Rabban Gamliel avait coutume
de dire : " Quiconque n'a pas prononcé les trois expressions
suivantes à Pessa'h n'a pas accompli son devoir. Ce sont : " Pessa'h,
Matzah et Maror " (Sacrifice de Pessa'h, Matzah et Herbes Amères)
(Haggadah, extrait de Michnah Pessa'hime 116 a. b.)
Nos lecteurs n'ignorent
sûrement rien de ce qui a trait au Seder et se souviennent du passage
de la Haggadah que nous venons de citer. Il nous rappelle que les trois points
les plus importants de celle-ci, c'est-à-dire du Seder, sont le Sacrifice
de Pessa'h, la Matzah et le Maror. Nous devons les mentionner et savoir leur
signification profonde.
Le premier, le Sacrifice
de Pessa'h ne fait plus partie de nos actes rituels depuis la destruction du
Beth Hamikdache (Temple). Nous y reviendrons quand le Saint Temple aura été
rétabli à Jérusalem par notre juste Messie. En attendant,
il nous reste un symbole qui nous le remémore : le Zeroa - un morceau
de viande rôtie - posé sur le plat du Seder. Nous ne le mangeons
pas, il est là seulement pour le souvenir.
Au temps jadis, quand le
Sacrifice de Pessah était offert dans le Beth Hamikdache, la bête
entière était rôtie, et avant de la manger, nos ancêtres
récitaient une action de grâces : " Béni es-Tu
.
Qui nous as commandé de manger le Sacrifice de Pessa'h. " Celui-ci
était consommé en dernier au repas du Seder ; aucune autre nourriture
ne devait suivre. En souvenir de cette particularité, nous mangeons l'Afikomen
à la fin du Seder. Vous vous souviendrez que l'Afikomen est ce fragment
de la Matzah du milieu (celle placée entre les deux autres) que nous
brisons dans la première partie du Seder, et que nous cachons jusqu'au
moment précis qui précède l'Action de Grâces Après
le Repas.
Les deux autres articles,
la Matzah et le Maror, doivent être mangés au commencement du repas
du Seder, comme doivent être récitées les actions de grâces.
LA RAISON
DU SOUVENIR DE PESSA'H
Vous aurez remarqué
que Rabban Gamliel ne parle pas de manger ces trois choses. Cela va sans dire,
car la Torah nous a commandé explicitement de manger le Sacrifice de
Pessa'h, avec Matzah et Maror si le Beth-Hamikdache existe; et sil n'existe
pas; de manger seulement la Matzah et le Maror. Ce que Rabban Gamliel nous rappelle,
c'est que nous devons dire (soit mentionner en mots) ces trois choses et en
expliquer les raisons.
Ainsi la Haggadah poursuit-elle:
" Ce Sacrifice
de Pessah que nos aïeux avaient l'habitude de manger au temps où
le Beth-Hamikdache était debout, quelle en était la raison
? La voici : l'Eternel, béni est-Il, avait passé sur les maisons
de nos ancêtres en Egypte, ainsi qu'il est écrit : " Et
vous direz : C'est un Sacrifice de Pessa'h offert à Dieu, car II
avait passé par-dessus les maisons des enfants d'Israël, épargnant
celles-ci, mais frappant à mort les Egyptiens. "
La raison est claire : le
sacrifice de " Pessah " fut offert pour rendre grâces à
Dieu d'avoir " passé par-dessus " les foyers juifs en Egypte
en les épargnant, alors que la plaie des Premiers-nés faisait
rage, et que chaque foyer égyptien était touché par l'ange
de la mort. La fête entière tire son nom de cet événement
primordial.
DEUX CHOSES
IMPORTANTES
Mais réfléchissons
encore un peu, et nous verrons que le Sacrifice de Pessa'h nous dit au moins
deux choses importantes : l'une relative à nos aïeux et à
nous-mêmes, l'autre ayant trait à Dieu. Expliquons-nous : nos ancêtres
risquèrent leurs vies pour obéir au commandement de Dieu prescrivant
d'offrir un Sacrifice de Pâque dans l'Égypte des temps passés.
Car les Egyptiens adoraient le mouton ; c'était pour eux un animal sacré.
Dieu ordonna aux enfants
d'Israël de rompre avec toutes les formes d'idolâtrie et de n'adorer
que Lui seul, le Dieu Unique. Ce qu'ils firent. De la sorte, ils montraient
qu'ils avaient foi en l'Éternel et ne craignaient point d'être
éventuellement lapidés à mort par les Egyptiens. En retour,
Dieu leur donnait des preuves qu'Il pouvait prendre soin d'eux, fussent-ils
en pays hostile comme l'était celui des Pharaons. Ainsi, tandis qu'il
n'y avait que mort et gémissements à gauche et à droite
dans les maisons égyptiennes, il n'y avait que vie et joie dans la maison
du milieu, située entre elles, et qui était juive. Dieu est le
Maître du monde entier, le Maître de chaque chose et de chacun,
et Il prend soin individuellement de nous. Il n'y a pas d'accidents ni de hasards
: tout arrive par la volonté de la Divine Providence.
Nous devons nous souvenir
de cela toujours et partout, même si nous n'offrons pas le Sacrifice de
Pessa'h. C'est ce que veut dire Rabban Gamliel quand il nous rappelle l'obligation
qui nous incombe de dire le Sacrifice de Pessa'h.
