Pessa’h est la fête de la liberté. Parmi les milliers d’impulsions,
de désirs, d’envies et de tentations qui nous assaillent constamment,
bien peu sont aussi passionnés et irrésistibles que le désir
de liberté. La liberté est un état d’esprit. Plus
encore, c’est un état tellement essentiel à l’existence
humaine que sans elle la trame de notre vie serait dénuée de
toute qualité, couleur et texture.
Les adolescents sont instinctivement
en quête d’une liberté qu’ils
perçoivent à la fois comme effrayante et excitante. La jeunesse
défie l’autorité à chaque tournant pour se laisser
emporter par les vents anarchiques de la liberté. Ils ne savent même
pas ce qu’ils en feront une fois qu’ils l’auront- mais ils
sont convaincus qu’ils doivent l’avoir !
Les adultes aussi, encore remplis
d’espoirs, fuient les confins de leur
carrière ou de leur famille, au nom de la liberté.
Les penseurs de chaque discipline
méditent et sondent la signification
de la liberté. Les dirigeants en appellent à son pouvoir pour
inspirer les peuples. Les masses se soulèvent, combattent et meurent
pour elle. Finalement, l’Amérique, noble porteuse de cette flamme élevée
haut au-dessus des masses, sert humblement de phare à toute l’humanité. « Le
pays de l’homme libre et le foyer du brave… »
QU’EST-CE QUE LA LIBERTE ?
La liberté est cette capacité de pouvoir exprimer au cours de
notre vie les valeurs et les idéaux émanant de l’essence
de notre âme.
Le Talmud dit : « Grand est l’être humain qui a été créé à l’image
de D.ieu ! Et la meilleure preuve de sa grandeur est le fait que l’homme
ait été informé qu’il a été créé à l’image
de D.ieu. »
Que tous les êtres humains soient créés à l’image
de D.ieu, ne signifie pas qu’il y ait un peu d’Aphrodite et d’Adonis
en chacun de nous. Cela signifie plutôt que nous possédons le
libre arbitre - la liberté d’effectuer des choix substantiels
qui ont un impact direct sur notre vie. Ce sont ces choix qui déterminent
la qualité morale et spirituelle ultime de l’existence de chaque être
humain.
Si vous avez déjà fait quelque chose de mal - et que vous l’avez
plus tard regretté - alors vous croyez au libre arbitre. Si vous avez
déjà pensé qu’un criminel mérite d’être
puni - en dépit des facteurs socio-économiques auxquels il était
soumis - alors vous croyez au libre arbitre. Si vous pensez que Raoul Wallenberg était
un homme droit et noble, c’est parce qu’il a réussi à faire
un choix que tant d’autres n’ont pas réussi à faire.
Et s’il vous arrive jamais de crier sur vos enfants, parce qu’ils
ont laissé leurs chambres en désordre, alors vous croyez très
certainement au libre arbitre !
Ce à quoi vous ne croyez pas, c’est que les gens sont emprisonnés par les chaînes fatalistes du déterminisme familial, des conditions socio-économiques, des gènes ou de la destinée.
Ce à quoi vous ne croyez pas, c’est que les gens sont emprisonnés
par les chaînes fatalistes du déterminisme familial, des conditions
socio-économiques, des gènes ou de la destinée. Vous n’êtes
donc pas prisonnier de l’indifférence, de la résignation
et de la mélancolie. Vous êtes au contraire animé d’un
regard profondément optimiste et vous vous voyez vous-même et
votre entourage comme les façonneurs, les créateurs et les capitaines
de grands vaisseaux de potentiel.
Vous croyez - comme l’affirme le judaïsme - que les gens sont des êtres
humains et non des robots psychologiques. Que l’existence du libre arbitre
créé automatiquement un être humain responsable. Et que
le cadeau le plus précieux qu’une personne puisse recevoir est
la liberté de faire ses propres choix et d’être responsable
de ses actes.
GERER SON LIBRE ARBITRE
Aujourd’hui, il semble que le monde des affaires et le développement
fulgurant des avancées technologiques soient la métaphore de
notre vie. Bien que se considérer soi-même comme une entreprise,
considérer son esprit comme un ordinateur et ses enfants comme des investissements à long
terme, puisse avoir quelque chose de déstabilisant, en réalité,
les sages du Talmud envisagent eux-aussi le fonctionnement d’une entreprise
comme un parallèle utile pour l’amélioration de soi et
le développement du caractère.
Le modèle suivant doit vous aider à identifier les valeurs centrales
de votre vie - puis à définir ensuite un ensemble d’objectifs
basé sur ces valeurs. Ce modèle est structuré autour d’un
procédé d’introspection, de projection et d’organisation
en quatre étapes. Il va droit au but, il est simple à utiliser
et s’appuie sur la discipline juive de « ‘hechbon hanefech » --
la gestion personnelle du libre arbitre. Idéalement, chaque personne
doit établir l’approche sur mesure la plus efficace pour elle.
Ce modèle n’est pas rigide. L’intention, ici, est d’apporter
un point de référence utile, à partir duquel vous pourrez
développer votre propre système personnalisé.
ETAPE 1
Faîtes une liste de cinq qualités qui traduisent au mieux la
manière dont vous voulez mener votre vie.
