Il faut bien avoir en tête que toute faute est porteuse d’une
conséquence négative. En nous aidant à déceler
nos défauts, la critique nous évitera de futures défaillances.
Un ami vous préviendra en voyant un morceau de salade coincé entre
vos dents, alors que votre ennemi vous regardera en souriant en vous disant
que vous avez une mine superbe ! Nos Sages disent : « Mieux vaut la critique
d’un ami que le baiser d’un ennemi ».
LA CRITIQUE EST NECESSAIRE A LA REUSSITE
Vous pensez que vous êtes parfait ? Non, bien sûr. Donc, si vous
voulez vous réaliser pleinement, il faut accepter une critique constructive.
Lorsqu’on est déterminé à atteindre un but, il faut être
prêt à supporter une bonne dose de sarcasme, de harcèlement
et même d’insultes. Pensez à ce que les athlètes
de haut niveau acceptent d’entendre de leurs entraîneurs !
Mais lorsqu’on mesure les bienfaits de la critique, on finit par ne
pas y être hostile. Imaginez que vous avez oublié votre portefeuille à la
poste et que quelqu’un vous crie : « Hé, vous avez oublié votre
portefeuille ! ». Plutôt que d’y voir une remarque désobligeante
sur votre étourderie, vous allez certainement répondre « Merci
beaucoup. J’essaierai de faire attention la prochaine fois. »
Une des raisons pour lesquelles
nous avons du mal à accepter la critique,
c’est qu’elle survient à un moment où nous ne sommes
pas préparés à l’accepter. Elle nous prend par surprise.
Mais lorsque vous sollicitez la critique, vous vous mettez en position de l’accueillir
calmement, que vous l’acceptiez ou que vous la rejetiez. De plus, si
vous la sollicitez, cela signifie que vous avez choisi une personne digne de
confiance que vous allez écouter sérieusement, et cela vous préparera à mieux
accueillir une critique qui vous arrive de manière inopinée.
N’attendez pas d’en arriver à une situation de crise pour
vous remettre en question. Devancez les problèmes avant qu’ils
ne surgissent. Si vous voulez que votre mariage soit réussi, n’hésitez
pas à demander des conseils. Si vous voulez réussir l’éducation
de vos enfants, des conseils vous seront également utiles.
La meilleure méthode pour cela, c’est de demander l’avis
de personnes objectives et qui nous connaissent bien. Une fois par mois, demandez à quelques
amis de vous indiquer cinq moyens de vous améliorer. Les quatre premiers
points vous paraîtront certainement anodins, et seul le dernier entrera
vraiment dans le vif du sujet !
BIEN REAGIR
Lorsqu’on entend le mot « critique », on imagine immédiatement
quelque chose de négatif et de douloureux. La douleur causée
par la critique provient d’une blessure d’orgueil. Peu importe
la manière dont on s’y prend, on y perçoit toujours un
sournois « je suis nul ».
Le but de la critique n’est pas de vous abaisser, mais au contraire
de vous dire « Tu es quelqu’un de bien, mais je pense que tu peux
faire encore mieux ».
Réprimez votre instinct de défense. Ne réagissez pas
avant d’avoir bien réfléchi. Demandez à votre interlocuteur
de préciser la remarque qu’il vous a adressée et que vous
jugez désobligeante : « Dis-moi précisément ce qui
te dérange. Je veux comprendre si ta critique est fondée ».
Une des manières de traiter la critique, c’est de la dépersonnaliser.
Essayez de ne pas vous sentir concerné et demandez-vous : « quel
conseil donnerais-je à un ami à qui on a adressé cette
critique ? »
Il est douloureux de prendre
conscience de ses fautes, mais il est encore plus douloureux de continuer à vivre en répétant ces mêmes
fautes. La critique est comparable à une aiguille. Elle vous pique et
vous fait mal, mais la douleur finit par disparaître et, finalement,
ses effets positifs se feront sentir toute votre vie.
Lorsque vous aurez compris
que le but de la critique est de vous ouvrir les yeux et de vous mettre sur
la bonne voie, vous éprouverez un sentiment
de gratitude et prendrez l’habitude de dire : « Je vous remercie
vraiment de m’avoir fait remarquer cela ». Même s’il
vous en coûte, et que vous ne pouvez murmurer ces paroles qu’en
serrant les dents !
(Laissez votre orgueil
de côté. En répondant ainsi à celui
qui vous critique de manière malveillante, vous lui couperez tous ses
effets.)
