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Actualité / Israël et les Nations back  Retour

Qui est juif ? qui est hébreu ?

Avez‑vous jamais discuté du problème intitulé “Qui est juif” ?

Je voudrais moi aussi donner ma réponse, ou plutôt vous rappeler que pour quiconque possède de bonnes notions de la Tora Ecrite et Orale, la question ne se pose pas. Je ne parle pas du fameux principe selon lequel être né d’une mère juive ou avoir eu une conversion légale sont les préliminaires à un engagement juif ; pas non plus de la réalisation des mitsvoth qui en est l’expression pratique, mais des fondements mêmes de cet engagement.

On pourrait lire par exemple les Treize Principes de Maïmonide ou le bilan moral qu’il expose dans le troisième chapitre des “Lois de la Techouva” (retour vers D’eu).

Avant que le problème ne devienne l’objet de réunions de salon, de tels textes avaient statut de références incontestées. Mais laissons ces lectures à ceux qui veulent s’informer sérieusement.

Rappelons pour notre part cette histoire que nous tenons de notre plus tendre enfance :

Il y a quatre mille ans, vécut un petit garçon fort tourmenté. Il ne parvenait pas à comprendre pourquoi il était le seul à se poser des questions. Il avait comme les autres adoré le soleil, mais avait cessé de le servir dès lors qu’il s’était aperçu que la lune prenait sa place pendant la nuit. Il était émerveillé devant les forces de la nature, mais il ne pouvait se résoudre à leur vouer un culte comme tout le monde.

Car Abraham concevait que le sens de la vie pût se trouver en dehors de sa petite personne. Il ne saisissait pas comment les hommes pouvaient se complaire dans une adoration arbitraire.

Jugé mécréant par son père, il dut comparaître devant le grand monarque Nimrod. Celui-ci le somma : “Prosterne-toi devant le feu !

- Plutôt devant l’eau qui éteint le feu ! rétorqua l’enfant.

- D’accord si c’est là ton choix.

- Mais les nuages portent l’eau !

- Ce sont donc les nuages qui t’inspirent ?

- Non, je préfère l’air qui disperse les nuages.

- Alors, ton option est-elle faite maintenant ?

- Impossible, puisque l’homme est porteur d’air.

- Trêve de paroles ! Mon dieu c’est le feu, et on verra bien si le tien pourra t’en sauver si je t’y jette.”

Des confrontations de ce genre ne firent qu’affermir Abraham dans ses convictions. Il comprit que ce n’était pas lui qui avait un esprit étrange, mais bien le monde qui manquait d’audace pour admettre une vérité pourtant évidente.

Il lui apparaissait clairement à présent qu’il y avait un D’eu universel en fonction duquel il voulait établir sa vie, un D’eu omniprésent quoique invisible. Si les gens avaient peine à l’imaginer, c’était parce que les rois et les mages prenaient sa place. Oui, c’était la peur et le mensonge organisé qui entretenaient ces croyances insensées, peur des hommes d’assumer leur propre vie et connivence des prêtres et des rois pour canaliser leur recherche vers un culte sécurisant et abrutissant.

La vérité dont les gens parlaient était d’un tout autre genre que celle qu’il avait découverte : elle était le produit de statues et d’édifices, de manifestations populaires et de niaiseries répétées par le clergé et le pouvoir.

Il eut plus tard des révélations prophétiques qui vinrent compléter ses recherches. Il apprit du reste que l’humanité n’avait pas totalement perdu sa tra-dition monothéiste : il existait encore des hommes comme Malkitsédeq qui se disait prêtre de Qel ’Eliyone, du D’eu suprême (Genèse chap. 14, vers. 18).

Pourtant, Abraham, lui, appelait l’Etre suprême d’un autre nom : Qel ’Olam, D’eu du monde (ib. chap. 21, vers. 33) ou encore “D’eu du ciel et de la terre” (chap. 24, vers. 3). C’est qu’il avait bien compris qu’autant que des monarques comme Nimrod agenceraient la réalité à leur guise, ils seraient toujours capables de fabriquer des “vérités évidentes” si puissantes que dans le meilleur des cas, le D’eu suprême resterait un concept abstrait sans impact réel sur le monde.

