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La Torah donne des instructions détaillées concernant les lois de la shmita, l'année Shabbatique. On promet au peuple que, s'il fait confiance à D-ieu et obéit aux lois de shmita, il aura une récolte exceptionnelle durant la sixième année, qui comblera l'absence de récolte de la septième année, année de jachère.

L'Eternel parla à Moïse sur le mont Sinaï en disant : 'parle aux enfants d'Israël et tu leur diras : quand vous viendrez vers la terre que Je vous donne, la terre se reposera, un repos (Shabbat) pour l'Eternel. Durant six ans, tu ensemenceras ton champ; durant six ans, tu tailleras ta vigne et tu engrangeras sa récolte. Mais la septième année, ce sera un repos complet (Shabbat Shabbatone) pour la terre, un Shabbat pour l'Eternel.' [Lévitique 25:1-4]

A partir de ce passage, la Torah donne des instructions détaillées concernant les lois de la shmita, l'année Shabbatique. On promet au peuple que, s'il fait confiance à D-ieu et obéit aux lois de shmita, il aura une récolte exceptionnelle durant la sixième année, qui comblera l'absence de récolte de la septième année, année de jachère.

Dans ce passage, deux points particuliers intéressent les commentateurs :
pourquoi la Torah devait-elle préciser et insister sur le fait que cette loi a été donnée au Mont Sinaï?
Pourquoi cette loi est-elle enseignée avec autant de détails, alors que d'autres principes fondamentaux du Judaïsme sont enseignés brièvement, et développés au travers de la loi orale?

Rashi explique en citant le Midrash :

Quelle est la raison de la juxtaposition de la shmita au mont Sinaï? Tous les commandements n'ont-ils pas été enseignés au mont Sinaï? En fait, tout comme les principes généraux et les détails de la shmita ont été enseignés au Mont Sinaï, de même, les principes généraux et les détails de tous les commandements ont été enseignés au Mont Sinaï. [Rashi, Lévitique 25:1]

Rashi reprend dans son explication les deux particularités (la précision du Mont Sinaï et l'abondance des détails), mais dans un sens sa réponse renforce la question. Pourquoi l'année de la jachère a-t-elle été choisie pour être la mitsva "phare" de cet enseignement qui stipule que les principes généraux et les détails de tous les commandements ont été révélés au Mont Sinaï? N'importe quel autre commandement parmi les 613 mitsvot aurait été tout autant approprié. Il doit certainement y avoir quelque chose d'intrinsèque à la mitsva de shmita qui a suscité un tel choix.


A plusieurs reprises, Na'hmanide fait référence à une tradition mystique qui détient une des clefs permettant de comprendre les lois, et en fait, le principe même de la shmita. Il cite Rabbi Avraham Ibn Ezra :
" La signification d'un Shabbat (jachère) pour le Seigneur est comparable à celle du jour du Shabbat. Ici, on fait allusion au secret de l'âge du Monde."

La citation d'Ibn Ezra est quelque peu cryptée, mais avant de l'analyser et de se pencher sur l'explication de Na'hmanide, essayons de voir d'autres endroits où Na'hmanide fait référence à cette tradition mystique particulière.

 

UNE TRADITION MYSTIQUE


En commentant le tout premier verset de la Torah, Na'hmanide explique pourquoi la Torah a dû commencer par : "Au commencement, D-ieu créa le Ciel et la Terre".

Après avoir déclaré que la foi en un D-ieu qui a créé l'Univers et qui lui permet de perdurer, est le point de départ et la base de toute croyance, Na'hmanide ajoute :

 

La réponse est que le processus de la Création est un mystère profond qu'on ne peut comprendre à partir des versets. Ce processus ne peut être vraiment connu, excepté au travers de la tradition enseignée par Moshé notre maître, qu'il a lui-même reçue de la "bouche" du Tout-Puissant. Ceux qui le connaissent sont obligés de le dissimuler. [Ramban, Genèse 1]

 

D'aprés Na'hmanide, l'année Shabbatique est reliée au Shabbat lui-même. Voilà pourquoi il est écrit : "Shabbat pour D-ieu", lorsqu'il est fait référence à l'année Shabbatique. Une autre explication de Na'hmanide reliera les deux sujets.