Lorsque vous êtes critiqué :
- N’essayez pas de vous défendre. Souvenez-vous que personne
n’est parfait ici-bas
- Réfléchissez : serait-ce vrai ? Pourquoi voit-il les
choses ainsi ?
- Remerciez celui qui vous adresse une critique
- Allez plus loin : demandez-lui quels sont ses arguments.
SAVOIR CRITIQUER LES AUTRES
Apprenez également à savoir critiquer les autres. Ceux qui sont
en proie à une souffrance spirituelle ou psychique ont besoin d’être
aidés au même titre que ceux qui souffrent physiquement.
Pourquoi, alors, éprouvons-nous une certaine réticence à critiquer
les autres ? Parce que nous voulons être aimés et que nous pensons
qu’ils vont nous en vouloir.
Imaginez que vous voyez
quelqu’un sur le point de tomber dans une cage
d’ascenseur vide. N’allez-vous pas vous précipiter en lui
criant de faire attention ? De même, si votre enfant refuse de prendre
un médicament, allez-vous vous éloigner en disant : « Ce
sirop est réellement trop amer ; je ne vais pas insister pour qu’il
le prenne car il risque de ne plus m’aimer » ? (Essayez plutôt
d’y ajouter une bonne dose de sucre !)
Lorsque nous voyons clairement
les conséquences que pourraient entraîner
certaines fautes, nous avons l’obligation d’intervenir. La Torah
dit qu’il n’est d’amour véritable que celui qui comporte également
la notion de châtiment. Si vous vous sentez réellement concernés
par le comportement d’un ami, vous trouverez un moyen de lui venir en
aide, même s’il n’a pas conscience d’en avoir besoin.
Ne soyez pas négligent. Si vous sentez que quelqu’un est malheureux
ou a un comportement autodestructeur, ne restez pas passif. Ils finiront par
payer le prix de leurs erreurs. Soyez vigilants. Aidez-les.
Lorsqu’on est indifférent, il est facile de se montrer indulgent
pour les fautes d’autrui. Mais plus vous aimez quelqu’un, plus
vous souffrez de le voir se fourvoyer. C’est pourquoi ce sont les parents,
les gens qui s’intéressent le plus à vous, ceux qui vous
aiment le plus, qui vous adressent le plus de critiques. C’est justement
parce que ce sont les êtres qui vous aiment le plus au monde qu’ils
ne peuvent pas se détourner en disant : « Il est en train de gâcher
sa vie, mais je n’y peux rien ».
Nous comprenons maintenant
pourquoi la Torah (Lévitique ch19, v16-18)
fait précéder le commandement de « reprendre son prochain » de « ne
sois pas indifférent au danger que court ton prochain » et le
fait suivre de « tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
C’est l’amour d’autrui et l’obligation de lui venir
en aide qui justifient que nous puissions le critiquer valablement.
SE METTRE A LA PLACE DE L’AUTRE
Pour aider quelqu’un à changer, il ne suffit pas de le critiquer,
de lui jeter la pierre ou de crier plus fort que lui. Il ne s’agit pas
uniquement de lui dire ce que vous avez sur le cœur.
Vous savez bien à quel point il est difficile d’accepter la moindre
remontrance. Pensez-y avant de formuler toute critique. Demandez-vous toujours
: « Quel effet cela me ferait-il si on me disait ça ? Est-ce que ça
me plairait ? »
La critique peut être bénéfique, mais elle peut également
causer beaucoup de dommages. Il est donc essentiel de ne s’y livrer qu’à bon
escient. Si votre remarque doit provoquer de l’animosité ou du
ressentiment, mieux vaut ne rien dire du tout.
Avant de faire des remontrances à quelqu’un, il faut que cette
personne sache que vous l’aimez. Si elle sent que vous avez vraiment
ses intérêts à cœur, elle écoutera ce que vous
avez à lui dire.
Pour chaque mesure de critique,
donnez-lui dix mesures d’amour. Rassurez-la,
faites-lui sentir que vous êtes de son côté. De nombreux
parents font l’erreur de croire qu’ils peuvent critiquer leurs
enfants sans leur dire à quel point ils les aiment.
SAVOIR FAIRE PASSER LE MESSAGE
Le but de toute critique
est d’être acceptée par la personne à qui
elle s’adresse, afin que celle-ci puisse en faire bon usage. Pour cela,
il est essentiel de ne pas déclencher le moindre mécanisme de
défense. Vous pouvez vous inspirer du dialogue suivant :
« J’ai fait quelque chose que je n’aurais pas dû faire
hier soir »
« Ah oui ? Quoi donc
? » demande votre colocataire sans méfiance.»
