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Famille / L'art d'être parent back  Retour
Exacerbation ou Résolution de conflitsC'est en le pétrissant d'amour avec des gestes et des mots que...

La femme apparaît dans la création dans un projet paradoxal. Elle offre certes un espace d'échange et de communication puisqu'elle vient combler la solitude d'Adam, mais aussi une contradiction "une aide face à (ou contre) lui". Elle est l'aide unique, exemplaire mais contre l'homme, c'est-à-dire un peu l'opposant.

Cette contradiction est expliquée par Rachi comme dépendante de l'attitude de l'homme. S'il est méritant, sa femme sera une aide, sinon elle sera un obstacle, une force opposée. C'est dire combien le projet familial est dynamique, loin de tout acquis définitif. La réussite du couple passe par cette recherche constante de bien faire afin qu'il y ait complémentarité et harmonie. Sans cette aspiration permanente, la place est laissée au conflit et à l'opposition dans une alternative presque catégorique qui n'admet pas de solution intermédiaire. Le premier maillon de l'espace familial, la première connexion suppose donc un travail sur soi pour que de deux identités naisse un projet commun, harmonieux, unitaire dans une dynamique évolutive et constructive.

Ensuite viennent les enfants qui doivent eux-mêmes occuper, trouver une place dans cette construction. Et le premier crime de l'humanité est fratricide comme pour nous apprendre encore une fois après le couple, combien l'espace familial est conflictuel. Car le frère c'est l'autre qui est presque moi mais qui entame l'exclusivité de ma relation filiale.

Il y a conflit lorsqu'il y a incapacité à gérer son propre espace, sa propre limite dans la logique de partage qu'implique la fratrie. Et Caïn tue Abel par jalousie, parce qu'il n'a pas accepté que l'offrande de son frère soit agréée et la sienne refusée, parce qu'il n'a pas accepté que le mérite zélé de son frère soit reconnu et son manque d'élan sanctionné.

Mais peut-être pouvons-nous risquer une autre analyse qui impliquerait davantage les parents. Car les destins des deux premiers frères de l'histoire humaine soulignent l'importance du nom que l'on donne aux enfants : le radical de l'aîné signifie acquérir, acheter, renvoie au matérialisme voire à la cupidité, celui du cadet au contraire signifie " vanité ". Sans rentrer très profondément dans l'analyse sémantique, on peut néanmoins remarquer l'antithèse, la contradiction fondamentale entre les deux noms et qui devient fatale pour Abel dont le nom semblait presque prédisposer à une existence éphémère. Car nommer ce n'est pas seulement donner un nom, mais une identité par identification.

Par extension, on peut même dire que la façon d'appeler son enfant non pas seulement à travers son nom mais à travers tous les qualificatifs qu'on pourra lui donner est une façon de le regarder et aussi de le construire. L'enfant s'identifie aux définitions de cet espace verbal. Si elles sont mélioratives, il se sentira aimé, valorisé et gagnera en assurance, si elles sont péjoratives au contraire, elles seront délétères. Et comme " l'on ne voit bien qu'avec le coeur ", c'est en le pétrissant d'amour à travers des gestes et des mots que l'on pourra aider l'enfant à se construire, mais c'est peut-être aussi en l'aimant beaucoup qu'on pourra seulement saisir son essence, comprendre sa nature.

Mais comment l'aimer, et l'aimer beaucoup, sans trahir ses frères et soeurs?

L'amour de Jacob pour Joseph, le préféré, le fils de la vieillesse, celui en lequel Jacob reconnaissait le plus sa sagesse, s'il lui donne cette assurance de chef, provoque néanmoins la haine de ses frères qui projettent dans un premier temps de le tuer (comme Caïn avait éliminé Abel) pour finir par le vendre.

Ce qui est mis en cause ici, ce n'est pas la préférence paternelle mais son caractère ostentatoire. Et les conséquences qui ont suivi nous apprennent combien il est important de ne pas laisser paraître d'intensité différente dans l'amour porté à nos enfants. Quel que soit le sentiment réel qu'on éprouve pour lui, l'enfant doit toujours se sentir aimé autant que les autres membres de la fratrie. Pourtant, les fils de Jacob finissent par se retrouver dans une construction nouvelle solidaire et féconde. C'est que chacun a su se remettre en cause et regretter sa faute passée. A ce moment seulement, ils mériteront la bénédiction de leur père à travers laquelle on voit combien le regard de Jacob est tout à la fois analytique et prophétique ; il décèle la nature de chacun tout en révélant sa fonction future dans l'histoire du peuple juif.

Là est sans doute le secret de la paternité réussie : comprendre ce que l'enfant est, son potentiel, ses qualités spécifiques pour l'aider à être ce qu'il doit devenir : le meilleur " lui-même ".