 

 

Tout en commentant les lois concernant l'esclavage, Na'hmanide se demande pourquoi la loi de l'esclavage est mentionnée avant toutes les autres lois dans parashat Mishpatim.

Il y a également en elle (la loi concernant l'esclave) une allusion à la Création du Monde et au Shabbat, car la septième année pour un esclave représente un repos complet du travail pour son maître, tout comme le septième jour de la semaine. Il y a en outre un "septième" pour le décompte des années, qui est le jubilé (sept fois sept ans, tous les 49 ans), car le chiffre sept a été choisi pour le décompte des jours, des années, et des jachères, et tout cela, pour un seul et unique sujet, à savoir le secret des jours du monde (c.-à-d. l'âge du monde), de Béréshit jusqu'à "Vaykhoulo". C'est pour cela que ce commandement mérite d'être mentionné d'abord, en raison de son importance extrême, faisant référence à de grandes choses concernant le processus de la Création." [Ramban, Exode 21:2]

De nouveau, Na'hmanide utilise le terme de Ma'assé Béreshit "processus de la Création", mais maintenant il le relie à l'âge du Monde. Par conséquent, la spéculation sur l'âge de la Terre serait incluse dans la liste des sujets mystiques qui ne peuvent être enseignés publiquement, comme le rappelle la Mishna 'Haguiga :

 

...Il n'est pas convenable de commenter à deux la Création du Monde... [Mishna 'Haguiga 2:1]

 

C'est donc pour cette raison que Na'hmanide reste "prudent" dans ses commentaires. Na'hmanide, l'un des plus grands Kabbalistes de sa génération, aurait facilement trouvé la connexion entre l'idée de l'année shabbatique et les considérations mystiques, sans avoir recours à une quelconque aide d'Ibn Ezra. En fait, Na'hmanide écrit ailleurs :

Rabbi Abraham Ibn Ezra l'a déjà suggéré quand il a écrit : "Ici, on fait allusion au secret de l'âge du Monde". Il n'y a pas meilleur commentaire dans les travaux d'Ibn Ezra que celui-ci, pour nous révéler son excellente compréhension de la Kabbalah.

Ici, Na'hmanide fait référence à l'un des écrits d'Ibn Ezra qui s'intéresse à l'âge de la Terre et à sa longévité. Na'hmanide avait connaissance d'un enseignement qui est rapporté dans un ancien traité mystique appelé Sefer Hatemounah - le livre de l'Image. Le Sefer Hatemounah nous enseigne qu'il y a une shmita cosmique qui a une incidence sur la création et la durée de l'univers.

 

SIX MILLE ANS D'HISTOIRE

 

Il est fait allusion à cet enseignement dans un passage du Talmud :

Rav Katina a dit : "le monde existera durant 6000 ans et mille ans de destruction (suivront)"... Nous avons un enseignement qui est en accord avec Rav Katina : de même que la septième année est l'année shabbatique - une en sept ans, ainsi, le monde se reposera 1000 ans pour les 7000 ans... (comme il est écrit) [Psaumes 90:4] 'car mille ans à Tes yeux sont comme hier qui est passé'... [Sanhedrine 97a]

L'idée qui est enseignée dans ce passage est connue : le monde est destiné à vivre 6000 ans, qui seront suivis du point culminant de l'histoire.

Plutôt que de choisir le modèle plus classique des jours de la semaine et du Shabbat, le Talmud a utilisé le modèle de l'année shabbatique pour illustrer ce concept. Ce choix est peut-être fondé sur la différence fondamentale entre le Shabbat et la shmita. Certes, le Shabbat correspond à un jour de repos qui vient clôturer six jours de travail, tout comme la shmita correspond à une année de jachère après que la terre ait été travaillée durant six ans. Mais la shmita n'est pas un concept isolé. Elle fait partie d'un plus grand système, connu sous le nom de Yovel, jubilé. Après sept années shabbatiques (soit sept fois sept ans), le grand Jubilé est proclamé, et toute chose revient à sa place naturelle.