Voici une liste partielle de qualités et d’idéaux
:
Tolérance |
Energie |
Humour |
Modestie |
Responsabilité
|
Activité |
Puissance |
Harmonie |
Faire la
différence
|
Avoir conscience
de ses qualités
et de ses défauts |
Savoir
montrer son appréciation |
Flexibilité |
Honnêteté |
Maturité |
Motivation |
Autorité |
Amitié |
Serviabilité
|
Objectivité |
Intelligence |
Equilibre |
Accomplissement |
Idéalisme |
Ouverture
d’esprit |
Sincérité |
Communication |
Indulgence |
Intégrité |
Organisation
|
Amour de
la vérité |
Compassion |
Douceur |
Travail
|
Patience |
Compréhension |
Conséquence |
Générosité |
Indépendance |
Calme |
Chaleur |
Utilité
|
Reconnaissance |
Entrain |
Tranquillité |
Audace |
Chercher à s’améliorer |
Joie |
Persévérance |
Esprit
de décision |
Combativité |
Gentillesse |
Encouragement |
Application
|
Bonheur |
Amour |
Influence positive |
Efficacité |
Respect |
Diligence |
Endurance |
Optimisme |
Altruisme |
Attention/Ecoute |
Humilité |
ETAPE 2
Enumérez cinq domaines dans lesquels vous êtes particulièrement
impliqué et/ou dans lesquels vous aimeriez améliorer qualitativement
votre vécu.
Voici une liste partielle de domaines possibles :
Travail |
Mariage |
Spiritualité |
Judaïsme |
Enfants |
Education |
Amis |
Famille |
Synagogue |
Communauté |
Soi-même |
Autrui |
Santé |
Relation avec D.ieu |
Collègues |
Développement
personnel |
Maison |
Argent
/ Biens matériels |
ETAPE 3
Associez une valeur à chacun de ces cinq domaines. Il doit s’agir
d’une valeur que vous souhaitez constante dans ce domaine.
Puis, écrivez en une seule ligne de quelle manière la valeur
choisie peut s’exprimer de manière idéale pendant les 20
prochaines années. Ceci devient dès lors votre objectif dans
ce domaine.
ETAPE 4
Enumérez deux ou trois actes favorables qui, s’ils sont mis en
pratique, apportent selon vous la réalisation de l’objectif cité dans
l’étape 3.
Exemple n°1
Domaine de la vie
: |
Mariage |
Valeur/Idéal
: |
Amour |
Objectif : |
Une relation caractérisée
par un amour qui va en se renforçant |
Actes favorables : |
1. Passer une heure en tête-à-tête
deux fois par semaine.
2. Garder une liste des « choses que j’aime » chez
mon mari/ma femme à côté de mon lit et y ajouter
quelque chose une fois par semaine.
3. Dire « merci » une
fois par jour pour que cela devienne une habitude. |
Exemple n°2
Domaine
de la vie :
|
Travail |
Valeur/Idéal
:
|
Honnêteté |
Objectif
:
|
Ma réputation doit être « Sa
parole vaut de l’or ». |
Actes favorables
:
|
1. Incorporer la déclaration
suivante dans mon vocabulaire : « Si je m’engage à faire
quelque chose, je dois tenir ma parole. Laissez-moi réfléchir à ce
que vous m’ayez demandé, je vous rappelle dans une heure. »
2.
Après avoir décrit un produit ou un service à un
client, je me poserai la question suivante : « Si j’étais
le client, serais-je satisfait de mon achat ? »
|
Exemple n°3
Domaine
de la vie :
|
Judaïsme |
Valeur/Idéal
:
|
Chercher à s’améliorer |
Objectif
:
|
Posséder un savoir du
judaïsme me permettant de montrer à mes enfants le bonheur
d’être juifs. |
Actes favorables
:
|
1. Lire quatre livres juifs
par an.
2. Faire une liste de toutes
mes questions sur le judaïsme
et les poser à des rabbins pouvant y répondre. |
QUAND LES CHOSES DEVIENNENT DIFFICILES
Quand on commence à envisager la vie comme un processus continu de
choix et de responsabilités, on ne peut plus fuire la réalité que
la vie est souvent difficile. Les choses sont ainsi. Accepter ce fait est la
première étape qui doit nous permettre de surmonter nos réticences
et de faire des choix, malgré la souffrance que ceux-ci impliquent.
La deuxième étape est de réaliser la satisfaction que
nous apportera notre ténacité. Nous savons tous que les accomplissements
qui ont le plus enrichi notre vie, n’ont été possibles
que grâce aux efforts que nous avons fournis, grâce à l’inconfort
que nous avons enduré et aux décisions difficiles que nous avons
prises. Dans le judaïsme, ceci s’appelle « lefoum tsa’ara
agra » -- en fonction de la peine, est la récompense.
La tradition talmudique révèle que seul 20 pour cent du peuple
juif a quitté l’Egypte. Les autres 80 pour cent sont morts et
ont été enterrés pendant la plaie de l’obscurité.
Pourquoi sont-ils morts ? Parce qu’ils n’étaient pas prêts à choisir
de la liberté. Quand l’impulsion est venue de partir, ils ont
préféré la routine familière de l’esclavage
aux défis inconnus du désert.
La vie est un choix. Choisir est
difficile. La vie est aussi un plaisir. Ce Pessa’h, prenez l’engagement
du plaisir que procurent les choix difficiles, et quoi que vous fassiez -
ne vous laissez pas distancer.
Traduction et Adaptation de Tsiporah
Trom