Chère Rosie et Sherry,
J’ai de graves ennuis. Je me suis fiancé il y a six mois, j’ai offert à ma fiancée une magnifique bague de fiançailles et nous sommes en train de faire construire notre nouvelle maison.
Le problème est que je ne suis pas heureux et que notre relation ne m’apporte pas une satisfaction suffisante. Nous faisons rarement les choses à deux. Elle ne le fait pas exprès, mais elle désire constamment la présence de sa famille et de ses amies. A 36 ans, elle vit toujours chez ses parents, avec sa mère, son père et ses deux frères.
Je l’aime, mais quelque chose me dit que si nous nous marions, ce sera bref et douloureux. J’entrevois des difficultés majeures pour le futur. En attendant, sa famille et elle sont presque devenus fous pour organiser notre mariage qui doit avoir lieu dans quelques mois !
Si nous n’étions pas fiancés, je l’aurais déjà quittée depuis longtemps. Que dois-je faire ?
Jérémie
Cher Jérémie,
Nous sommes d’accord que votre problème est sérieux. Afin de le régler, vous devez comprendre que l’amour n’est pas tout. Heureusement, il nous sera facile de vous convaincre sur ce point. Bien que vous aimiez votre fiancée, vous avez reconnu qu’il existe un inconvénient de taille à la réussite de votre vie à deux.
La source des difficultés que vous nous avez décrites, semble provenir du fait que votre fiancée n’a pas pris son indépendance vis à vis de ses parents. Nous ne disons pas cela simplement parce qu’elle vit toujours avec eux à 36 ans - dans certains milieux, les enfants célibataires sont supposés vivre avec leurs parents jusqu’à leur mariage. Son incapacité à se séparer de sa famille/manque d’indépendance est surtout visible dans le fait qu’elle ne veut rien faire sans ses parents, à moins d’être entourée d’amies. Il est très probable qu’elle refuse d’être seule, parce qu’elle ne sait pas se prendre en charge. Malgré son amour pour vous, il est possible qu’elle entreprenne ce mariage uniquement parce que ses parents la poussent à le faire et qu’elle soit terrifiée à l’idée de quitter le nid.
Quand une personne n’a pas pris son indépendance, elle éprouve des difficultés à se considérer comme un individu distinct de ses parents. Elle se définit grâce au regard que ses parents portent sur elle. Elle éprouve des difficultés à formuler ses propres opinions et compte sur ses parents pour prendre la plupart des décisions majeures.
Il peut arriver qu’une telle personne soit bien élevée et occupe un bon poste, mais qu’elle n’ait pas pris son indépendance et donc se repose entièrement sur ses parents pour gérer les divers aspects de sa vie quotidienne - tels que le choix de ses activités de divertissement, la constitution de sa garde robe, la gestion de ses finances ou la prise de rendez-vous médicaux.
L’acquisition de l’indépendance est un processus qui commence dès le plus jeune âge, se poursuit tout au long de l’adolescence et se finalise généralement au début de l’âge adulte. Un adulte qui n’a pas pris pleinement son indépendance, peut achever ce processus avec l’aide d’un psychothérapeute qualifié, lequel devrait être capable de l’aider dans des limites de temps raisonnables.
Toutefois, il s’agit d’une chose qui doit être accomplie avant le mariage. De jeunes mariés doivent faire face à tellement d’ajustements pour apprendre à vivre ensemble, que ce serait extrêmement difficile voir impossible, si l’un des conjoints n’avait pas acquis son indépendance auparavant.
De plus, on ne peut espérer que le mariage serve de moyen pour permettre à une personne de se détacher émotionnellement de ses parents. Cela ne marche pas ainsi.
Si votre fiancée accepte de faire face à son problème, vous devez tous les deux comprendre qu’elle doit le faire seule, sans l’aide de ses parents, ni la vôtre. Vous pouvez certainement lui offrir votre soutien émotionnel, mais elle devra assister aux séances de thérapie sans vous et sans ses parents. Elle devra également effectuer les exercices recommandés par le psychothérapeute sans l’aide de son entourage. Acquérir son indépendance est un processus individuel.
Au fur et à mesure que sa thérapie progresse, la nature de votre relation peut changer, nous l’espérons en mieux. Vous pouvez ainsi arriver à la conclusion que vous êtes tous les deux capables de développer les qualités nécessaires à la réussite de votre mariage. Il est également possible que vous arriviez à la conclusion inverse et que vous décidiez de rompre vos fiançailles.
Si votre fiancée ne veut pas faire face au problème en consultant un psychothérapeute, nous ne pensons pas que votre mariage doive avoir lieu. Bien sûr, notre rôle n’est pas de rompre vos fiançailles. Mais, encore une fois, nous ne pouvons encourager quelqu’un à s’engager dans un mariage qui promet d’être un désastre.
Ici, vous allez devoir faire preuve de maturité, ce qui implique surmonter votre douleur pour pouvoir plus tard en tirer les bénéfices. Si vous devez rompre, il faudra prendre le taureau par les cornes et être courageux, pour éviter une bien plus grande catastrophe.
Nous espérons que ceci vous a aidé et vous souhaitons bonne chance,
Rosie et Sherry
Traduction et adaptation de Tsiporah Trom