On vient d'installer chez
moi un compteur pour mesurer ma consommation d'eau. Rien que cela !
Cette calamité est
arrivée il y a environ un mois. On a sonné à la porte.
L'homme parlait avec autorité. Il portait un uniforme. " Tous vos
voisins en ont aussi, a-t-il dit. C'est la loi ! "
Quatre-vingt-dix minutes plus tard, tout était fini. Le compteur était
installé. Je n'ai pas pleuré, mais j'aurais voulu. " Maintenant
on saura exactement combien d'eau j'utilise ", gémissais-je.
La vie ne serait plus jamais
la même que celle que nous connaissions. Finies les douches de 40 minutes
! Terminés les robinets qui fuient et que je pouvais ignorer pendant
des mois ! Finis pour les enfants les batailles de jets d'eau lancés
par les tuyaux du jardin ! Notre train de vie insouciant venait en ce jour fatidique
de prendre fin.
Une calamité ? Certes.
Mais peut-être bien plus que cela.
Examinons les choses sous
un angle très différent. Si nous croyons en Dieu - en un Dieu
juste, un Dieu d'amour, un Dieu compatissant - alors nous croyons aussi que
Dieu ne Se préoccupe que de nous fournir, que de nous donner. Après
tout, si Dieu est parfait, de quoi peut-Il avoir besoin que nous puissions lui
fournir ? Il a ni besoins ni désirs. La perfection, par définition,
signifie qui rien ne manque du tout ! Et s'il n'y a vraiment rien que nous puissions
fournir à Dieu, qu'avons-nous à faire ici-bas ?
Si la seule chose que Dieu
" veut " est de nous donner, notre " tâche " est de
trouver le meilleur moyen possible d'accepter et d'utiliser tous les présents
qu'Il nous donne, et de recueillir le plus possible de tout ce que nous recevons
!
Quelle est la méthode
employée par Dieu pour nous donner le maximum d'épanouissement
dans chacun des plaisirs de la vie ? Quelle recette nous a-t-Il procurée,
qui garantit que nous aimerons et apprécierons chaque élément
de satisfaction et de bonheur dans ce monde-ci ?
En un mot… des restrictions.
En deux mots ? Des restrictions temporaires.
J'aime beaucoup le steak. Mais faut-il que j'en mange tous les jours ?
Aussi surprenant que cela
puisse paraître, les restrictions sont vraiment le seul ingrédient
valable donné au genre humain que nous fournisse la possibilité
d'aimer chaque expérience positive sur cette planète.
Par exemple, j'aime le steak.
Je l'aime beaucoup. Sous forme de côte, de filet, de bavette, d'épaule,
et surtout s'il est pris dans la masse. Mais en manger tous les soirs ? Ce ne
serait vraiment pas la même chose !
Vous aimez les Beatles ?
Bach ? Essayez seulement de les écouter tous les jours… à
longueur de journée !
Qu'est devenu votre niveau
de plaisir ? Est-il resté le même ? Est-ce qu'il a augmenté
?
Quand Dieu nous a remis
ce grand mode d'emploi pour la vie, connu aussi sous le nom de Tora, il y a
inclus 613 règlements, connus aussi sous le nom de commandements. Ce
sont les ingrédients qui, si on leur obéit, constituent cette
recette totale pour l'épanouissement dans ce monde. Mais 248 seulement
sont des commandements positifs - des choses " à faire ". 365
sont des choses de ne pas faire. Appelons-les des restrictions, si vous préférez
! Ils symbolisent chaque jour de notre année solaire. Et pour accompagner
ces instructions, il existe une foule " restrictions temporaires, "
qui, si on leur obéit, contiennent le plus grandiose des plans en vue
de notre plus grand plaisir.
Si importante est cette
prescription que vous aurez du mal à trouver un seul plaisir dans ce
monde qui ne soit pas légalement proscrit, au moins par moments. Pourquoi
? Non pas pour nous punir, nous limiter, nous frustrer ou gêner notre
manière de vivre. Bien au contraire ! Il s'agit de faire en sorte que
nous nous comportions comme il convient, en ne nous adonnant pas de manière
exagérée à aucun des bienfaits que ce monde-ci a à
nous offrir, et donc en appréciant pleinement le plaisir procuré
par chacune de nos expériences.
Les expériences qui
pourraient être nuisibles à nos corps ou à nos âmes
sont interdites en permanence, bien qu'elles soient parfois séduisantes
ou amusantes. Encore une fois, parce cela pourrait interférer avec notre
plan d'obtenir un plaisir durable et maximum. Mais même ce à quoi
nous avons droit chaque jour, et qui nous est donné spécifiquement
pour notre plaisir, nous est dans certaines circonstances rendu inaccessible.
Bien sûr, une discipline
librement consentie pourrait fonctionner aussi, mais des restrictions "
légalisées " sont beaucoup plus efficaces (et donc plus agréables).
Essayez seulement de suggérer à vos enfants qu'ils devraient rentrer
de bonne heure ces prochains soirs pour récupérer quelques heures
de sommeil perdu, et vous verrez bien vite que cela ne fonctionne pas aussi
bien que si vous leur imposez un couvre-feu temporaire et si vous veillez à
son application.
Les parents savent que le pire que l'on puisse faire à un enfant est de ne jamais lui dire : " Non ! "
Par exemple, ne pas manger
de pain pendant huit jours pleins, à Pessa'h, peut sembler à certains
terriblement frustratoire. Mais le souvenir du premier verre de bière
bu après la fête reste longtemps gravé dans nos mémoires.
C'est comme si l'on reprenait goût à quelque chose à laquelle
nous nous habituons facilement.
De nombreux autres exemples
nous viennent à l'esprit. La musique (pendant des périodes de
deuil personnel ou national), le travail créatif (pendant Chabbath et
les jours fériés), une habitation confortable (pendant Soukoth),
le manger (à Yom Kippour et aux autres jours de jeûne), le téléphone,
la vidéo, les ordinateurs (pendant Chabbath) sont parmi les plaisirs
les plus évidents à être également restreints par
moments.
Un parent vraiment à
la page sait très bien que le pire que l'on puisse faire à un
enfant est de ne jamais lui dire : " Non ! " Le meilleur moyen de
lui faire détester un nouveau jouet est de le laisser en jouer toute
la journée… tous les jours. La vie sans aucune restriction est incolore,
décourageante et sans issue.
Comprenez-moi bien ! Je n'aime pas mon nouveau compteur d'eau. Mais je suppose
qu'il apporte quelque contribution à la modération, à la
responsabilité, aux restrictions et aux douches de 8 minutes. Ou bien
serais-je en train de devenir vieux ?