israël avait remportée sur les Arabes, mit un
terme à ses ventes à Israël d’avions de combat, les
Mirages. Israël, ayant besoin de ce type d’avions, s’adressa
aux Etats-Unis pour faire une demande d’achat des appareils américains.
Le gouvernement américain envoya une délégation en Israël.
Les Israéliens voulant impressionner le groupe d’Américains,
l’emmena visiter ce qu’ils pensaient être le plus intéressant
pour des citoyens des U.S.A. : Tel Aviv, les théâtres, les bars
et tout ce qu’Israël pouvait compter de moderne à cette époque.
Toutefois, la délégation en fut déconcertée. Elle
retourna en Amérique, présenta un rapport peu enthousiaste au
Congrès et la vente ne se fit pas. Quelques mois plus tard, les Israéliens
firent à nouveau une demande d’achat d’avions de combat.
Une nouvelle délégation fut formée et envoyée en
Israël. Cette fois-ci, les Israéliens emmenèrent la délégation
visiter le Mur des Lamentations et les grandes yéchivot de Méa
Chéarim où les Américains purent contempler les vieux
bancs d’étude qui furent rapportés d’Europe.
Lorsque les Américains retournèrent dans leur pays et témoignèrent
devant le Congrès, ils affirmèrent : « Nous avons vu la
Terre Sainte. » L’accord de vente fut, bien entendu, conclu.
Cette caractéristique est si évidente et pourtant, les faiseurs
d’image israéliens ne semblent pas la saisir.
La force de l’image d’Israël ne se trouve pas dans sa normalité bancale.
Israël ne peut non plus se comparer aux lieux de plaisir américains,
ni à la vie nocturne d’Amsterdam, ni aux plages d’Amérique
du Sud.
La véritable force de l’image d’Israël réside
dans son lien incomparable avec la Bible. Avez-vous jamais observé l’extase
de celui qui voit le Kotel pour la première fois ? Est-ce une coïncidence
si à la fois les Juifs et les Gentils pleurent lorsqu’ils arrivent
en Israël ? Israël possède un impact émotionnel, non
pas en raison de ses plages ou de sa technologie de pointe, mais plutôt
parce que cet endroit est la capitale spirituelle du monde.
Comment peut-on arriver à battre l’impact de l’image du
livre le plus lu dans le monde ? La Bible est le best-seller mondial de tous
les temps et Israël devrait tirer parti de cet état de fait. Mais
les conseillers en image d’Israël tiennent le pays à distance
de ce genre d’évocation. Leur vision du monde est en décalage
avec l’histoire et la religion juives et, par conséquent, ils
ne voient pas, ni ne veulent voir les bénéfices sur le plan des
relations publiques que pourrait tirer Israël de la promotion d’une
image en rapport avec la Bible et la spiritualité.
Pourtant, c’est précisément en épousant et non en
atténuant notre image en tant que successeurs authentiques du passé Biblique
que nous pourrons établir une campagne de relations publiques fructueuse.
Exemples : Imaginez la promotion de la Fête de Souccot comme la haute
saison absolue du tourisme spirituel, ou la présentation de Hébron,
le grand site funéraire des Patriarches et des Matriarches, comme un
lieu de visite incontournable pour tous ceux qui cherchent à se connecter
avec les racines du monothéisme. La vieille ville de Jérusalem
est un habitat naturel, une authentique expérience Biblique que nous
devrions promouvoir comme telle.
La perspective Biblique possède également des avantages sur le
plan de la hasbara
(1). Dans notre lutte
continuelle avec la guerre contre le terrorisme, Israël aurait tout avantage à cadrer
son histoire dans un contexte Biblique. L’Israël d’aujourd’hui
et celui des années passées ne sont qu’une seule et même
chose : la même nation, la même terre et les mêmes problèmes.
En diffusant une telle perspective historique, nous pouvons aider les gens à recadrer
le conflit du Proche-Orient. Soudain, l’Iran d’Ahmadenijad ressemble à la
Perse d’Haman et les grandes puissances qui s’immiscent dans nos
affaires sont un phénomène qui nous est familier. Replacé dans
une perspective Biblique, le monde applaudira Israël, de la même
manière qu’il le fait lorsqu’il lit la Bible.
Un autre aspect important de la perspective d’Hasbara Biblique est la
Tikvah, l’espoir. La Bible est remplie d’espoir en le peuple juif
et en Israël. Dans le climat maussade d’aujourd’hui, nous
avons besoin de diffuser haut et clair ce message de positivité.
Oui, nous pouvons créer une image positive et brillante d’Israël à l’étranger,
mais nous devons commencer par créer une image favorable et appropriée
de notre pays au sein de notre propre société. Israël doit
apprendre à se percevoir lui-même comme une lumière dans
le monde et non comme un simple bastion de normalité. La « lumière » d’Israël
inclut un mélange unique de médecine et de technologie, de loi
et de spiritualité. Dans quel autre endroit du monde peut-on trouver
un pays qui est un leader mondial dans les domaines de développement
de la microélectronique, de fécondation in-vitro, d’innovation
en agriculture, de lois Talmudiques et de Kabala ?
Durant les 3000 dernières années, la Terre Sainte a été la
destination prééminente pour toute l’humanité :
voyageurs et conquérants qui étaient tous à la recherche
de ce bout de terrain. De nos jours, peut-être plus encore que par le
passé, Israël peut apaiser le monde dans sa soif d’authenticité,
de spiritualité et de sens véritable à la vie, cependant
il doit se montrer à la hauteur de la situation. Soyons véritablement
indépendants sans déprécier, ni dégrader l’image
d’Israël en le réduisant à l’état de
royaume du bikini. Commercialisons-le pour ce qu’il est : l’endroit
le plus spécial de la planète, la Terre Sainte.
Traduction et Adaptation
de Ra'hel Katz
(1) Terme en hébreu signifiant littéralement « explication » et
qui regroupe les efforts et les arguments de promotion et de commentaires
sur les vues et les actes politiques de l’Etat d’Israël (N.d.T.).