C’est sans doute le premier film qui nous donne à voir, depuis « Le
Dybbouk » le monde orthodoxe de l’intérieur. En effet, si
le metteur en scène, Giddi Dar n’est pas religieux, c’est
Shuli Rand, le héros du film, qui en a écrit les dialogues, dans
lesquels il a dû faire passer beaucoup de son expérience personnelle
de baal techouva.
« Ushpizin » est une comédie aux allures de conte hassidique
moderne que n’aurait pas désavoué Rabbi Nahman de Breslav,
et dans lequel les personnages principaux, Moshe et Mali Ballanga (incarnés
par Shuli Rand et sa femme, Michal Bat-Sheva Rand) vont voir leur foi éprouvée
par une série de miracles et d’épreuves.
L’histoire se déroule à Jérusalem, au sein d’une
communauté de hassidim de Breslav, à la veille se Souccoth.
Moshe et Mali sont mariés depuis cinq ans et n’ont pas d’enfant.
Ils sont encore dans un processus de techouva et mettent en pratique avec ferveur
les enseignements de rabbi Nahman: ne jamais désespérer, pratiquer
l’hospitalité, croire à la force de la prière, pratiquer
les mitsvoth dans la joie, ne jamais se mettre en colère.
Mais comment ne pas désespérer alors que la fête approche
et qu’ils n’ont pas de Souccah, pas d’argent, pas d’invités…
Un premier miracle se produit
sous la forme d’un don anonyme inattendu
de 1000 dollars. De quoi payer leurs dettes, préparer un repas de fête
et acheter un Etrog parfait. Ils vont même bénéficier,
in extremis, d’une Souccah magnifique. Quant aux invités, la Providence
va tester leur sens de l’hospitalité en leur envoyant, en guide
d’Ushpizin, deux repris de justice en cavale, dont l’un est un
ancien ami de Moshe, témoin de son passé de mauvais garçon.
La confrontation entre
ce milieu de hassidim tolérants, ennemis de
toute violence, verbale ou physique, et ces deux truands vulgaires, menteurs,
pique-assiettes sans vergogne et ignorants, donne lieu à des scènes
savoureuses.
Mais le doute va s’insinuer entre Moshe et Mali : jusqu’où doivent-ils
supporter ces hôtes encombrants ?
Leur patience et leur
retenue seront récompensées : les truands
comprendront d’eux-mêmes qu’ils sont allés trop loin,
et l’enfant tant attendu leur sera finalement accordé.
Sur le plan technique,
Giddi Dar a fait un travail remarquable. Les décors
naturels de ce quartier religieux de Jérusalem (j'ai eu l'impression
qu'il avait tourné à Shaaré Hessed) ajoutent énormément
d'authenticité à l'histoire. Il a souvent recours aux gros plans
qui permettent d'apprécier le jeu des acteurs, notamment de Michal Bat-Sheva
Rand dont le beau visage expressif traduit la moindre nuance de sentiments.
Ushpizin, un film de de Gidi Dar avec Shuli Rand, Michal Bat Sheva Rand, Shaul
Mizrahi, et Ilan Ganami