QUITTER EN GRANDE HATE
LE PAYS
Quant à la Matzah,
la Haggadah poursuit :
" Cette Matzah
que nous mangeons, quelle en est la raison ? La réponse est la suivante
: la pâte préparée par nos aïeux n'avait pas le
temps de lever quand le Roi des rois, le Saint et l'Unique, béni
est-Il , Se révéla à eux et les racheta. Ainsi qu'il
est dit " Et ils firent avec la pâte qu'ils avaient emportée
d'Égypte des galettes de Matzah, car elle n'était pas levée
et qu'ils devaient quitter le pays sans délai; de même ils
ne firent provision de rien pour le voyage ".
A nouveau, la raison est
clairement exprimée dans la Torah : les enfants d'Israël quittèrent
l'Égypte en grande hâte. Ils n'avaient point le temps de laisser
reposer la pâte afin qu'elle levât. Aussi ils la cuisirent et en
firent des galettes plates de Matzah qu'ils emportèrent avec eux à
l'exclusion de toute autre Provision.
Ainsi quand nous récitons
la Haggadah, nous montrons du doigt la Matzah et formulons la raison pour laquelle
nous la mangeons. Cela nous rappelle encore une fois la Providence divine, car
lorsque l'heure sonna pour les enfants d'Israël d'être rachetés
d'Égypte, aucun instant ne fut perdu. Nos ancêtres devaient quitter
le pays en toute hâte.
Et la Matzah nous rappelle
également la grande foi, la grande confiance que nos aïeux avaient
en Dieu. Ils savaient qu'ils quittaient un pays où régnait l'abondance
pour s'en aller dans un désert où rien ne poussait, où
il n'y avait ni nourriture ni eau. Quand le signal fut donné, ils ne
dirent point : " Attendez une minute, emportons quelque nourriture et de
l'eau pour nous, pour nos enfants et pour nos troupeaux ". Non; ils n'avaient
d'autre souci que d'obéir à Moïse et Aaron, et ils eurent
une foi totale en Dieu. N'avaient-ils pas vu, de leurs yeux, tous les miracles,
toutes les merveilles accomplis pour eux en Egypte par l'Éternel ? Et
ils ne furent pas déçus car, comme vous le savez, Dieu leur donna
la Manne - le pain venu du ciel, de même qu'Il fit jaillir de l'eau du
rocher; durant leurs quarante années d'errance dans le désert,
ils ne manquèrent de rien.
Nous devons nous souvenir
de cela, et retirer de la Matzah un surcroît de foi en l'Eternel. Dans
nos livres sacrés, la Matzah est appelée " Aliment de Foi
" et " Aliment de Santé ", car elle nous donne foi en
Dieu et nous rend sains de corps et d'âme. Son importance est si grande
que la fête porte aussi le nom de "'Hag Hamatzoth", fête
des Azymes, c'est-à-dire du Pain sans Levain.
DES JOURS AMERS
Nous en arrivons enfin au
Maror, et l'indiquant nous disons :
" Cette Herbe
Amère que nous mangeons, quelle en est la raison ? La raison en est
que les Egyptiens avaient rendu la vie amère à nos aïeux,
ainsi qu'il est écrit : " Et ils chargèrent leurs vies
d'amertume en les soumettant aux travaux forcés de la terre glaise
et des briques, ainsi qu'à toutes sottes de durs labeurs dans les
champs, le tout assorti de terribles tortures ".
Il est évident que
les Herbes Amères nous rappellent les jours amers que connurent nos ancêtres
en Egypte. Habitués à la réflexion, peut-être demanderez-vous
: " N'y a-t-il pas une erreur dans l'ordre où se succèdent
ces trois éléments ? Et le Maror ne devrait-il pas venir en premier,
suivi ensuite par le Sacrifice de Pessa'h et enfin par la Matzah ? Non, car
l'ordre que nous connaissons recèle une leçon. En effet, même
au milieu de notre allégresse, nous ne devons pas oublier notre passé.
Nous sommes toujours en Galouth, en Exil. Depuis que notre pays fut détruit,
il y a de cela environ deux mille ans, que notre Beth-Hamikdache et notre Ville
Sainte sont en ruine, nous n'avons cessé de connaître des jours
amers dans les différents lieux de notre exil. Il y eut des " Pharaons
" de types divers qui cherchèrent à nous asservir et à
nous anéantir. Mais la pensée de Pessa'h, le Temps de notre Liberté,
nous donne force et courage, car nous savons que Dieu veille sur nous. C'est
pourquoi la Haggadah poursuit en ces termes :
" A quelque
temps, à quelque génération qu'il appartienne, le juif
doit toujours considérer que c'est lui qui a quitté personnellement
l'Egypte"........
ACTUALITÉ
PERMANENTE DE PESSA'H
Nous célébrons
Pessa'h non seulement en souvenir d'un événement qui arriva à
nos aïeux en l'an 2448 après la Création, mais pour quelque
chose qui ne cesse de nous arriver; qui nous arrivera encore quand Dieu, béni
est-Il, nous enverra notre juste Messie qui nous rassemblera des quatre coins
de la terre pour nous conduire à notre Terre Sainte, ainsi que nous disons
dans l'action de grâces qui précède l'absorption de la seconde
coupe de vin :
"
Béni es-Tu [.... ] Qui nous as rachetés comme Tu as racheté
nos ancêtres d'Egypte, et nous as permis de vivre jusqu'à cette
nuit pour y partager la Matzah et le Maror. Ainsi, ô Eternel, notre
Dieu et Dieu de nos pères, permets-nous de vivre jusqu'à d'autres
fêtes [...... ] heureux dans l'édification de Ta ville, joyeux
de T'adorer, afin que nous puissions manger le Sacrifice de Pessa'h [....
] et Te rendre grâces par un nouveau chant pour notre rédemption
et la libération de notre âme. Béni es-Tu, ô Dieu,
Qui as racheté Israël ".