Quand j’étais enfant, en décembre, aux Etats-Unis, ma famille avait un « arbre de ‘Hanoukka » à côté de la cheminée. Il était décoré de boules de verre et de sucres d’orge, de houx et de guirlandes lumineuses, agrémenté d’une étoile au sommet et même d’une crèche.

« Il faut un œil avisé pour distinguer un arbre de ‘Hanoukka d’un sapin de Noël », avais-je coutume de plaisanter avec mes compagnons de chambre à l’université.

Il n’existe rien de tel qu’un « arbre de ‘Hanoukka », bien sûr. Mais cela n’avait pas d’importance pour moi ; je n’en savais pas plus sur ‘Hanoukka que sur Noël. La seule chose qui comptait, c’était la masse de cadeaux qui s’entassaient au fur et à mesure que la fin du mois approchait.

Et le 25 décembre, je me réveillais de bonne heure et me précipitais en bas, galopant avec impatience autour de mes parents, jusqu’à ce qu’ils se joignent à moi pour ouvrir mes nouveaux jouets. Puis, nous allions chez mes cousins pour notre réunion familiale annuelle, nous asseoir dans la salle à manger pour manger de la dinde, du porc farci et des carottes glacées.

Une guirlande « Joyeux ‘Hanoukka » pendait au-dessus de la cheminée, même si ‘Hanoukka était passé depuis longtemps.

Je savais que cette fête avait quelque chose à voir avec de l’huile brûlant miraculeusement (quelle huile ?) et avec une bataille contre les grecs (ou était-ce les syriens ?). Mais dans une maison à l’ambivalence religieuse et culturelle, toute signification idéologique de ‘Hanoukka palissait devant l’échange des cadeaux et les joies de ces deux semaines de vacances.

Il devait s’écouler de nombreuses années, avant que je n’apprenne qu’à l’époque de Judas le Maccabées et des Hasmonéens – il y a 2.163 ans – les flots de l’ambivalence culturelle étaient si hauts qu’ils menaçaient d’inonder la société juive. Bien que les grecs posent un danger réel à l’identité souveraine du Peuple juif, les juifs hellénistes dans leur désir d’un judaïsme à la grecque, mettaient en péril l’intégrité de la tradition juive.

Les juifs avaient survécu aux tentatives dangereuses des babyloniens et des perses pour les anéantir physiquement et spirituellement, mais aucun mouvement auparavant n’avait cherché à redéfinir les croyances et les pratiques qui façonnent le caractère même du Peuple juif depuis le temps d’Abraham.

Les Hasmonéens ont finalement mis les grecs en déroute et les sages juifs ont discrédité les hellénistes. Les prêtres ont à nouveau inauguré le Temple et le miracle de l’huile a annoncé la réconciliation du Peuple juif avec son Créateur.

UNE VICTOIRE DE LA TRADITION

A ‘Hanoukka, nous célébrons donc la victoire de la culture juive traditionnelle sur les forces externes qui se sont efforcées de la renverser et sur les forces internes qui souhaitaient la diluer.

Mais l’écho de ‘Hanoukka ne résonne pas que pour les juifs. Au regard des standards contemporains, la lutte philosophique des Hasmonéens semble droite et sans ambiguïté, alors que les questions d’identité culturelle et religieuse d’aujourd’hui défient les simples définitions et échappent à une compréhension superficielle.

Dans le monde entier – et pas seulement parmi les juifs – des sectes et des dénominations idéologiques revendiquent une authenticité spirituelle, tout en s’attaquant l’une l’autre avec des accusations de fondamentalisme ou de révisionnisme. Les mouvements séparatistes font tout pour se différencier, alors que les multi-culturalistes appellent au rassemblement. Terrorisme, purification ethnique et crimes raciaux dominent l’actualité et nous font nous demander si un abandon pur et simple de la culture et de la religion ne serait pas préférable à tout ce que nous observons autour de nous.

Le danger de la religion, ne réside pourtant pas dans la conviction, ni dans la ferveur religieuse, mais dans l’incertitude. Si les grecs n’avaient pas senti que leurs croyances étaient menacées par le monothéisme juif, ils ne se seraient pas battus aussi désespérément pour écraser le judaïsme.

Et si les juifs hellénistes avaient eu plus d’assurance dans la foi de leurs pères, ils n’auraient jamais envisagé de compromettre leur héritage en recherchant une synthèse avec la culture grecque.

Celui qui sait en quoi il croit et pourquoi il croit, est immunisé contre l’attirance des cultures étrangères et se montre tolérant envers des cultures différentes sincères. Il ne sera ni menacé, ni séduit par la philosophie des autres, parce qu’il est sûr de la sienne. Il pourra vivre en harmonie avec les autres et oeuvrer pour le bien-être collectif sans sacrifier ses idéaux, ni compromettre ses valeurs.

GUERRES SAINTES

Il est triste que tant de sang ait été versé au Nom de D.ieu – très peu avec son approbation réelle. Mais la croyance rationnelle en une divinité bienveillante, observée avec conviction et constance, est le moyen le plus sûr pour traverser ce paysage changeant aux modes sociétales et aux valeurs relatives, pour vivre une vie intègre au sein d’une société trop souvent prête à vendre son intégrité et pour suivre des chemins de paix dans un monde qui semble trop souvent prompt à la guerre.

Pendant plus de 2.000 ans, les lumières de ‘Hanoukka ont brûlé comme symbole de sagesse spirituelle – la sagesse de se connaître et de connaître son Créateur, d’être certain du savoir de sa propre culture et de ses croyances, de respecter la vérité et de la reconnaître sous toutes ses formes.