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Famille / Couple et sexualité back  Retour
Se disputer en paixAllez vous coucher en colère… disputez-vous avec votre conjoint… Cela peut sembler à première vue une drôle de méthode pour obtenir la paix dans son couple, mais ça marche.

Nous étions jeunes mariés quand nous avons reçu un jeune homme un soir pour le dîner, il découvrait Israël et a atterri à notre table de Chabbat. Je ne me rappelle plus dans quel contexte, mais il nous a posé la question suivante : « Vous ne vous êtes encore jamais disputé, n’est-ce pas ? »

Son étonnement a été remarquable, lorsque nous avons reconnu que cela nous était déjà arrivé, et même plusieurs fois. Son idéal du mariage parfait venait de se briser en mille morceaux. Nous n’avons jamais revu ce jeune homme, mais il est certain que s’il n’a pas reçu de plus amples éclaircissements sur le mariage, il a couru droit à la catastrophe.

Le mariage est fait de conflits, on ne peut y échapper. Deux personnes fondamentalement différentes, opposées de par leur sexe et de par certains aspects de leur caractère, se retrouvent dans une intimité permanente. Les désaccords sont inévitables, de même que les discussions animées et les disputes.

La clef d’un mariage réussi et d’une relation vibrante qui s’enrichit constamment, est de savoir se disputer en paix.

Les désaccords peuvent en effet être un bon moyen d’élargir son champ de vision et de stimuler sa croissance personnelle. Le véritable secret d’un mariage qui dure, n’est pas l’absence de conflits, mais la façon dont on les résout.

Voici mes conseils personnalisés pour résoudre les conflits avec succès, fondés sur ma propre expérience du mariage et sur l’observation d’amis et de voisins.
 

NE PERDEZ PAS DE VUE QUE L’OBJECTIF PREMIER EST LA PAIX

Nous l’apprenons de la Torah qui place en maints endroits la paix au sein du couple avant d’autres commandements. Comme l’énonce ce dicton des Maximes des Pères (1 : 12) : « Soit parmi les disciples d’Aharon qui aiment la paix et la poursuivent. »
 

ALLEZ VOUS COUCHER EN COLèRE

Pour tous les vétérans des cours préparatoires au mariage, cette idée peut paraître révolutionnaire. En prodiguant des conseils lors de conférences avant le mariage, l’un des orateurs à certainement dit aux futurs époux : « N’allez pas vous coucher si vous êtes en colère ». Contrairement à la croyance populaire, ceci n’est pas la meilleure méthode.

D’expérience, vous admettrez que le soir, tout semble plus noir (au propre comme au figuré) – les soucis mineurs sont exagérés, les peurs et les angoisses sont magnifiées. Dans cet état d’âme, on ressent la souffrance plus intensément et il est très facile de se laisser entraîner dans la spirale infernale de disputes et récriminations. La meilleure politique est donc d’attendre le lendemain.

En agissant ainsi, vous vous apercevrez souvent que le sujet qui paraissait brûlant la veille, a perdu de son importance. A la vive lueur du jour, ce problème pour lequel vous avez débattu des heures durant à travers des flots de larmes et en ressentant cruellement le besoin de dormir, semble maintenant trivial. Vous vous regardez dans le miroir en vous demandant : « De quoi s’agissait-il au juste ? »

Et si après une bonne nuit de sommeil qui vous a permis de retrouver votre calme, la question s’avère toujours urgente, il vous sera plus facile de discuter de manière rationnelle et productive dans la lumière plus douce du jour.
 

NE VOUS AVOUEZ PAS VAINCU DèS LE DéPART

Quand nos amis Audrey et Richard se sont mariés, Richard oubliait fréquemment d’appeler à la maison – pour voir si tout allait bien, pour dire qu’il avait du retard, etc. Blessée de ce manque d’attention, Audrey a décidé de ne plus lui parler.

Richard s’en est trouvé perplexe : « Si tu trouves que nous ne communiquons pas suffisamment, pourquoi réagis-tu en cessant de me parler ? »

Audrey souhaitait une plus grande intimité, mais sa réaction au manque d’attention apparent de son mari, a été de le repousser.

C’est un schéma classique. Les femmes sont souvent peinées du manque d’attention de leur mari, mais au lieu de profiter de leur présence quand ils sont là et de discuter de solutions éventuelles, elles réagissent en s’emmurant dans le silence. Le mari est vexé et confus et un cycle destructeur se met en place.

Expliquez à votre mari ce que vous attendez de lui, laissez-le exposer ce qu’il est en mesure de faire. Et quelle que soit votre décision pour atteindre une plus grande paix dans le couple, ne rejetez pas votre conjoint, vous ne ferez qu’en souffrir.
 

AVOIR RAISON N’EST PAS LA QUALITé SUPRêME

Au fur et à mesure que la date du mariage approchait, David et Chantal aménageaient leur future maison. Chantal choisit un tapis magnifique. Comme il n’était pas vraiment du goût de David, celui-ci le manifesta. La discussion s’envenima et David alla consulter un conseiller conjugal. Il s’avéra que le tapis importait peu à David, mais qu’il craignait en cédant de perdre toute autorité au sein du couple. Il a voulu montrer qui était le patron, parce qu’il aime sentir qu’il a toujours raison. Malheureusement, leur mariage n’a pas duré longtemps. (Chantal aimait elle aussi faire les choses à sa manière.)

Pour une relation durable, l’attachement et l’attention sont plus importants que le fait d’avoir toujours raison.

