Logo Lamed.frhttp://www.aish.comAccueil Lamed.fr
...
.

Judaïsme

.
...
...
.

Soutenez-nous

.
...
Judaïsme / Histoire back  Retour
LES PERSECUTIONS PAR LES GRECSLa terreur régnait - les femmes qui faisaient circoncire leurs fils étaient tuées avec leurs bébés attachés autour de leurs cous.
Après la mort d'Alexandre le Grand, le vaste Empire Grec a été divisé en trois parties :

- La Grèce séleucide ou assyrienne

- La Grèce ptoléméenne ou égyptienne

- La Macédoine ou la Grèce proprement dite, y compris les villes-Etats indépendantes comme Athènes, Sparte, etc.

Au début, Israël est tombé sous l'autorité des Ptolémées d'Egypte. Ceux-ci se sont comportés généralement avec bienveillance, dans l'esprit qui régnait dans leur capitale, Alexandrie, capitale culturelle du monde.

Les choses ont cependant changé en 198 avant l'ère commune, après la bataille de Panyas (ou Banyas, un site situé dans le nord d'Israël que l'on peut visiter aujourd'hui), qui a vu la victoire des Séleucides d'Assyrie sur les Ptolémées.

Le nouveau roi séleucide, Antiochus Epiphane, était soumis à de nombreuses pressions. Il lui fallait résister aux Ptolémées et se préoccuper de la montée en puissance de Rome.
Il constata que le maillon faible dans ses défenses était Israël. Ce pays était bordé par l'Egypte et la Mer Méditerranée - d'où les Romains pourraient débarquer - et pire encore, les Juifs n'étaient pas de culture grecque. Telle était la situation à laquelle il a voulu porter remède.

QUAND DES MONDES ENTRENT EN COLLISION

Quand les Grecs, qui avaient conquis tout le monde connu, ont rencontré pour la première fois les Juifs, ils ont été déconcertés. Ils n'avaient jamais rencontré de gens comme eux.

Les Juifs étaient alors les seuls monothéistes sur terre et ils souscrivaient à une vision du monde qui était totalement différente des autres. En particulier, ils croyaient que tout ce qui existe avait été créé et était maintenu en existence par un Dieu unique et invisible, infini et immanent. Ces idées, et tout particulièrement celle d'une divinité se préoccupant de la vie des êtres mortels, les Grecs les trouvaient incompréhensibles.

Les idéaux juifs de paix, de fraternité, de responsabilité sociale, étaient aux antipodes des valeurs grecques.
Et surtout, les Grecs ne pouvaient pas comprendre la vision juive de la Tora. C'était un livre ancien, que les Juifs prétendaient avoir reçu de leur Dieu, et qui contenait des enseignements étranges sur la manière de vivre dans une atmosphère de paix, de fraternité, de responsabilité sociale, de respect pour la vie - toutes valeurs très éloignées de leur champ de vision.


Bref, les Grecs ne savaient que faire des Juifs.

Les Juifs étaient tout aussi déconcertés. Les Grecs tenaient en haute estime l'instruction et les choses de l'esprit - préoccupation largement partagée par eux. Ils parlaient une belle langue, que les Juifs appréciaient beaucoup. (Le Talmud dit de la langue grecque qu'elle est la plus belle du monde, la seule, hormis l'hébreu, dans laquelle il est permis d'écrire un rouleau de Tora cachère.)

De fait, la Tora a été promptement traduite en grec (au troisième siècle avant l'ère commune), la première traduction dans l'histoire juive. Cette traduction a été appelée les " Septante ", d'après les 70 rabbins qui l'ont réalisée.

(Cette traduction a toujours été considérée comme un désastre national pour le peuple juif. Désormais accessible aux non-Juifs, la Bible hébraïque, délibérément mal traduite, a été souvent employée contre nous. Les Bibles chrétiennes écrites dans nos langues vernaculaires dépendent aujourd'hui de la traduction grecque qui a été traduite en latin, la langue de l'Empire Romain. On imagine facilement la quantité de fausses interprétations et d'erreurs dont sont émaillées ces traductions.)

