La sefira de yessod
ancre le monde dans sa base spirituelle
Le mot yessod veut dire “fondation”.
Pourquoi donc ce terme est-il utilisé pour caractériser cet
attribut ?
Tout d’abord, définissons ce qu’est une fondation dans
le domaine de la construction. Une personne bâtit un immeuble grand et
imposant. Celui-ci peut être constitué des matériaux les
plus beaux et être édifié au moyen de la technologie la
plus avancée, il n’en demeure pas moins qu’il s’affaissera
et disparaîtra dans le sol s’il n’est pas arrimé à une
base solide. La fondation est ce qui permet à un bâtiment d’exister
au sommet d’une réalité solide.
L’univers tel qu’il a été créé est
pareil à ce grand bâtiment. Il est impressionnant et splendide
mais sur quoi “repose-t-il’?
Une description en est
fournie par le verset “D.ieu a suspendu la terre
sur le néant”. Ce “néant” ne fait pas référence
simplement au vide de l’espace mais plutôt au but de l’existence.
Quoiqu’on puisse retrouver les causes et les effets jusqu’au énième
degré dans le monde physique, on ne pourra jamais remonter jusqu’au
bout. D’où viennent ces lois mêmes qui agencent cette suite
d’événements? Quelle est la cause de la cause originelle?
En fait, on ne connaît aucune cause initiale logique qui ait provoqué quelque
chose d’autre - elle est, elle-même, sans cause.
La réponse à ce prétendu paradoxe, c’est l’attribut
de yessod, le pilier sur lequel finalement le monde repose.
Le Pilier divin
Mais qu’est-ce le Pilier divin? Est-ce la volonté divine
de donner aux autres?
S’il n’y avait pas une telle volonté divine, alors un univers
qui donne l’impression d’être indépendant de D.ieu, ainsi
que l’est notre univers, ne pourrait pas exister. Ce n’est que
parce que D.ieu “souhaitait donner” qu’Il a créé un
monde ayant ses propres lois autonomes et des humains se considérant
comme des êtres totalement indépendants.
Ceci est le “pilier” qui, en prenant appui sur la base de la réalité (qui
est D.ieu Lui-même), s’est étendu pour devenir la fondation
de notre monde.
Examinons cette analogie:
Un être humain se développe à partir d’une simple
cellule. (Alors que la conception nécessite deux cellules - celle
de la mère et celle du père -, l’action de la mise
au monde d’un enfant est initiée par le père.) Quelle est
l’origine de cette cellule? Le désir du père d’engendrer
un enfant. Quelle en est la raison? On ne peut discerner aucune réponse à cette
question en considérant l’existence même de l’enfant.
Le problème est le même pour le monde et l’attribut du
yessod. On se demande pourquoi ce monde existe et notre réponse est:
parce que D.ieu a décidé de nous octroyer l’existence.
Le fait que nous existions démontre définitivement l’authenticité de
cette réponse. Et ce n’est pas l’existence de l’univers
qui la fournit.
Imaginons une personne
qu’un étranger a soudainement frappé.
La seule chose que la victime puisse affirmer avec certitude est que “untel
a tenté de le blesser.” Le pourquoi de cet acte est “pre-interactif” et
tombe dans la catégorie de la pure “conjoncture”, bien qu’il
soit particulièrement aisé de procéder à des déductions.
Il en est de même concernant “le désir de D.ieu de créer”;
c’est le premier contact interactif qu’on a avec Lui. Les raisons
qui L’ont amené à créer le monde appartiennent à la “pré-histoire” humaine
et sont du domaine des déductions encore qu’elles soient évidentes
et vraies.
Par conséquent, yessod est le pont qui relie D.ieu à l’humanité.
Fondement de la
création
Appliquons et ce, de manière plus étendue, le concept de yessod à un
autre domaine, celui de la création du monde. Un parallèle peut être établi
entre les sept jours de la création avec les sept séfirot inférieures
qui débutent par le ‘hessed pour poursuivre leur chemin jusqu’à mal’hout.
(La raison pour laquelle les trois premières séfirot ne sont
pas représentées est un sujet à part.) Le vendredi, sixième
jour de la semaine, correspond à la sixième séfiro qui
est yessod.
Considérons deux points relatifs au vendredi qui démontrent
la véracité de cette idée.
Le premier point concerne
les préparations en vue du samedi. Les six
premiers jours de la semaine sont des jours de labeur, pendant lesquels on
travaille dur afin de produire de la nourriture et les produits dont on a besoin.
Pendant le chabbat, on consomme ce qu’on a créé les six
premiers jours. Mais on ne peut pas utiliser tout ce qui a été produit.
La Torah ordonne: “Ils prépareront ce qu’ils mangeront.” Ainsi,
le vendredi est le jour où se transmet la nourriture entre les jours
de la semaine et le chabbat.
Dans le désert, la manne que les Juifs ramassaient pendant toute la
semaine, n’était pas destinée au chabbat. Par contre, le
vendredi, une double portion en tombait afin qu’ils aient de quoi se
nourrir le chabbat. Le vendredi était donc comme un entonnoir permettant
de faire pénétrer la manne dans le chabbat.
Le vendredi est le pilier
qui supporte le chabbat et qui lui permet de reposer sur la base que sont
les jours de la semaine. Il est comme
le piédestal
soutenant une statue précieuse et la reliant ainsi au sol. Dans ce sens,
il est comparé à yessod, la “fondation”.
Quant au second point touchant
au vendredi, il porte sur la créature
qui fut créée ce jour-là: à savoir, l’être
humain.
Nous avons expliqué dans l’article précédent (Kabbale
No 21) que le yessod est l’attribut qui “unit le ciel à la
terre.” Il permet la transition entre, d’une part, la spiritualité et
le divin et, d’autre part, le monde matériel.
Le royaume des créatures est partagé en
trois
genres:
1. Le monde matériel - le règne minéral, le règne
végétal et le règne animal - qui ne possède
aucune aptitude propre permettant de transmettre, et cela à lui-même,
de la spiritualité.
2. Le monde spirituel des anges qui ne peut pas traduire ses valeurs en monde
matériel.
3. L’être humain possédant une âme qui est spirituelle
et un corps qui est physique et qui peut transmettre des valeurs d’un
monde vers l’autre. C’est le meilleur exemple que l’on peut
donner pour l’attribut de yessod.
Ainsi, le vendredi, le
sixième de la création, incarne le yessod.
C’est un jour qui verse ce qui a été produit les autres
jours de la semaine puis le canalise en direction du chabbat. L’homme
fut créé ce jour-là; c’est cette créature
même qui façonne le monde au moyen de toute la production spirituelle
des royaumes supérieurs qu’elle récolte.
Ceci est dû au fait que yessod est l’attribut divin qui canalise
toutes les activités divines vers l’existence matérielle.
Traduction et Adaptation
de Claude Krasetzki