« J’ai laissé ma
vaisselle sale dans l’évier
après avoir dîné. Je suis désolé. »
« Tu as raison, moi aussi il m’arrive d’oublier de faire
ma vaisselle le soir. Je vais essayer d’y penser »
Mission accomplie, et personne
n’est vexé. Bien sûr, il
peut y avoir différents scénarios, et il n’est pas toujours
aussi facile de faire passer la pilule. Mais avec un peu d’entraînement,
vous arriverez à dire ce que vous avez à dire sans déclencher
de tempête.
Finalement, le reproche
qui porte le plus consiste à donner le bon
exemple au moyen de nos actes. Si certains enfants ne perçoivent pas
l’honnêteté comme une valeur, c’est que leurs parents
ne sont probablement pas très scrupuleux eux-mêmes sur le plan
de l’honnêteté. S’il en était autrement, la
vérité éclaterait aux yeux de tous. Il n’y aurait
ni disputes ni conflits. Le Talmud dit que Moïse était capable
d’instruire le peuple uniquement parce qu’il incarnait totalement
ce qu’il enseignait.
PROUVEZ-LE !
En hébreu, le mot to’ha’ha (critique) vient de la même
racine que le mot ho’ha’ha qui signifie « preuve ».
La meilleure manière de faire évoluer quelqu’un n’est
pas de le réprimander, ou d’essayer de trouver des arguments susceptibles
de le convaincre sur le plan intellectuel. Le seul moyen consiste à lui
donner une preuve irréfutable qui lui permette de comprendre par lui-même
en quoi il est dans l’erreur.
Le Midrash nous rapporte
le dialogue entre le prophète Elie et un pécheur
:
« Est-ce que tu étudies la Torah » demande
Elie.
« Non », répond le pécheur, « je ne suis qu’un
simple pécheur. Je n’ai aucun don particulier et je ne suis pas
très intelligent. »
« Dis-moi » demande Elie, « comment fais-tu pour préparer
ton filet avant d’aller pécher ? »
«Eh bien », dit l’homme, « en fait, c’est assez
compliqué. Il faut d’abord que je choisisse une ficelle de la
bonne taille, et ensuite, je dois tisser les mailles du filet de telle sorte
qu’il soit à la fois souple et résistant ».
« Et comment t’y prends-tu pour attraper les poissons ? » s’enquiert
Elie.
« Oh », dit le pécheur, « là aussi, cela dépend
de pas mal de facteurs assez complexes, tels que la période de l’année,
le moment de la journée, le type de poisson, la profondeur de l’eau,
sa température, et la force du courant ».
«Et tu crois que, lorsque tu seras au paradis », dit Elie, « tu
pourras dire que tu n’as pas étudié la Torah parce que
tu n’étais qu’un simple pécheur, sans aucun don particulier
et sans grande intelligence ? Mais tout ce que tu viens de me raconter démontre
le contraire ! »
La to’ha’ha n’est pas une remarque acerbe. Il faut la voir
comme la réalité dans toute sa beauté nous regardant droit
dans les yeux.
Pourquoi « aimer
la critique » nous permet d’accéder à la
sagesse ?
• Nous voulons tous nous réaliser pleinement dans cette vie.
Mais la subjectivité est inhérente à l’être
humain. C’est aux autres de nous donner leur avis sur notre conduite.
•
Si vous souhaitez ardemment progresser, vous serez toujours avide de conseils
que vous écouterez sans être sur la défensive.
•
Lorsque nous payons pour que des professionnels nous fassent part de leurs
remarques, nous les écoutons avec soin. Sachons également apprécier
les critiques gratuites.
•
Une critique constructive prouve que vous êtes concernés par les
problèmes ou les réussites d’autrui.
• La critique nous permet de prendre conscience de nos erreurs.
•
Le peuple juif forme un tout. Si un Juif souffre, tous les Juifs devraient
ressentir sa souffrance. Aider un autre Juif, c’est s’aider soi-même.
•
Le Talmud dit que Jérusalem fut détruite parce personne ne reprenait
son prochain.
Le roi Salomon disait : « Fais des remontrances au sage et il t’en
aimera davantage » (Proverbes ch9, v8).
Traduction et Adaptation
de Monique Siac