La stabilité et le bonheur dans le mariage dépendent de :

a. votre capacité à vous interrompre au milieu d’une dispute pour vous demander :
’ Quel est le véritable problème ?’ ;

b. votre capacité à écouter de manière logique un argument imparable du point de vue de l’autre ;

c. votre capacité à accepter la défaite sans garder rancune ;

d. votre capacité à comprendre que la défaite n’en est pas une, parce que si vous résolvez le conflit de manière agréable et avec bonne volonté, ce sera votre victoire à tous les deux.

Pour encourager des échanges plus productifs, une solution consiste à déterminer à qui le problème tient le plus à cœur. Peut-être que personne n’a ni tort ni raison, qu’il ne s’agit pas d’un problème moral particulier, mais que cette question représente juste plus pour l’un que pour l’autre.

Vous n’êtes pas d’accord avec votre conjoint, vous avez de bons arguments à invoquer, mais vous l’aimez et vous voulez son bonheur. Alors si c’est tellement important pour lui, cédez. Ceux qui veulent toujours avoir raison se sentent souvent très seuls.
 

CHOISISSEZ VOS BATAILLES

Combien d’histoires n’avons-nous pas entendu de tubes de dentifrice mal fermés ou de chaussettes qui traînent ? Je ne comprends pas. Si vous trouvez le tube de dentifrice ouvert et que cela ne vous plaît pas, fermez-le, combien de secondes cela vous prend-il ? Comme si cela ne vous arrivait jamais d’oublier quelque chose ?

Cela peut paraître ridicule, mais nous avons tendance à accorder trop d’importance à des futilités. Cela traduit parfois un problème plus profond. Mais souvent, c’est simplement l’accumulation de tensions quotidiennes à vivre ensemble qui s’exprime jusque dans les moindres détails.

Mon amie Myriam a cette obsession avec les serviettes. Elles doivent toutes être pliées et accrochées dans la salle de bain. Son mari ne fait jamais attention et laisse les serviettes en boule après les avoir utilisées.
Myriam aurait pu gentiment faire la remarque à son mari, mais comme il est du genre étourdi, il ne s’en souviendra probablement jamais. Elle pourrait tempêter, crier, taper du pied et faire une scène au sujet de ces serviettes, son mari comprendrait peut-être, mais cela en vaudrait-il vraiment la peine ?

Myriam est une femme intelligente et dévouée. Elle a donc décidé de remettre elle-même les serviettes soigneusement en place. Et c’est ce qu’elle fait depuis seize ans !

Pourquoi imposer nos petites exigences aux autres ? Il y a bien trop d’autres sujets d’importance qui demandent une réflexion et des discussions approfondies et qui sont susceptibles de provoquer des disputes pour que nous gaspillions notre énergie inutilement.
 

USEZ DE VOTRE EMPATHIE

Cela peut paraître hors sujet, mais les gens en viennent trop souvent à la dispute, parce qu’ils ont accumulé une souffrance.

Nous tirons cette leçon de l’histoire de Caïn et Abel. Caïn était profondément malheureux que D.ieu ait refusé son offrande. Il a donc cherché querelle à Abel. Il a trouvé un prétexte (le Midrash suggère l’argent, les femmes ou les biens, les coupables habituels), mais la véritable cause était sa peine.

Sam a eu un mauvais jour au bureau. Son patron n’a pas aimé sa nouvelle idée pour la campagne publicitaire et il n’a pas mâché ses mots pour le lui dire. Sa secrétaire a envoyé d’importants courriers aux mauvaises adresses et son ordinateur a crashé. Alors quand Sam est rentré et que sa femme lui a annoncé en souriant que le dîner aurait un peu de retard, il a explosé.

Inutile de dire que sa femme, Debby, lui a servi une réponse de son cru et que la soirée a été complètement gâchée. Si Debby avait réussi à garder son calme, elle aurait vu que son mari était extrêmement contrarié. Elle aurait tout de suite compris que quelque chose n’allait pas et aurait essayé de l’apaiser en lui proposant son aide.

Cela demande en effet beaucoup d’abnégation et de sang-froid, mais imaginez un instant que votre patron vous ait crié dessus, ne garderiez-vous pas votre calme ? Et si un agent de police vous interpellait, ne vous mordriez-vous pas la langue pour répondre poliment ? Votre conjoint n’est-il pas plus important ? Votre mariage n’est-il pas plus précieux ?

Beaucoup connaissent l’histoire célèbre de Rav Aryeh Levin qui se rendit avec sa femme malade chez le médecin et déclara : « La jambe de ma femme nous fait mal. » Telle était leur expérience de l’unité et leur partage de la souffrance.

Vous avez le choix :

1. Vous vous querellez avec acrimonie : vous ne blessez pas seulement votre conjoint, mais vous vous occasionnez également beaucoup de peine et vous abîmez votre mariage par la même occasion.

2. Vous travaillez à une résolution du conflit à l’amiable : votre lien conjugal s’en trouve renforcé et vous approfondissez votre sentiment d’intimité et d’attachement. Vos objectifs ne font qu’un.

Quelle sorte de mariage voulez-vous ?

 

Traduction et Adaptation de Tsiporah Trom 


A PROPOS DE L'AUTEUR
Emuna BRAVERMAN
Emuna Braverman est diplômée de droit de l'Université de Toronto et d'un Master en Psychologie de la Pepperdine University. Elle et son mari vivent avec leurs neuf enfants à Los Angeles, où ils travaillent pour Aish HaTorah. De plus, elle donne des cours de Judaïsme et anime des cours de gastronomie Cachère.
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COMMENTAIRE(S) DE VISITEUR(S)  1
Félicitations! - 23 Décembre 2006 - par HAMELIN Samuel
Vraiment très bien votre article! Je suis étonné de trouvé des conseils aussi justes, réalistes et pratiques. De plus, j'apprécie votre attachement du caractère sacré du mariage.
Merci encore!
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