Dans la comédie musicale « My Fair Lady », un des personnages exécute un chant d’amour:
« Parle et le monde est plein de chant et je vole plus haut qu’un oiseau…. » Le chant se prolonge indéfiniment par nombre de déclarations d’un amour immortel, plus poétiques l’une que l’autre, jusqu’au moment où l’héroïne l’interrompt :
« Tes mots, j’en ai la nausée. Si tu m’aimes, PROUVE LE MOI ».
La sagesse populaire connaît bien des adages qui vont dans le même
sens. Citons : « Les actes sont plus éloquents que les paroles ».
De Pirkey Avoth, nous vient le conseil : « Dis peu ; agis beaucoup. » Ou
encore, comme on dit chez moi: « Parlons moins d’amour ; occupons-nous
plutôt de vider les poubelles ».
Il y a là une finesse psychologique particulièrement précieuse
pour la réussite de la vie du couple. En effet, c’est bien par
nos gestes que, finalement, nous assurons et étayons l’ambiance
idéale dans cette construction qui été amorcée
le jour de notre mariage.
Ceci est une idée juive de base. Il y a de nombreux commandements concernant
les gestes de bonté et de sollicitude. Notre législation nous
demande de rendre visite aux malades, de consoler ceux qui sont en deuil, de
pratiquer l’hospitalité, et même d’aimer notre prochain.
Pourquoi la Torah nous demande-t-elle d’accomplir toutes ces actions
? C’est parce que, à force de pratiquer ces gestes, on finit par
aimer les gens. Car si vous agissez comme si vous aimiez votre prochain, vous
aimerez votre prochain. Et si vous agissez comme si vous aimiez votre conjoint,
(même dans les moments où cela vous semble la chose la plus
difficile), vous finirez par aimer votre conjoint.
Cela étant, il est bien évident qu’il est très
important de parler. L’ABC de la réussite du couple réside
dans la qualité de la communication entre mari et femme. Mais en plus,
il faut qu’aux mots correspondent des actes. C’est peut-être
bien romantique de rester assis, à se regarder dans le blanc des yeux.
Mais de rester à ne rien faire que de bavarder ne construira jamais
un foyer aussi efficacement qu’en accomplissant des actes concrets.
Par action, nous ne voulons
pas dire activité. Une promenade à bicyclette
en tandem est fort sympathique, certes. Mais les actes auxquels nous faisons
allusion ici n’ont pas pour but d’être agréables pour
celui qui les accomplit. Il s’agit ici d’actes accomplis POUR L’AUTRE.
L’excellence de la communication résulte de l’acte que vous
accomplissez POUR L’AUTRE.
POUR FAIRE LE SAUT,
N’ATTENDEZ
PAS !
L’erreur le plus communément commise consiste à attendre
que l’initiative soit prise par le conjoint. « Si seulement il
faisait… c’est bien volontiers que j’accepterais de… » N’attendez
pas pour faire le saut.
Suzanne se sentait très frustrée de ce que Alain, son mari,
ne lui apportait jamais de fleurs. Un jour, la secrétaire reçut
un magnifique bouquet de roses dans son bureau. Suzanne en devint de plus en
plus jalouse et malheureuse. Puis, un jour, en rentrant du travail, elle passa
non loin de la boutique d’un fleuriste. Et elle acheta un bouquet de
roses pour son mari - sachez qu’il existe des hommes qui aiment les fleurs
! Et, en fait, Alain fut très touché. Tellement heureux, que,
la semaine suivante, à son tour, il acheta un magnifique bouquet d’orchidées à sa
femme. Le mécanisme continua de fonctionner par la suite également.
Ne restez pas cantonné à votre fierté. Ne vous attachez
pas trop à la question de savoir qui de vous deux fera le premier pas.
Faites-le vous-même. Vous en retirerez les bénéfices.
A toute règle, il y a des exceptions. Il se peut qu’une personne
ne réagisse pas à une gentillesse qu’on lui témoigne.
Il peut arriver qu’on ait besoin d’abord de laisser mûrir
une situation jusqu’à avoir dépassé l’étape
où l’autre s’interroge avec cynisme : « Que veut-il
- (ou elle) - de moi maintenant ? » Cela vaut la peine de dépasser
une situation particulièrement pénible à vivre, car elle
vous détruit. Donc, n’hésitez pas à dépasser
cette situation par un courageux élan de confiance.
Il m’est souvent arrivé de constater que lorsque l’un des époux
prend l’initiative de tendre une main secourable vers l’autre,
cela suffise pour que ce dernier décide bien volontiers de s’investir à son
tour.
La réception donnée par Stéphanie et Gilles venait de
prendre fin. La cuisine était encombrée par une montagne de casseroles
et de vaisselle sale. Epuisée, Stéphanie alla se reposer en s’étendant
sur le canapé. Réalisant à quel point les préparatifs
pour cette réception avaient fatigué Stéphanie, Gilles
mit un tablier, saisit une éponge et se mit à laver la vaisselle.