Il était cependant inévitable que la Bible hébraïque soit traduite en grec, devenu la langue commune de toutes les civilisations méditerranéennes. Et les Juifs, qui parlaient déjà surtout l'araméen depuis qu'ils étaient partis en exil en Babylonie, se sont mis à parler également grec. C'est ainsi que l'usage de l'hébreu s'est trouvé cantonné aux prières et à l'étude.
Malgré cette appréciation mutuelle, qui a d'ailleurs appâté beaucoup de Juifs, les vastes différences entre les deux civilisations ne pouvaient pas être tolérées longtemps par la culture dominante.

L'HELLENISATION FORCEE

La lune de miel prit fin avec éclat quand Antiochus Epiphane prit des dispositions délibérées entre 169 et 167 avant l'ère commune en vue d'helléniser les Juifs d'Israël afin de détruire le judaïsme. Le livre des Maccabées dit de cette période qu'elle a été le " règne de la terreur ".

La première chose que fit Antiochus a été de prendre le pouvoir à Jérusalem. Il destitua le grand prêtre de ses fonctions et le remplaça par un homme à sa dévotion. C'est à partir de ce moment que la grande prêtrise est devenue, dans une large mesure, une institution corrompue (comme nous l'avons expliqué au chapitre 25).

Cette corruption va finir par affecter toutes les institutions de la vie juive : la monarchie, la prêtrise, le service du Temple. Ne resteront relativement intacts que le Sanhédrin, la Cour Suprême juive, et ses rabbins qui écriront plus tard le Talmud, ainsi que nous le verrons.

Après qu'il a installé son propre grand prêtre, Antiochus essaya d'abolir le calendrier juif.

Ce sont les Grecs qui ont inventé la persécution religieuse, un concept jusque-là inconnu dans l'histoire.
Antiochus, à cette époque, comprenait très bien les Juifs. Pour lui, ces gens étaient obsédés par le temps : ils essayaient de le rendre sacré. Détruisez le temps et vous détruirez l'aptitude des Juifs à pratiquer le judaïsme. Antiochus va donc interdire l'observance du Chabbath, celle de la Néoménie (Roch 'Hodèch), et celle des fêtes - Pessa'h, Chavou'oth, Roch hachana, Yom Kippour et Soukoth.


Ensuite, Antiochus va interdire d'observer la cacherouth et d'étudier la Tora. Les rouleaux de Tora furent brûlés publiquement, et l'on sacrifia des porcs sur des ouvrages sacrés afin de les rendre impurs. De fait, Antiochus semblait obsédé par le porc, sachant que cet animal est particulièrement répugnant aux Juifs ; il força même le grand prêtre à offrir des sacrifices de porc dans le Temple de Jérusalem, et aussi à y favoriser l'adoration de tout un échantillonnage de divinités grecques. (Voir I Maccabées 1, 41 à 64.)

Enfin, Antiochus décida d'interdire la circoncision. Pour les Juifs, c'était le signe physique, tangible, de leur alliance avec Dieu. Et c'est ce que les Grecs - qui adoraient la perfection du corps humain - trouvaient le plus détestable. Pour eux, la circoncision était une mutilation.

Comme les Juifs opposaient de la résistance, Antiochus et ses acolytes ont réagi avec une extrême cruauté. L'historien juif Berel Wein dépeint ces persécutions dans son livre Echoes of Glory :

"Les femmes qui faisaient circoncire leurs fils étaient tuées avec leurs bébés attachés autour de leurs cous.
Les érudits d'Israël étaient poursuivis, pris en chasse et mis à mort. Les Juifs qui refusaient de manger du porc étaient torturés à mort… Même le plus petit hameau dans Juda n'était pas à l'abri de l'oppression des Hellénistes. Des autels à Zeus et à d'autres divinités païennes étaient dressés dans chaque village, et les Juifs étaient partout forcés de participer à leur culte." (p. 63)

Ce type de persécution religieuse était, jusqu'à cette époque, inconnu dans l'histoire humaine, et personne dans le monde antique ne s'en serait pris aux religions des autres peuples. La devise des païens était en effet : " J'adorerai ton dieu, tu adoreras le mien. Plus il y aura de dieux mieux cela vaudra ! "

(Nous verrons plus tard les mythologies grecque et romaine unir Zeus et Jupiter, etc. L'idéal était dans le pluralisme : la religion des uns était bonne pour les autres.)

