Q. : J'ai passé avec quelqu'un un accord verbal où je m'engageais, contre rétribution, à faire pour lui quelque chose. Quand je lui ai dit que j'allais reprendre ce que j'avais fait pour lui s'il ne me payait pas, il m'a mis au défi de le faire et a cessé d'utiliser mon travail. Il prétend maintenant que du moment qu'il n'utilise pas mes prestations, il ne me doit rien du tout.
Je ne suis pas du tout d'accord avec lui, et j'ai trouvé un moyen de me faire rembourser de ce qu'il me doit sans qu'il le sache. Je me demande cependant si cela est vraiment conforme à l'éthique. Puis-je récupérer mon argent par ce moyen ? Faut-il que je restitue ce que j'ai déjà pris ?
R.
Votre situation illustre parfaitement le vieil adage : " Un accord verbal ne vaut pas le papier sur lequel il est rédigé. " Quand un contrat reste non écrit, il est plus que probable que des désaccords vont s'élever, et ils seront beaucoup plus difficiles à résoudre.
Une autre difficulté réside dans le fait que votre accord semble être vraiment ambigu. Lorsqu'un accord est vague, l'une ou l'autre des parties est portée à penser qu'elle a été trompée ; et même le plus scrupuleux des hommes peut être tenté d'en venir à des mesures extrêmes quand il s'imagine que d'autres profitent de lui. Il faut éviter cette tentation dans tout contrat en s'assurant que les deux parties comprennent exactement leurs obligations.
Si votre sentiment de frustration est compréhensible, le vol n'est pas un moyen idéal de résoudre les conflits en matière de contrats. Mieux vaut essayer de convaincre son co-contractant de transiger ou de se soumettre à un arbitrage. S'il s'y refuse ou si les arbitres vous donnent tort, il faudra que vous rendiez l'argent.
Dans la mesure où vous risquez, en informant votre adversaire que vous lui avez volé son argent, de vous mettre tous deux dans une situation embarrassante, vous pouvez procéder à la restitution de la même manière que celle que vous avez employée pour lui prendre son bien, c'est-à-dire à son insu. La loi juive reconnaît qu'il est parfois plus facile de faire ce que l'on doit en agissant secrètement, et elle permet, afin d'encourager l'honnêteté et de maintenir des relations harmonieuses, de dissimuler un paiement.
Sources : Ahavath 'héssed I 10, 13, annotation citant Sefath Tamim ; Choul'han 'aroukh, 'Hochèn michpat 4, 1 ; 70, 1 ; 355, 1.
Peut-on opérer une compensation sur du temps de travail passé à ne rien faire ?
Q. : Je travaille pour une entreprise consultante. La plupart du temps je n'ai rien à faire. Puisque notre client principal est l'Etat, nous devons remplir des feuilles de présence. Il m'est permis, si nécessaire, de procéder à des compensations sur le temps. Ma question est : comment compenser du temps où je suis resté inoccupé ? S'il m'arrive un jour de partir une heure plus tôt, est-ce que je dois rester plus longtemps le lendemain à ne rien faire ?
R.
Réfléchissez ! Si vous aviez à faire mon travail, vous pourriez décompter comme heures ouvrées le temps que vous passez à réfléchir à ce qu'il convient de faire.
Pour en venir à votre question, falsifier des feuilles de présence est immoral, de ne pas dire illégal. Je suppose que vous vous demandez si c'est vraiment une falsification que décompter les heures que vous occupez chez vous à vous curer les ongles, puisqu'il vous est permis de prendre en compte celui que vous passez au bureau à faire la même chose.
Votre problème est moins une question éthique qu'une question contractuelle : Qu'exige le gouvernement de ceux avec lesquels il passe des contrats ? Vérification faite, il me semble que vous devez effectivement rester plus longtemps le lendemain à ne rien faire si vous voulez être payé pour une semaine entière. Je suppose qu'il est logique, si on vous paie pour travailler, que vous décomptiez les heures que vous avez passées chez vous si c'est là que vous accomplissez votre travail. Mais si vous ne faites aucun véritable travail, cela veut dire que vous êtes rémunéré pour faire acte de présence au bureau et pour que vous soyez disponible au cas où l'on aurait besoin de vous.
Vous pouvez, bien évidemment, vous demander si vos fonctions font vraiment appel à une utilisation maximale de vos compétences. D.ieu donne à chaque personne un potentiel unique, et le temps que nous consacrons à notre gagne-pain doit également faire partie de notre contribution au monde. Efforçons-nous de faire le meilleur emploi possible de notre temps.
Sources : Avoth 2, 15.
Traduction et adaptation de Jacques KOHN