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La Torah et le TalmudLe juif n'entre dans aucune catégorie classique pré-établie. Il est un phénomène qui échappe à la classification, car il est un devenir en fusion avec un autre devenir: la Torah.

"Notre peuple existe par l'unique vertu de la Torah". Cette phrase a été écrite, il y a plus de 1,000 ans, par le Gaon Saadia (vers 930) et il ne s'agit pas là d'une formule creuse, mais d'une définition précise.

Si le peuple juif se définit dans le temps par son origine, son histoire, son destin; dans l'espace par le lien fondamental et indissoluble qui l'attache à Sion, à Israël, ces deux dimensions n'acquièrent leur contenu significatif que grâce à une troisième qui les transcende: la Torah.

Le juif est un phénomène qui échappe à la classification, car il est un devenir en fusion avec un autre devenir: la Torah

II est aussi absurde de définir le juif comme membre d'une nation que de parler d'une confession israélite ou d'un judaïsme culturel ou laïque. Le juif n'entre dans aucune catégorie classique pré-établie. Il est un phénomène qui échappe à la classification, car il est un devenir en fusion avec un autre devenir: la Torah. Sans juif point de Torah ;sans Torah point de juif.

Pour dégager la signification de la Torah, nous allons d'abord étudier l'étymologie de ce mot, puis en examiner le contenu et notamment la place qu'y occupe le Talmud.

En effet, ce n'est qu'une fois parvenu à situer la place du Talmud dans ce qu'est la Torah pour le juif, et à dégager ce que signifie "étudier le Talmud ", que je pourrai, je l'espère, vous faire comprendre ce que cette étude m'apporte.


SIGNIFICATION DU MOT TORAH



Ce mot hébreu procède de (yarah) qui signifie: jeter, lancer, tirer, projeter, et ce n'est que le sens dévié qu'en donnent: enseigner, montrer, indiquer.

Si nous reprenons maintenant les quatre lettres qui composent le mot Torah nous trouvons la triade (tor) et la lettre (hé).

Le mot (tor) comporte des significations multiples:

un temps: âge, époque;
un espace: forme, aspect; un lieu de rencontre espace-temps: rangée, ordre, le tour, l'échéance de quelqu'un ou d'un événement; une action d'exploration (latour): parcourir, explorer.

Cette rencontre spatio-temporelle nous renvoie au premier sens: projeter, tirer, lancer. La Torah est un projet, un devenir: un lieu de rencontre espace-temps. Voilà donc un premier isomorphisme avec le devenir spatio-temporel que constitue Israël.

Le mot (tor) dénote, en outre, deux objets qui renvoient à leur tour à toute une suite de symboles. D'une part, tourterelle, qui suggère: paix, fidélité, dépouillement, légèreté, pureté, mouvement, innocence, liberté, absence d'attaches matérielles, etc. D'autre part, collier, qui symbolise: attachement, ornement, parure, richesse, ostentation, etc.

A preuve qu'il ne s'agit pas d'une simple spéculation sémantique j'évoquerai ce verset du Cantique des Cantiques:
(vekol hator nichma beartsénou)-"La voix de la tourterelle s'entend dans notre pays" -et le commentaire du Zohar à ce propos: "Cette voix, c'est la Torah orale ".

A ce (tor) vient s'ajouter la lettre (hé) pour former le mot (Torah). Que signifie ce hé? II renvoie à la transcendance divine. C'est le hé de la création: élé toldote hachamaim véaaréts béhibaram " Telles sont les origines du ciel et de la terre, lorsqu'ils furent créés"(1). Or, le terme behibaram est écrit dans la Torah avec un hé d'une dimension inférieure aux autres lettres qui composent le mot. Rabbi Yehouda bar Ilai commente cette originalité dans le Talmud(2): "Ne lis pas: "behibaram ", mais lis: "behébaram ": ce monde-ci a été créé avec le hé. Quant au Zohar(3), il relève que (hibaram) est l'anagramme de (Abraham). Or, nous savons que celui-ci s'appela d'abord Avram et c'est à la suite de son alliance, son engagement de fonder une nation respectueuse de la Torah, que l'Eternel ajouta à son nom la lettre hé; ainsi d'Avram, il devint Abraham(4).

