Selon National
Geographic, « le football unit le monde. » La Coupe
du Monde a le mérite de rassembler sur un terrain de football des citoyens
de pays même ennemis afin qu’ils jouent ensemble.
Dans un monde
déchiré par la guerre et le terrorisme, on ne
peut qu’accueillir favorablement ce changement. Même si un match
de football engendre des bagarres, c’est une grande amélioration
par rapport à l’autre situation.
Mais un problème plus profond se tapit à l’arrière-plan.
Car l’unité, ce n’est pas seulement un arrêt des agressions
ou la coopération à une entreprise mutuellement avantageuse.
C’est un dénominateur commun entre deux parties. Par exemple,
ce qui unit les Etats-Unis d’Amérique, c’est un certain
sens des droits de l’homme et du processus démocratique.
Le point qui unit
une collectivité - le dénominateur commun
- définit son essence.
Dans le sens le
plus large, l’humanité est définie par
son dénominateur commun. Si ce qui avait unifié les hommes, c’était
la faim en Afrique ou le génocide de Darfour, il nous aurait été loisible
de conclure que l’altruisme ou l’intérêt pour autrui
sont les dénominateurs communs du genre humain.
Si les grands
travaux menés en science ou en philosophie avaient créé une
telle cohésion universelle, le progrès intellectuel serait alors
la caractéristique centrale définissant l’humanité.
Que peut-on dire
au sujet de l’humanité quand on voit que de
tirer entre les montants des buts a le pouvoir de faire sortir de sa torpeur
aussi bien le gentleman anglais que l’artiste français ou que
le financier suisse ?
Le terme « unité » possède en lui-même une
connotation de sacré. Deux événements dans la conscience
juive témoignent d’une telle unité. L’un deux est
la Révélation au mont Sinaï.
Dans le Talmud,
il est écrit que les Juifs campèrent autour
de la montagne en totale unité - « comme un seul homme, d’un
seul cœur ». Ce n’est pas seulement l’unité qui
constituait le trait fondamental mais, de manière plus importante, le
dénominateur commun qui reliait les Juifs entre eux, à savoir
leur désir d’étudier et de comprendre la volonté divine.
Il y a quelques
mois, nous avons eu un petit aperçu de ce genre d’unité.
Il y a environ cent ans, un grand rabbin institua un plan d’étude
unifié destiné aux Juifs du monde entier et consistant à étudier
le Talmud à raison d’une page par jour et d’un cycle achevé tous
les sept ans et demi. Que le Juif de Paris se rende à Londres, Johannesburg
ou New York, quelle que soit sa destination, il trouvera d’autres Juifs étudiant
la même page de Guémara.
Les cérémonies qui ont marqué l’année dernière
l’achèvement de la Daf Yomi ont rassemblé près de
cent mille participants. L’événement, qui a relié les
Juifs aux quatre coins du monde via satellite, fut très émouvant
: tant de gens, unis par une entreprise de si haut niveau.
Cette unité s’exprime également pendant les Jours redoutables
(Roch Hachana et Yom Kippour), lorsque, plongés au plus profond de notre
prière, nous murmurons, « Puissent [toutes Tes créatures]
former un seul faisceau pour accomplir Ta volonté d’un cœur
entier ... et puisse chacune de Tes créatures reconnaître que
c’est Toi qui les a créées. »
L'idée qui est au centre de ces prières est l'unité de
toute l'humanité réunie par l'idéal le plus profond de
l'homme : la recherche de l'empreinte Divine qui existe en chacun. Bien entendu,
notre but n’est pas d’imposer par l’épée ce
que nous reconnaissons comme la vérité; D.ieu n’a nul besoin
qu'un esprit adhère sous la contrainte. Au contraire, nous prions pour
que chaque être humain perçoive tout au fond de lui ce qu'il y
a de plus profond à reconnaître en tant qu'homme et qu'il laisse
cela unir l'humanité.
Dans un monde
où règnent le crime, la cruauté et le vol,
la cessation même temporaire de la violence, l’encouragement à la
paix sont bienvenus. Et si le football peut y contribuer, alors je suis prêt à faire
le don d’un ballon.
Mais c’est aussi la période idéale pour élargir
notre vision de l’unité. Les pieds sont-ils le seul dénominateur
commun du genre humain ? Prions pour le jour où les cœurs et les
esprits des gens s’uniront en quête de compréhension et
de bienveillance ; notre dénominateur commun sera alors l’image
divine qu’il y a dans chaque être humain.
Traduction et Adaptation de Claude
Krasetzki