Sans engagement concret, la vérité n’a pas de sens. Aussi les mots tsedaqa et michpath - générosité et justice - furent-ils les mots clé du patriarche, et l’essence de ce qu’il comptait transmettre au peuple issu de lui (ib. chap. 18, vers. 19).

Ce peuple, c’est nous.

Nous ne sommes pas le produit de l’antisémitisme ou d’un autre accident de l’histoire. Nous sommes la seule nation tirant son origine de la vision d’un juste, confirmée par son propre engagement et son alliance avec le Créateur.

Tout cela, me direz-vous, remonte en effet à quatre mille ans. Aujourd’hui, le schéma s’est presque inversé. Ce n’est pas au paganisme que le Juif se trouve confronté, mais à un monde de super-rationalité. Le Juif moderne a peut-être plus de difficultés à rejeter les options de son entourage que n’en avait Abraham. Que pourrait-il lui opposer si ce n’est un conditionnement parfait dans une vie rituelle reçue avec le lait ? Ou peut-être faut-il un mysticisme exacerbé pour fonder sa vie sur des valeurs totalement abstraites ?

Nous maintenons pour notre part que c’est la rationalité qui est le fondement essentiel de notre engagement ; qualité que le monde ambiant possède moins qu’il ne l’imagine.

NON, ce n’est pas particulièrement logique de vivre sans s’interroger sur l’origine et l’aboutissement de la vie. A y réfléchir, il apparaît plutôt bizarre de pouvoir passer son existence à poursuivre des biens matériels que l’on achète uniquement parce qu’une firme a décidé d’en vendre, et à briguer des fonctions et des positions dont le sens réside dans l’appréciation sociale...

Nous ne voudrions pas verser dans la banalité en poursuivant ce réquisitoire, et de toute façon, nous nous sommes déjà écartés de notre sujet. Notre propos n’est ni de définir en quoi exactement nous refusons certaines valeurs, ni de circonscrire celles que nous avons à apporter. Ces quelques lignes n’y suffisent pas. Nous voulons montrer qu’à la base des grands choix du judaïsme, il y a une attitude fondamentale. Que le rejet de l’idolâtrie est le refus d’associer des idéologies aux villes, aux pays ou aux rois, et que le choix d’être hébreu commencerait par la capacité et le courage de ne pas se ranger à tous les consensus (’ivri, en hébreu, signifie “de l’autre côté”). C’est un certain scepticisme face aux opinions et aux expressions toutes faites.

Posons-nous une question : Si l’identité juive, fort heureusement, est assumée par un grand nombre d’entre nous, comment se fait-il alors que tant de discours confus et contradictoires soient tenus quant à son contenu ? Est-ce que le monde, qui ne nous a pas fait perdre la notion de notre nom, serait parvenu à le colorer de toutes les idéologies qui ne sont pas les nôtres ?

Avant d’affirmer qu’être juif veut dire avoir un sens viscéral de son existence ou aimer Israël, avoir une histoire commune à d’autres Juifs, ou être le produit de l’antisémitisme, être né de mère juive ou d’assumer des coutumes ancestrales... ne serait-il pas intéressant d’étudier en profondeur ce que le judaïsme a à dire à ce propos ?

Vous êtes peut-être de ceux qui trouvent qu’il est mieux d’être universaliste, rationaliste, socialiste... Pourrais-je vous faire la proposition suivante ?

Plutôt qu’intégrer sans sens critique des idéologies extérieures à la lumière desquelles vous jugez celle qui, selon une recherche méthodique, devrait vous être la plus proche, pourquoi ne pas inverser le processus, et après vingt ans de culture française, sacrifier quelques semaines pour acquérir quelques notions de la vôtre ?...



A PROPOS DE L'AUTEUR
le Rabbin Benjamin RINGER
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COMMENTAIRE(S) DE VISITEUR(S)  2
qui est juif - 4 Juin 2005 - par arfi georges
votre conclusion est exactement ce que j'aimerai pouvoir dire à chaque juif et qu'il l'accepte .
4 Juin 2005 - par valérie
avec plaisir, j'aimerai acquérir des notions et meme plus !
mais (ne trouvez pas ça bete) je ne sais pas par quel bout commencer, je ne sais pas où me diriger ...
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