En somme, rien que sur le plan sémantique, la Torah est bien autre chose qu'un récit ou un recueil de rites ou de règles d'éthique, un code pénal ou une œuvre littéraire. Nous avons vu que la Torah est une voix. Or, la voix, contrairement à l'écriture, est vivante. Elle se situe à la fois dans le temps et dans l'espace; ce n'est pas une suite de mots sous une forme achevée, un discours fixé une fois pour toutes sur le parchemin; c'est une parole vivante qui jaillit en permanence: Vékol Aame roime éte akolote "Tout le peuple vit les voix"(5)

Ceci nous amène directement au contenu de la Torah.

Le contenu



Réche Lakiche enseigne(6): "II est dit dans la Torah (7) "Je te donnerai les Tables de pierre, la loi et le commandement que j'ai écrits, pour les leur enseigner". Les Tables de pierre, ce sont les dix commandements; la loi, c'est la Bible; le commandement, c'est la michna; pour les leur enseigner, c'est la guemara ". Ce texte nous apprend que c'est tout cet ensemble qui a été donné à Moise au Mont Sinai.

Oui, dans son sens plein et traditionnel, la Torah comprend tout à la fois la parole de Dieu -telle qu'elle est consignée dans la Bible et plus particulièrement dans le Pentateuque (la Loi écrite) - et le Talmud, comprenant la michna et la guemara (la Loi orale). C'est cet ensemble qui forme un tout indissoluble: la Torah.


Entre la Torah écrite et la Torah orale, point de différence car, nous l'avons vu, c'est une même voix, une même parole, vivante et non figée. II n'est pas possible d'étudier la Bible sans étudier le Talmud - la michna et la guemara. C'est grâce à cet approfondissement continuel du texte, que le projet, la volonté, que constitue la Torah, sont assumés. "Tu te conformeras à la doctrine qu'ils (les membres du Sanhédrine) t'enseigneront, selon la règle qu'ils t'indiqueront" (8). Rien n'est figé ; la loi se fait et s'accomplit par ceux qui l'assument en l'étudiant.

Et il ne s'agit pas là d'une simple figure de style. Nous apprenons ainsi dans le Talmud(9) que Rabbi, parmi d'autres innovations, a autorisé la consommation des légumes, dès la huitième année (10). A ses collègues, choqués et indignés partes réformes, il répliqua: "Venez discuter tous! II est écrit dans la Bible(11) : Il (Ezéchias) broya le serpent d'airain érigé par Moïse (12). Ne s'était-il donc trouvé aucun juste depuis Moise jusqu'à Ezéchias pour accomplir cet acte? De quel droit ce dernier prit-il cette initiative que personne avant lui n'avait voulu ou osé prendre? - C'est que ce diadème, le Saint, béni soit-il, le lui a réservé pour qu'il s'en pare. Quant à nous, c'est cette réforme-ci qui constitue notre diadème; il nous a été réservé pour que nous nous en servions ".

Peut-on montrer avec plus d'éloquence la liberté qui est laissée à l'homme par rapport à la Loi? Peut-on dire plus clairement qu'elle est un projet, une volonté, à accomplir par l'homme? Rappelons-nous que le héros de cette histoire est Rabbi Yehouda Hanassi, le rédacteur de la michna. C'est lui qui compare l'innovation à un diadème réservé par l'Eternel à celui qui en prendra l'initiative et la responsabilité.

Ceci nous amène à l'isomorphisme et à la relation fusionnelle entre Israël et la Torah. Les deux se définissent par la rencontre de l'espace et du temps dans la transcendance. Les deux constituent un devenir et un projet qui s'accomplissent en interaction: la Torah par le juif, le juif par la Torah. Ils se déchiffrent l'un par l'autre.

La Loi est (hala' ha), une marche vers l'accomplissement et non une exégèse de textes jaunis. Ce mot est formé de (hala'h) - "il marche" et la lettre (hé) indiquant la transcendance. C'est, pour chacun de nous, le (lë h lé ha), le "Va pour toi " d'Abraham.

(Avec l'aimable autorisation du Département de l'Education par la Torah de l'Agence Juive).


