Le Choffar nous invite à s'armer et lutter contre tout ce qui
nous empêche d'appliquer complètement les règles de notre
religion.
Le Choffar est fait d’une
corne d’animal. De n’importe quel
animal, la vache et le bœuf exceptés ; car les cornes de ces deux
bêtes sont appelées en hébreu « Kérène » et
non « Choffar » ; car aussi ces cornes nous rappelleraient le Veau
d’Or que confectionnèrent les enfants d’Israël dans le
désert après leur départ
d’Egypte - souvenir qui ne s’accorderait guère à un
jour comme Roche Hachanah, où nos
prières ont pour but de plaire à Dieu et d’invoquer sa bienveillance.
On a recours d’habitude - et de préférence - à une
corne de bélier en souvenir de la bête offerte en substitution d’Isaac qui avait
consenti à être attaché sur l’autel et offert en holocauste à Dieu.
Rabbi Abahou dit : « Sonnez d’un Choffar fait d’une corne
de bélier ; Je me souviendrai alors de la Akédah d’Isaac,
et Je penserai à vous comme si vous étiez, vous aussi, prêts à M’offrir
votre vie. »
UN EXIL APRÈS L’AUTRE
Dans la section de la Torah ayant trait aux liens d’Isaac - section
que
nous lisons le second jour de Roche Hachanah - il est écrit (Gen. 22,13):
«
Et Abraham leva les yeux et vit derrière lui un bélier retenu
dans un buisson par les cornes ». Abraham vit le bélier qui se
prenait les cornes successivement dans un buisson après l’autre.
Rav Houna, le fils de Rav Yitz’hak, dit que le bélier pris à plusieurs
reprises dans les buissons touffus préfigurait à Abraham que
ses enfants seraient pareillement pris dans une succession d’exils, mais
qu’à la fin ils seraient rachetés par le son de la corne
de bélier (Midrache Rabba, Vayyîkra,29).
Rabbi ‘Hanina ben Dossa dit que chaque partie de ce bélier avait
une importance : ses cendres étaient les fondations de l’autel
intérieur dans le Beth Hamikdache ; ses dix tendons devinrent les cordes
de la harpe du roi David ; sa peau fit la ceinture de cuir d'Eliyah (le prophère
Elie); enfin, ses deux cornes : on sonna de la corne gauche au Mont Sinaï quand
la Torah fut donnée ; et on sonnera de la corne droite, la plus grande,
quand les Juifs dispersés seront rassemblés de tous les coins
de la terre. Ainsi qu'il est écrit (Isaïe 27) : « Et
il arrivera que ce jour là on sonnera du grand Choffar [...]. » (Pirké
Rabbi Eliézère 31.)
LE SON, NON L'ECHO
Le Choffar doit être recourbé : ainsi il nous rappellera que
nous devons
incliner notre cœur vers notre Père Céleste.
Il ne doit comporter ni dorure ni peinture. Qu'il ait seulement une embouchure
en or, et le voilà impropre à servir comme Choffar. Seuls quelques éléments
décoratifs gravés sur la corne même sont permis.
Le Choffar nous invite à s'armer et lutter contre tout ce qui nous empêche d'appliquer complètement les règles de notre religion.
La voix du Choffar est un appel à la pénitence et une invitation
aux armes. Le Choffar nous invite à s'armer et lutter contre tout ce
qui nous empêche d'appliquer complètement les règles de
notre religion. Il nous dit d'être courageux et ne pas avoir peur de
respecter et remplir les saints commandements, comme, par exemple, mettre les
Téfiline, porter des Tzitzith, observer le Chabbat, etc. « Si c'est
nécessaire, luttez et vainquez tous les obstacles. »
Le fidèle doit écouter le son même du Choffar, et non
son écho. Entendre ce dernier seulement, c'est ne point observer la
Mitzvah du Choffar. Cette loi avait son importance pour les Juifs au temps
de l'Inquisition, quand les Marranes (Israélites restés secrètement
fidèles à leur foi) n'avaient d'autre moyen que de se cacher
au fond des bois, loin sur les collines ou à l'intérieur des
grottes pour sonner du Choffar, car s'ils avaient le malheur d'être pris
sur le fait, ils étaient envoyés au bûcher.
De même, dans certains pays arabes, il n'était pas permis de
sonner du Choffar, car cela effrayait les Musulmans qui savaient qu'un jour ce même
son annoncerait l'avènement du Rédempteur juif.
LA PRIERE PRISE POUR UNE RÉBELLION
On sonne du Choffar à Roche Hachanah après la lecture de la
Torah,avant et pendant Moussaf. Bien qu'en règle générale, il
ne faille pas différer l'accomplissement d'une Mitzvah (et, en tant
que tel, le son du Choffar s'imposerait au commencement de l'office), celle-ci est retardée pour la raison suivante : il arriva une fois que les
Juifs asservis sonnèrent du Choffar un matin de très bonne heure.
Leurs maîtres, interprétant cet acte comme un appel à la
rébellion, les encerclèrent et les massacrèrent. Afin
d'éviter le retour d'une si tragique erreur, les juifs décidèrent
alors de ne sonner du Choffar qu'après la lecture de la Torah.
L'idée s'avéra bonne. En effet, constatant que les Juifs avaient
déjà fait paisiblement une partie de leurs prières, récité le Chema,
dit la Amidah et lu dans la Torah, leurs maîtres se rendirent compte qu'il s'agissait
d'un rassemblement pacifique dont le but était la prière et non la
révolte. (Talmud Yérouchalmi, Roche Hachanah, ch. 4 :5).
Rachi explique qu'il fut un temps où l'on interdit aux Juifs de sonner du Choffar. Des gardes surveillèrent sur place les prières jusqu'à la
conclusion de l'office de Cha'harith. Aussi les Juifs sonnèrent-ils
du Choffar plus tard, pendant l'office de Moussaf.
C'est ainsi que la règle fut instituée : on sonna désormais
du Choffar après l'office de Cha'harith. Une autre raison existe également
: à l'heure de ce dernier office, les fidèles sont déjà couronnés
des Mitzvoth : Tzitzith, Chéma et de la lecture de la Torah.
Alors intervient le Choffar, porteur du pardon.