La femme apparaît dans la création dans un projet paradoxal. Elle offre certes un espace d'échange et de communication puisqu'elle vient combler la solitude d'Adam, mais aussi une contradiction "une aide face à (ou contre) lui". Elle est l'aide unique, exemplaire mais contre l'homme, c'est-à-dire un peu l'opposant.

Cette contradiction est expliquée par Rachi comme dépendante de l'attitude de l'homme. S'il est méritant, sa femme sera une aide, sinon elle sera un obstacle, une force opposée. C'est dire combien le projet familial est dynamique, loin de tout acquis définitif. La réussite du couple passe par cette recherche constante de bien faire afin qu'il y ait complémentarité et harmonie. Sans cette aspiration permanente, la place est laissée au conflit et à l'opposition dans une alternative presque catégorique qui n'admet pas de solution intermédiaire. Le premier maillon de l'espace familial, la première connexion suppose donc un travail sur soi pour que de deux identités naisse un projet commun, harmonieux, unitaire dans une dynamique évolutive et constructive.

Ensuite viennent les enfants qui doivent eux-mêmes occuper, trouver une place dans cette construction. Et le premier crime de l'humanité est fratricide comme pour nous apprendre encore une fois après le couple, combien l'espace familial est conflictuel. Car le frère c'est l'autre qui est presque moi mais qui entame l'exclusivité de ma relation filiale.

Il y a conflit lorsqu'il y a incapacité à gérer son propre espace, sa propre limite dans la logique de partage qu'implique la fratrie. Et Caïn tue Abel par jalousie, parce qu'il n'a pas accepté que l'offrande de son frère soit agréée et la sienne refusée, parce qu'il n'a pas accepté que le mérite zélé de son frère soit reconnu et son manque d'élan sanctionné.

Mais peut-être pouvons-nous risquer une autre analyse qui impliquerait davantage les parents. Car les destins des deux premiers frères de l'histoire humaine soulignent l'importance du nom que l'on donne aux enfants : le radical de l'aîné signifie acquérir, acheter, renvoie au matérialisme voire à la cupidité, celui du cadet au contraire signifie " vanité ". Sans rentrer très profondément dans l'analyse sémantique, on peut néanmoins remarquer l'antithèse, la contradiction fondamentale entre les deux noms et qui devient fatale pour Abel dont le nom semblait presque prédisposer à une existence éphémère. Car nommer ce n'est pas seulement donner un nom, mais une identité par identification.

Par extension, on peut même dire que la façon d'appeler son enfant non pas seulement à travers son nom mais à travers tous les qualificatifs qu'on pourra lui donner est une façon de le regarder et aussi de le construire. L'enfant s'identifie aux définitions de cet espace verbal. Si elles sont mélioratives, il se sentira aimé, valorisé et gagnera en assurance, si elles sont péjoratives au contraire, elles seront délétères. Et comme " l'on ne voit bien qu'avec le coeur ", c'est en le pétrissant d'amour à travers des gestes et des mots que l'on pourra aider l'enfant à se construire, mais c'est peut-être aussi en l'aimant beaucoup qu'on pourra seulement saisir son essence, comprendre sa nature.

Mais comment l'aimer, et l'aimer beaucoup, sans trahir ses frères et soeurs?

L'amour de Jacob pour Joseph, le préféré, le fils de la vieillesse, celui en lequel Jacob reconnaissait le plus sa sagesse, s'il lui donne cette assurance de chef, provoque néanmoins la haine de ses frères qui projettent dans un premier temps de le tuer (comme Caïn avait éliminé Abel) pour finir par le vendre.

Ce qui est mis en cause ici, ce n'est pas la préférence paternelle mais son caractère ostentatoire. Et les conséquences qui ont suivi nous apprennent combien il est important de ne pas laisser paraître d'intensité différente dans l'amour porté à nos enfants. Quel que soit le sentiment réel qu'on éprouve pour lui, l'enfant doit toujours se sentir aimé autant que les autres membres de la fratrie. Pourtant, les fils de Jacob finissent par se retrouver dans une construction nouvelle solidaire et féconde. C'est que chacun a su se remettre en cause et regretter sa faute passée. A ce moment seulement, ils mériteront la bénédiction de leur père à travers laquelle on voit combien le regard de Jacob est tout à la fois analytique et prophétique ; il décèle la nature de chacun tout en révélant sa fonction future dans l'histoire du peuple juif.

Là est sans doute le secret de la paternité réussie : comprendre ce que l'enfant est, son potentiel, ses qualités spécifiques pour l'aider à être ce qu'il doit devenir : le meilleur " lui-même ".



A PROPOS DE L'AUTEUR
Audrey FELLOUS
Audrey Fellous est Docteur en Sciences Humaines, Enseignante, Titulaire d'une maitrise d'Arabe et Rédactrice en Chef du Magazine "Valeurs du Judaïsme.
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