Chacun de nous a une excuse pour avoir lu des magazines féminins. Que nous soyons dans la file au supermarché, dans la salle d'attente chez le dentiste, ou bien coincés à Zanzibar où tout ce que nous avons trouvé à lire était un vieil exemplaire de ...
Le mot « mûre » serait-il le nouvel euphémisme en vogue?
J'ai ma propre excuse. J'ai entrepris d'étudier de manière informelle la vision des américains concernant la vieillesse.
Je veux simplement voir combien il existe de réclames pour des crèmes antirides et donc d'opportunités pour tromper les effets de l'âge. Quelqu'un envisage-t-il encore le fait de vieillir avec plaisir, comme si c'était un privilège ? Oui, je sais, il vaut mieux ça que le contraire.
J'étais dernièrement chez l'esthéticienne (ayant succombée au matraquage publicitaire rencontré lors de mes « recherches ») et celle-ci a commencé à me vanter la nouvelle gamme de produits qui, comme elle me l'a dit elle-même, a été conçue tout spécialement « pour les femmes à la peau mûre ». Peau mûre ?! Je me suis presque enfuie en criant. Je n'ai pas la peau mûre ! Et de toute façon, qu'est-ce que cela veut dire? Que ma peau révèle la sagesse de mes années, qu'elle porte l'emblème de mes joies et de mes peines, de ma quête spirituelle et de mon altruisme ? Ou bien qu'elle est simplement vieille, dure et ridée ? Le mot « mûre » serait-il le nouvel euphémisme en vogue?
EMPOISONNEE PAR LE CULTE DE LA JEUNESSE
Et quelle importance après tout ? Chaque ride, creusée par un sourire, n'est-elle pas une marque d'honneur -- le symbole d'une nouvelle victoire, de nouveaux délices ? Qu'a donc notre société contre l'âge et comment ai-je pu être embrigadée à partager son opinion?
Pour une grande famille dont les cordons de la bourse sont serrés, ma salle de bain regorge de crèmes, de lotions et de gels garantissant le retard du processus de vieillissement. Certains sont pour mes yeux, d'autres pour mes lèvres, d'autres encore pour mes seins, mon cou et mon visage. Des masques exfoliants et des masques hydratants. Pour resserrer les pores, pour affermir la peau, pour la nourrir. Contenant de l'alpha hydroxyde, du bêta hydroxyde, du rétinol A, des anti-oxydants. La toute dernière trouvaille, le tout nouveau sérum. Celui qui accomplit des merveilles. Efficacité garantie !
Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi ne pouvons-nous vieillir et conserver notre grâce, notre fierté, en tirant plaisir des efforts accomplis, de l'expérience et de la sagesse acquises ?
C'est une culture qui idolâtre la jeunesse, destructive pour chacun d'entre nous. Pourtant, cela n'a pas toujours été ainsi.
QUAND LA VIEILLESSE EST APPARUE DANS LE MONDE
Abraham pria donc le Tout-Puissant d'accorder à l'humanité des signes de vieillesse.
La Torah nous enseigne que notre ancêtre Abraham a prié pour les signes de vieillesse. (A présent, nous savons qui blâmer.) Jusqu'alors, Abraham et Isaac étaient parfaitement semblables. Abraham reconnut toutefois les désagréments de cette situation.
Bien qu'il ne recherche nul honneur, Abraham savait qu'il était néfaste pour une société de manquer de respect à ses anciens, qu'il s'agisse de ses parents, de ses grand-parents, de ses oncles et tantes, ou même de simples connaissances. Il savait que la sagesse, acquise au fil des ans, est bien réelle et que toute société qui refuserait de le reconnaître s'en trouverait appauvrie, et deviendrait par là éphémère et superficielle.
Il pria donc le Tout-Puissant d'accorder à l'humanité des signes de vieillesse -- cheveux grisonnants ou pas de cheveux du tout, rides, tâches de vieillesse -- Il savait qu'au bout du compte, ceux-ci s'avèreraient bénéfiques, si seulement nous faisions l'effort nécessaire pour les apprécier.
Cette pensée à l'esprit, je fus saisie en voyant une publicité qui mettait en scène l'anniversaire d'un jeune enfant, devenu adulte, et qui mentionnait : « ...j'ai soufflé les bougies et j'ai ri, surtout parce que cela m'a rappelé l'époque où vieillir était véritablement excitant ».
En général, un tel message m'attriste, sauf quand je suis assiégée par les images de splendides jeunes femmes (qui bien sûr sont aussi minces) et par maintes recommandations sur la manière de régénérer ma peau vieille et fatiguée.
Une telle vision des choses me chagrine, sauf quand j'expérimente une nouvelle crème pour les yeux (celle avec la garantie satisfaite ou remboursée).
EDUQUONS NOS ENFANTS EN CONSEQUENCE
J'aimerais pouvoir repenser au passé, en disant : « J'ai gagné cette ride ».
Ai-je vraiment l'intention d'enseigner à mes enfants que seule la jeunesse compte ? Ai-je envie de les priver du respect qu'ils doivent à leurs anciens et de la merveilleuse opportunité de savoir que ceux-ci peuvent leur offrir ? Est-ce mon désir que leur vie leur semble inutile au-delà d'un certain âge? Ai-je envie qu'ils me considèrent inutile au-delà d'un certain âge?
N'ai-je pas plutôt envie que mes enfants apprécient chaque année, chaque moment à sa juste valeur? Qu'ils tirent plaisir des progrès et de la compréhension que nous offre le temps ?
J'aimerais pouvoir regarder franchement dans le miroir et me réjouir de ce que j'y vois. Pouvoir repenser au passé, en disant : « J'ai gagné cette ride » et attendre avec impatience le futur, parce qu'il me promet de nouvelles opportunités, de nouveaux progrès et de nouvelles rides.
Ce qui est clair, c'est que nous avons besoin d'une toute nouvelle campagne publicitaire pour changer l'image de la population des post-40 ans dans notre société occidentale. Et quand elle démarrera, j'aimerais être en première ligne... dès que j'aurais essayé cette nouvelle crème anti-âge aux enzymes végétaux que j'ai commandée dernièrement.
Traduction et Adaptation du Tsiporah Trom