Kéter se
manifeste dans le monde comme une “volonté” inexplicable
qui va au-delà de la raison ou de la cause et de l’effet.
Avant de clore le compte
des séfirot, intéressons-nous à une
séfira particulière qui n’est jamais dénombrée
avec les autres. Il s’agit de kéter, “couronne”. A
chaque fois qu’elle est incluse, la séfira de daat est omise.
En quoi consiste kéter et pour quelle raison elle n’est pas insérée
normalement dans les séfirot?
Nous avons représenté les séfirot comme une chaîne
de commandes commençant avec l’idée (ho’hma) et se
terminant avec l’accomplissement (mal’hout). Néanmoins,
un acte ne débute vraiment jamais par “l’idée” mais
plutôt par la “volonté” ou le “désir”.
Par exemple, une personne
projette de bâtir une maison. Pour lui. la
construction commence d’abord par une image mentale de la maison et se
poursuit jusqu’à sa réalisation finale. Mais la racine
réelle de “l’idée” est la volonté et
le souhait d’avoir plus de confort ou de faire étalage de son
opulence ou toute autre motivation possible. Cette volonté ou ce désir
sont analogues à la séfira de keter.
Alors pourquoi ne la compte-on
pas avec le reste des séfirot?
La réponse est que c’est une caractéristique si fondamentale
et si profonde qu’on ne peut pas vraiment l’évaluer. Ainsi,
imaginons un homme d’affaire qui offre à un de ses confrères
un repas somptueux. Quel est son motif? Faire en sorte que son interlocuteur
soit de bonne humeur. “Et en quoi cela aidera?” “De cette
manière, il signera le contrat.” Pourquoi? “ De telle sorte
que je réalise de jolis bénéfices.” Pourquoi? “Afin
que je devienne riche.” Pourquoi? “Parce que je le veux.”
On peut suivre la trace
de ses raisons jusqu’à un certain point.
Arrivé là, on se heurte à un roc appelé “désir” ou “souhait” dont
la traduction en toute autre chose est impossible. On ne peut pas l’analyser
en termes de cause et effet car c’est un axiome faisant partie de la
personnalité.
C’est le keter au
niveau individuel.
Dans les royaumes supérieurs de spiritualité, kéter est
la volonté divine primordiale. Il ne se laisse pas analyser. Et par
conséquent, il n’est pas réellement inclus dans le compte
des séfirot car, comme nous l’avons expliqué auparavant,
les séfirot sont des outils quantifiables utilisés par D.ieu
et qui s’imbriquent dans la chaîne des causes et effets. Etant
donné que kéter n’est qu’une cause, il ne fait pas
vraiment partie du système.
On peut parcourir de nombreuses étapes de la Providence divine ayant
une cause et un effet. Mais il nous faut reconnaître que l’origine
de toutes ces raisons est “d’accorder le bien à Ses créatures.” Aussi
ne sert-il à rien de se demander, “Pourquoi D.ieu le veut?” car
on est parvenu alors au niveau axiomatique de la Providence divine.
Cause et effet
Nous venons d’expliquer que kéter n’avait pas véritablement
de “causes” discernables. De même pour ses “effets”.
Ses “effets” sont
de deux types:
1. Directs et mécaniques. Par exemple, en appuyant sur un interrupteur,
on relie deux pièces de métal et la lumière s’allume.
2. Indirects et diffus.
Ainsi, l’enseignement ou l’écriture
peuvent avoir un impact sur des groupes de gens en les remuant et en les faisant
changer.
Dans le second cas, on
est sûr qu’il y aura des résultats
mais il est impossible de les estimer et de les observer directement.
C’est la nature même de kéter. Il a une incidence sur les
autres séfirot et participe à leur production mais de manière
non calculable.
La raison pour qu’il
en soit ainsi est profonde.
Le premier groupe de séfirot - “rationnelles’ ou “intellectuelles” - est
constitué de ho’hma, bina et daat. La quantification, l’organisation,
les causes et les effets directs, prennent tous leurs racines dans le processus
rationnel. Tout type d’activité qui précède ces
séfirot est à l’extérieur du processus rationnel.
Il ne peut être mesuré ni structuré de manière séquentielle.
Pour cette raison, bien que ce soit manifestement la séfira de kéter
qui déclenche les autres séfirot, il est impossible de la localiser
avec précision.
La source
Ceci est la raison pour
laquelle cette séfira est appelée kéter, “couronne”.
Toutes les autres séfirot sont comparées au corps humain, qui
commence par la tête pour se mettre ensuite en action. Mais la couronne
d’un roi repose sur sa tête et assure la liaison entre le concept
de “monarchie”, abstrait et impalpable, et la tête royale,
qui, elle, est bien concrète et tangible.
Il ne s’agit pas d’une connexion directe et mécanique comme
celle qui existe entre les bras, les jambes et le corps. Ni même d’un
lien plus subtil unissant l’esprit au corps. En fait, la couronne “octroie” à la
personne le pouvoir et les prérogatives de la royauté. Ce n’est
que quand le roi se rend compte ou est conscient de sa position qu’un
processus linéaire se met en place. Il s’interroge, “Que
suis-je supposé faire en tant que roi? Quelles sont les conditions préalables
nécessaires afin de remplir mes engagements? Et alors il se met en devoir
de les exécuter.
Par conséquent, on peut dire que kéter est sous certains points
de vue une séfira et sous d’autres n’en est pas. Son existence
est certaine; c’est même la source de toutes les séfirot
mais il vaut mieux ne pas la dénombrer en leur sein.
Dans une article précédent, nous avions expliqué que
le verset “et la ho’hma vient de nulle part” signifiait que
la ho’hma était la première séfira. Cependant, les œuvres
cabalistiques affirment que ce “nulle part” est en fait la séfira
de kéter. C’est un “nulle part” auquel l’on
ne peut jamais faire face directement ni estimer ni analyser. Mais en ce qui
concerne la ho’hma, on sait qu’elle a été précédée
par kéter. Tel le ruisseau jaillissant du sol, la ho’hma en est
la première goutte d’eau discernable mais on sait toujours qu’il
y a une source - à jamais invisible - dont elle émane.
Traduction et Adaptation
de Claude Krasetzki