Personne, dans le monde païen, n'est jamais mort pour sa religion. Personne, sauf les Juifs.

Les Juifs considèrent qu'il existe dans l'existence des valeurs pour lesquelles il vaut la peine de sacrifier sa vie, des valeurs plus importantes que la vie elle-même. Les Juifs sont prêts à donner leurs vies pour le judaïsme. Non pas parce que Dieu demande que l'on meurt pour Lui, mais parce que l'idéologie de la Tora est quelque chose sans laquelle l'humanité est condamnée. Les Juifs, qui sont supposés être " une lumière pour les nations ", ne peuvent pas abandonner leur mission, même quand leurs vies sont menacées.

Bien sûr, les Juifs ne doivent pas se comporter comme des agneaux allant à l'abattoir : Ils peuvent lutter contre ce type de tyrannie et ils l'ont fait. Ce qui a été cependant le plus terrible dans ce combat, c'est que les Juifs qui défendaient leur foi ont dû lutter contre les Grecs tout autant que contre certains de leurs propres frères qui s'étaient convertis à l'hellénisme.

JUIF CONTRE JUIF

Quand les Grecs ont attaqué le judaïsme, ils l'ont fait avec l'aide d'une secte plantée comme une écharde dans le peuple juif: celle des Juifs hellénisés.

Ces Juifs avaient été nourris aux sources de la culture grecque. Et il n'y avait rien d'étonnant à cela. La culture grecque était le milieu culturel le plus important dans le monde antique.

Un groupe peu nombreux, mais très puissant, de Juifs s'aligna sur les autorités grecques.
Nous avons assisté à ce genre de situation tout au long de l'histoire juive. Une culture mondiale s'installe, à vocation éclairée et progressiste, porteuse de l'ambition de réformer le monde, et elle séduit beaucoup de Juifs appartenant aux classes supérieures de la société. Pourquoi ? Parce qu'ils sont riches, brillants, et qu'ils en ont du temps libre. Ils disent alors au reste du peuple juif : " Soyons modernes ! Oublions tout ce vieux fatras des traditions désuètes ! " (Ce modèle, nous le verrons plus loin, va se répéter en Espagne, en Allemagne, et même aujourd'hui dans les pays occidentaux.)


Cette époque va voir se développer un groupe peu nombreux, mais très puissant, de Juifs hellénisés, totalement alignés sur leurs maîtres grecs, et qui calquent entièrement leur conduite sur la leur.

Ils envoient leurs enfants au gymnase, et ils se débarrassent de leurs circoncisions - une opération très douloureuse - puisque beaucoup d'activités, chez les Grecs, se pratiquent en état de nudité, et que les Grecs les auraient considérés, à défaut de cette intervention, comme des mutilés.

Pire encore, le fossé entre les Juifs hellénisés et le courant juif dominant va se doubler d'une autre séparation, celle qui va éloigner l'un de l'autre deux systèmes de pensée religieuse.
Le schisme commença quand deux maîtres - Tsaddoq et Baïthos - se mirent à prêcher une nouvelle forme de judaïsme, où l'on ne croyait plus en l'origine divine de la Tora orale (que nous avons expliquée au chapitre 26). Leurs adeptes ont été appelés les Sadducéens (Tsedoukim) et les Boéthussiens (Baïthossim), encore que l'histoire ait surtout retenu les Sadducéens. Le courant dominant, celui des Juifs de stricte observance, qui gardaient la loi juive telle qu'elle a toujours été pratiquée, ont été appelés ironiquement les " Pharisiens " (Perouchim), ce qui veut dire les " gens séparés ", par opposition aux autres.

