En effet, il semble par
moment s'y tisser tout un réseau de problématiques ayant trait
plus ou moins ouvertement au Bien et au Mal, au Pur et à l'Impur, au
Sacré et au Profane, à la quête du Salut.
Un paganisme y affleure
qui pourrait s'avérer très efficace dans l'élaboration
d'une nouvelle sensibilité religieuse.
Le bâton récurrent dans tous les films peut être perçu comme une sorte de crucifix nouvelle génération.
Que ces films aient pour
toile de fond une sorte de sorcellerie néogothique, une pseudo apocalypse
médiévale ou des puissances sataniques robotisées, il s'agit
peu ou prou de confronter le spectateur à une forme d'expérience
spirituelle où les héros utilisent le fantastique, le magique
ou le surnaturel, pour mettre en place un code de valeur éthique et moral.
Le bâton (balais de
sorcière ou tube phosphorescent) récurrent dans tous les films
et sur les affiches peut être perçu comme une sorte de crucifix
nouvelle génération.
Loin des exigences responsabilisantes
du monothéisme " classique " ces immenses Halloween hollywoodiens
pourraient finir par exercer une fascination envoûtante sur des enfants
malléables et en perte de repères.
Ces films et ces récits jouent peut-être le rôle d'un fantasme de la maîtrise d'une technologie qui au fond nous angoisse.
Qu'aujourd'hui Halloween
ait supplanté la Toussaint ou le Lundi de Pâques n'est pas qu'une
anecdote sociologique. Dans ces films tout se joue dans l'univers violent du
miracle et de la baguette magique. Nulle place n'est laissée à
la parole (les enfants restent bouche-bée) ni à la réflexion.
Tout se passe un peu comme
dans nos sociétés " technologisée " : on appuie,
on clique, on tape et " miraculeusement " ça fonctionne. Ces
films et ces récits jouent peut-être le rôle d'un fantasme
de la maîtrise et comblent les peurs d'une technologie qui au fond nous
angoisse.
Chacun sait que Moïse,
notre Maître, s'est vu refuser l'entrée en Terre d'Israël
parce qu'il avait frappé de son bâton le rocher qui devait donner
à boire à son peuple.
Pourtant, juste après
l'épisode de la Mer Rouge, il avait déjà agi de la sorte
et cela n'avait nullement prêté à conséquence.
Après avoir reçu la Torah, les Hébreux ne devaient plus être soumis à la violence indiscutable de l'acte miraculeux.
Le Emek Davar (commentaire
du Natsiv de Volojin -Naftali Tsvi Yéhouda Berlin (1854-92), sur le Pentateuque)
dans son introduction au livre des Nombres explique qu'entre les deux épisodes,
la Torah avait été donnée.
Dès lors, Moïse
aurait dû comprendre que le bâton était périmé.
Après avoir reçu la Torah, les Hébreux ne devaient plus
être soumis à la violence indiscutable de l'acte miraculeux. Le
don de la Torah avait inauguré une nouvelle ère où la réflexion
et l'analyse primaient sur l'image et la baguette magique. Il fallait parler
au rocher.
Lorsque le Talmud enseigne
une loi importante, il s'écrie : " Viens et entend ! "
(en-tendre à prendre ici au sens premier d'être tendu vers une
réflexion) jamais " Viens et vois ! ", la vision étant
réservée à l'époque qui suivra l'arrivée
du Messie, époque à laquelle toutes les ambiguïtés
de l'image seront levées.
Méfions-nous donc
de la densité " religieuse " de ces films. Elle pourrait insidieusement
introduire chez nos enfants un nouveaux type de relation à la Foi, ainsi
que restaurer pour les hommes de conscience et de parole que nous sommes l'ère
de la baguette magique et du coup de bâton !