(1) Genèse 2, 4.
(2) Mena'hott 29 b.
(3) Léh léha 86.
(4) Signalons encore que la lettre hé est composée d'un dalete, symbolisant les deux dimensions de la terre, et d'un yod, symbolisant la transcendance,.
En hébreu non ponctué les lettres b et v sont identiques.
(5) Exode 20, 15.
(6) Béra'hotte 5 a
(7) Exode 24, 12.
(8) deutéronome 17 ,11
(9) Demaï (Yerouchalmi) 2; voir aussi Michna Cheviitt 6, 4.
(10) L'année qui succède à une année chabatique. Avant cette réforme, la consommation des légumes était interdite la 8e année pendant le laps de temps nécessaire pour produire de nouveaux légumes.
(11) 2 Rois, 18, 4.
(12) Moise avait dressé ce serpent au moment où, dans le désert, les juifs furent attaqués par les serpents (Nombres 21) qui firent des ravages dans le peuple. La vue de ce serpent d'airain, dressé vers le ciel, guérissait de la morsure. Plus tard, certains en firent une idole et c'est pourquoi Ezéchias le brisa .



A PROPOS DE L'AUTEUR
Emeric DEUTSCH
Emeric Deutsch est sociologue et psychanaliste. Il est un ancien Professeur de Psychologie sociale à l' Institut d'Etudes Politiques de Paris et ancien Directeur Général de la SOFRES.
  Liens vers les articles du même auteur (3 articles)


COMMENTAIRE(S) DE VISITEUR(S)  6
Je ne sais qui je suis.. - 11 Mars 2006 - par DRESLER Thomas-Joseph
Selon la Halakha, je ne suis pas juif car né de père juif et de mère chrétienne. Selon mon coeur, je suis bien plus juif que chrétien. Selon un regard extérieur, je suis très "judaisé" mais dans mon judaisme j'ai davantage de bonne volonté que de talent et de savoir-faire. Je manque encore d'une bonne connaissance des textes et de pratique des quelques 613000 mitsvots de la Torah.
Puisse D. m'aider, par votre entremise, à y voir plus clair !!! Car si je ne sais qui je suis, je sais avec qui je suis...la Tora/Thora/Torah

PS : je sais qu'il n'y a que 613 mitsvots mais en écoutant les milles et un récits rabbiniques j'ai l'impression qu'il y en a 1000 fois plus
Je ne sais qui je suis.. - 11 Mars 2006 - par DRESLER Thomas-Joseph
Selon la Halakha, je ne suis pas juif car né de père juif et de mère chrétienne. Selon mon coeur, je suis bien plus juif que chrétien. Selon un regard extérieur, je suis très "judaisé" mais dans mon judaisme j'ai davantage de bonne volonté que de talent et de savoir-faire. Je manque encore d'une bonne connaissance des textes et de pratique des quelques 613000 mitsvots de la Torah.

Puisse D. m'aider, par votre entremise, à y voir plus clair !!! Car si je ne sais qui je suis, je sais avec qui je suis...la Tora/Thora/Torah

Rescpecteusement et "shaloment vôtre"...

Tom-Io Dresler ben Moché ben Chulime

PS : je sais qu'il n'y a que 613 mitsvots mais en écoutant les milles et un récits rabbiniques j'ai l'impression qu'il y en a 1000 fois plus
15 Février 2006 - par Nollan laurent
Je viens de regarder le documentaire sur Arté relatif à l'histoire de polices du régime nazi.
Je tombe sur votre site, car je cherchais des info supplémentaires sur la conférence de Wannzee.
J'aime votre site que je trouve instructif.
Athée, je me sens néanmoins juif en raison des souffrances dont votre peuple a été victime depuis trop longtemps.
En tant que français, je me sens quelque part responsable de la déportation des milliers des Vôtres. Car le régime de Vichy a existé.
C'est la plus grande honte de notre histoire.
Comment les révisionnistes peuvent-ils nier ?
Pardon.
Laurent.


Talmud - 12 Janvier 2005 - par Babika Nadia
Article eclairant et pédagogique. Continuez Merci
Nous sommes si proches les uns des autres - 1 Janvier 2005 - par Delen Jacques
Je suis chrétien "catholique". Nous devrions apprendre à mieux nous connaître... Cela nous permettrait de mieux nous comprendre et de pouvoir nous estimer ! Trop souvent, les chrétiens ne comprennent rien à la conception juive: d'où tous les préjugés.
Merci pour votre site qui m'aide à mieux vous "aimer".
commentaires - 2 Mars 2003 - par PACE Giorgio
Je suis un hébraïsant francophone (origine italienne) et j'étudie l'hebreu biblique.Votre programme est très interessant.
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