Emue par sa prévenance, et inspirée par son initiative, Stéphanie
d’un saut alla le rejoindre. Le résultat ne se fit pas attendre.
Non seulement la cuisine retrouva son état en un temps record, mais,
en plus, Stéphanie et Gilles trouvèrent du plaisir dans cette
activité. Leur intimité fut renforcée et leur relation
devint plus profonde.
Même très fatigué, même si ce n’est pas « votre
tour », levez-vous et agissez. Faites-le pour vous deux, et faites-le
ensemble.
EXCELLENT POUR
VOS MOMENTS D’INTIMITE
EGALEMENT
Ce principe est applicable
jusqu’aux moments les plus intimes de votre
vie de couple. Peut-être même davantage que pendant le reste du
temps. L’intimité physique dans le couple risque d’être
une expérience vécue très égoïstement ou au
contraire elle peut être un véritable don de soi. Prenez le temps
d’une petite introspection. Demandez-vous un peu quel genre de conjoint
vous êtes. Etes-vous centré, dans ces moments, sur ce que vous
voulez ou sur ce que veut votre conjoint ? Ce qui vous intéresse, c’est
votre plaisir ou le sien ? Etes-vous penché sur votre humeur ou sur
la sienne ?
Le mariage de Patrick et
Laurence semblait être la réussite idéale.
Leurs amis et leurs voisins les enviaient. A leur tour, eux souriaient à tout
le monde. Personne ne pouvait se douter des souffrances que recouvraient tous
ces sourires. Personne n’avait la moindre idée des luttes dans
l’arène de leur intimité. Pourtant, il ne s’agissait
pas de conflits dramatiques ou passionnels. Simplement, de petites incompréhensions,
qui, lentement, peu à peu, venaient miner la fondation de leur mariage.
Lorsque Laurence était fatiguée d’avoir surveillé ses
enfants ou d’avoir dû se lever pour s’occuper de leur bébé,
elle ne pouvait plus être aussi disponible pour Patrick que ce dernier
l’aurait souhaité. Par ailleurs, Patrick travaillait durant de
très longues journées, ensuite allait à sa gymnastique,
puis passait le peu de temps qu’il était à la maison à regarder
la télévision. Et ensuite, il ne comprenait pas que Laurence
n’était pas d’humeur à accepter ses avances amoureuses.
L’un et l’autre, ils avaient énormément à apprendre
sur ce que signifie donner à l’autre. Et peut-être l’intimité conjugale
est-elle l’arène où la solution offerte retentit le plus
fortement, en étant l’épreuve la plus décisive.
Oui, Laurence était fatiguée, c’est vrai. Le refus est
quelquefois une option nécessaire, certes. Mais pour qu’un mariage
vive, il est souvent nécessaire de surpasser les critères d’épuisement
et d’amusement.
Par ailleurs, si Patrick
tenait tellement à son désir, il aurait
dû investir certains efforts pour obtenir cette satisfaction. Il ne pouvait
pas passer toute sa journée, centré sur ce qu’il voulait
; puis, rentrer chez lui, et, comme appuyant sur un bouton magique, disposer
de son épouse. Il aurait dû se pencher davantage sur les besoins
et les désirs de Laurence.
Lorsque vous êtes tous deux de bonne humeur, l’inimité est
chose facile. Mais sinon, lorsque vous êtes pénétré des
aspirations de votre conjoint, vous construisez une relation plus profonde.
CE SONT LES DETAILS QUI COMPTENT
Les épreuves véritables pour tout mariage se situent dans les
toutes petites occasions que l’on a de choisir entre donner ou refuser
de donner. Notre engagement se vérifie de manière authentique,
lorsque précisément nous sommes fatigués ou distraits
ou frustrés ou stressés, – dans notre manière de
nous arranger avec les épreuves de la vie quotidienne. Dans ces moments
de difficultés, sommes-nous vraiment capables de donner à notre
conjoint la priorité?
Mon mari se trouvait dans
le bureau d’un ami, et fut témoin d’une
discussion enflammée concernant un certain accord commercial. En plein
milieu de cet entretien, l’épouse de son ami l’appela au
téléphone. Son ami prit une profonde inspiration, se saisit du
téléphone et parla à sa femme avec un calme et une gentillesse
impeccables. Excellent exemple dont il faut savoir s’inspirer.
Aimer n’est qu’un verbe. La qualité d’un mariage
se vérifie aux gestes. On a besoin des termes qui correspondent parfaitement
aux actes, mais comme nous disent Pirkey Avoth : « Celui dont la sagesse
excède ses actions, sa sagesse ne perdurera pas ». Cette vérité s’applique également
au mariage. Tâchez de réussir à avoir un mariage durable.
Traduction et adaptation
de Rabbin Hayim Yacov
Schlammé