Nos enfants regardent vers nous pour
forger leur vision du monde. Ils attendent de nous que nous les guidions et
les comprenions. Ils attendent nos réponses à leurs questions,
et quelquefois notre aide pour qu’ils puissent formuler leurs questions.
Mais le plus souvent, leur regard vers nous exprime l’espoir que nous
les rassurions ; ils veulent être rassurés en ce que ce monde est
bon, qu’il leur convient et qu’ils y sont en sécurité.
Bien que les histoires qu’ils entendent et les images qu’ils voient
soient terribles et affreusement tristes, malgré tout, eux sont en sécurité.
Lors d’événements traumatisants, ce que nous disons aux
enfants est important. Et ce qui est peut-être encore plus important,
c’est la manière dont nous le leur disons. Les enfants guettent
nos réactions ; ils veulent voir si nous avons peur. La crainte et la
panique sont contagieuses même entre adultes. Les enfants sont plus vulnérables
que les adultes. Il est important que nous les entourions d’une aura de
calme. Des parents calmes, voilà qui rassure les enfants.
Evidemment, il faut que vous connaissiez vos enfants, ainsi que les besoins
de chacun d’eux. Avec les plus jeunes, ceux qui ont moins de huit ans,
lorsque vous leur parlez d’une catastrophe, n’insistez pas sur les
détails, mais davantage sur les généralités. Les
plus grands demandent des informations plus détaillées. Les informations
que vous leur apportez serviront à gérer le traumatisme ; ils
auront peut-être besoin de beaucoup parler. Soyez alors patients. Il est
nécessaire de les écouter, de les écouter, indéfiniment.
Les enfants qui ont moins besoin de parler, se rattraperont en écoutant
parler les adultes de la famille. Veillez alors à parler non loin de
ces enfants, qui ne ressentent pas un tel besoin de parler par eux-mêmes.
Témoignez beaucoup d’amour et de gentillesse, même envers
des enfants difficiles. N’oubliez surtout pas qu’ils sont anxieux
et stressés.
Il est de notre responsabilité de parents de protéger la sensibilité psychologique de notre enfant.
Les parents doivent filtrer
les informations qui parviennent à leurs enfants, tant pour ce qui est
de leur quantité que de leur nature. Car il faut protéger la sensibilité
psychologique des enfants. Moins les documents seront visuels, mieux cela vaudra.
Dans le cas d’une tragédie, les enfants les plus jeunes ne doivent
pas voir d’images du tout. Ni télévision, ni images d’Internet.
Ce serait au détriment des enfants, et cela pourrait même provoquer
des traumatismes. Vous savez, ce n’est pas du tout comme de voir un film,
même un film d’horreur. En regardant un film, l’enfant se
console des choses pénibles, en se disant que ce n’est pas vrai,
et que cela s’achèvera à la fin du film, et que cela n’aura
pas d’impact sur sa vie. Tandis qu’en observant une tragédie
qui s’est réellement produite, il peut être ému et
captivé, mais inévitablement cela développe l’anxiété
et c’est nocif pour l’enfant. D’ailleurs, à la vérité,
ce n’est pas particulièrement indiqué pour les adultes non
plus.
Nos enfants nous observent et ils ont besoin de voir que nous nous sentons bien.
Ils guettent aussi d’autres réactions de notre part. Ils ont besoin
de lire sur nos visages tristesse et compassion pour les victimes, pour leurs
familles et pour leurs amis. Nous pouvons saisir là l’occasion
de raconter à nos enfants des histoires de héros, des histoires
moins dramatiques et aussi des histoires plus dramatiques. Parlons-leur du dévouement
des sauveteurs, de petits gestes de gentillesse et d’actes de sacrifices
de soi de la part de gens simples. Les enfants ont besoin qu’on leur raconte
des scènes de bonté, pour contrebalancer les actes cruels. Ils
doivent apprendre à tendre le bras vers autrui et à compatir à
sa peine.
Les enfants ont aussi besoin d’entendre parler de D.ieu ; ils ont besoin
que vous aussi leur parliez de D.ieu. Voici quelques thèmes qui peuvent
convenir :
- Nous ne savons pas pourquoi D.ieu a laissé arriver cette catastrophe.
- Il est normal que tu sois choqué par ce qui s’est passé.
- D.ieu n’était pas absent, même pas pendant la catastrophe.
On reconnaît Sa main, dans de multiples miracles qui ont réduit
l’ampleur de la catastrophe, comme les survivants et leurs familles l’ont
raconté.
- Il faut que les enfants nous entendent exprimer notre confiance en D.ieu même
en pleine tragédie.
- En ce qui concerne la force de la prière, il convient de prier pour
qu’il y ait davantage de survivants, pour la consolation des familles
endeuillées et pour la guérison des personnes blessées.
- Prier pour que D.ieu accorde aux gouvernants la sagesse nécessaire
pour réagir dans les catastrophes, ainsi que pour lutter contre les catastrophes.
- Prier pour la sécurité des Juifs en Israël et dans le monde.
Nos enfants sont avides de notre calme, de notre compassion, de notre amour,
de notre foi et de notre espoir. Assurons-nous de ne pas les décevoir.
Traduction et Adaptation
du Rabbin Schlammé