Puisque les Sadducéens ne croyaient pas que la Tora orale venait de Dieu, ils se considéraient comme n'étant tenus de respecter que les lois de la Tora écrite, qu'ils lisaient de manière littérale. Mais beaucoup de lois de la Tora écrite sont incompréhensibles sans la Tora orale. Leur réponse ? Chacun pour soi ! C'est à chacun de décider ce qu'elle veut dire et agir en conséquence.

Les Sadducéens ont trouvé des alliés naturels parmi les Juifs hellénisés, comme l'explique le rabbin Berel Wein :

"Les Sadducéens ont toujours été plus acceptables aux yeux des Juifs hellénisés que leurs adversaires rabbiniques. L'alliance des Hellénistes et des Sadducéens contre le judaïsme traditionnel a provoqué une agitation constante dans la vie juive tout au long de la période du deuxième Temple et même par la suite." (Echoes of Glory, p. 38)


(Nous traiterons des Sadducéens plus en détail dans les chapitres où nous parlerons de l'Empire Romain et de sa domination sur les Juifs.)

Voici comment l'historien Flavius Josèphe explique dans son Contra Apion les croyances des Juifs à cette époque :

"Les Pharisiens [qui sont considérés comme plus adroits dans l'exacte explication de leurs lois et dont l'école a une influence prépondérante] attribuent tout au destin et à Dieu, tout en considérant que c'est surtout à l'homme qu'il revient de choisir de faire le bien ou le mal. Ils disent que toutes les âmes sont immortelles, mais que celles des justes transitent par d'autres corps tandis que celles des impies sont soumises à une punition éternelle.

Les Sadducéens, en revanche, excluent entièrement le destin et considèrent que Dieu n'est pas concerné par ce que nous faisons en bien ou en mal. Ils disent que faire le bien ou le mal est un choix personnel de l'homme et qu'il appartient à chacun de choisir entre l'un ou l'autre selon son bon gré. Ils excluent aussi la croyance dans l'immortalité de l'âme et les punitions et les récompenses dans l'au-delà.

De plus, le Pharisiens se comportent courtoisement les uns envers les autres, et ils cultivent des relations harmonieuses avec la collectivité. Le comportement des Sadducéens, au contraire, est celui de rustres, et leur conversation avec les membres de leur propre secte est barbare comme s'ils leur étaient des étrangers."

On voit à quel point les Sadducéens ont été influencés par la pensée grecque. C'est là une des raisons pour lesquelles les grands prêtres et le service du Temple sont devenus aussi corrompus, un grande partie de la classe sacerdotale, une classe supérieure à cette époque, ayant adhéré à la doctrine des Sadducéens. Voilà aussi pourquoi le Talmud nous apprend que tant de grands prêtres sont morts pendant le service de Yom Kippour.

La corruption du Temple, l'hellénisation forcée et les persécutions vont finir par provoquer la révolte des Juifs de stricte observance. Quand ils se soulèveront, les Grecs trouveront des collaborateurs parmi les Juifs eux-mêmes.

La révolte des Maccabées - que nous célébrons aujourd'hui à 'Hanouka - a été une guerre civile entre Juifs tout autant qu'un combat contre la Grèce. Elle n'a pas été une guerre de libération nationale, ni une lutte pour la liberté physique - elle a été une lutte pour des idées.

Notre prochain chapitre : La révolte des Maccabées.

Traduction et adaptation de Jacques KOHN


A PROPOS DE L'AUTEUR
le Rabbin Ken SPIRO
  Liens vers les articles du même auteur (47 articles)


COMMENTAIRE(S) DE VISITEUR(S)  1
Remerciements - 3 Janvier 2006 - par Sarrasin Louis-Raymond
J'ai bien apprécié vos explications sur la secte des Sadducéens et sa confrontation avec la civilisation grecque imposée par le Séleucide Antiochus Épiphane.
Cela me fait mieux comprendre les origines de ma propre religion.
Emettre un commentaire
 Nom
 Prénom
 Email *
 Masquer mon email ?
Oui  Non
 Sujet
 Description (700 caractères max) *
 * Champs obligatoires
...
.

Outils

MODIFIER LA TAILLE DU TEXTE
.
...
...
.

Et aussi...

.
...