Le Sefer Hatemounah considère notre existence sous ce grand schéma de shmita et yovel. Même si l'existence telle que nous la connaissons touchera à sa fin en l'an 6000, il n'en demeure pas moins qu'un autre cycle peut très bien nous attendre.

En outre, comme Na'hmanide l'a dit, la croyance en un D-ieu qui a créé et soutient l'Univers est un fondement de base du Judaïsme. Il y a un secret, non révélé explicitement dans le texte, et qui concerne la Création, à savoir : il est possible que d'autres cycles avant le nôtre, aient existé!

Les commentaires mystiques enseignent et/ou spéculent quant à savoir dans quel cycle nous sommes actuellement. Certains disent le "second cycle", d'autres disent le quatrième, d'autres le sixième, et d'autres encore disent le septième.

 

LA PREMIÈRE FOIS OU LA SECONDE?


Revenons au premier verset de notre parasha :

Et D-ieu parla à Moshé au mont Sinaï en disant.

Rabénou Bé'hayé, commentant les enseignements de Na'hmanide, pose la question suivante : Quand on dit que D-ieu a enseigné tous les détails au sujet de la shmita et du yovel au mont Sinaï, est-ce que cela se rapporte à la première fois où Moshé est monté au mont Sinaï, ou plutôt à la seconde fois? Rabénou Bé'hayé répond alors à sa propre question en disant que ce devait être la seconde fois, car il y a une brève référence dans parashat Mishpatim aux lois de la shmita :

 

Durant six années tu ensemenceras ta terre et tu récolteras sa moisson. Et la septième année tu la laisseras au repos et tu l'abandonneras; et les pauvres de ton peuple pourront manger; et le reste, l'animal du champ le mangera. Ainsi tu feras pour ta vigne et ton olivier. [Exode 23:10-11]

 

Ici, la Torah mentionne les lois de la shmita, mais pas avec autant de détails que dans parashat Behar. Par conséquent, Rabénou Bé'hayé affirme que la première fois où Moshé est monté au mont Sinaï, il a rapporté toutes les lois comme elles sont écrites dans parashat Mishpatim. La deuxième fois, lorsque Moshé est redescendu, il a rapporté les lois détaillées, telles qu'elles apparaissent dans parashat Behar.

Selon cette théorie, nous pouvons supposer que les lois telles qu'elles sont décrites dans parashat Mishpatim, ne comportent aucune référence cachée au Jubilé. Bien entendu, ceci peut être dû au caractère général et laconique de parashat Mishpatim : toutes les lois dans cette parasha sont en fait plus détaillées qu'elles ne le paraissent dans le texte lui-même. Mais, si nous suivons la théorie de Rabénou Bé'hayé, nous devons alors conclure que certaines lois n'étaient pas écrites parce qu'elles n'étaient pas applicables à ce moment-là, une suggestion qui mérite bien sûr clarification.

Les lois de l'année shabbatique (shmita) peuvent être mises en parallèle avec le Shabbat : six ans de travail (labourage), et une année de repos. Ce repos est significatif pour la Terre et pour les ouvriers également. Le Jubilé par contre, n'a aucun parallèle apparent avec le Shabbat. C'est un moment où chaque terre revient à son propriétaire d'origine. En un mot, la shmita est un moment de renouvellement, tandis que le Jubilé est un moment de retour complet.

En outre, la Torah nous indique que le shofar devait être sonné le jour de Kippour durant l'année du Jubilé : Tu proclameras la sonnerie du shofar, au septième mois, le dixième jour du mois, le jour de Kippour, vous ferez retentir le shofar dans tout le pays. [Lévitique 25:9]

Si ces détails avaient été enseignés quand Moshé était monté au mont Sinaï pour la première fois, alors la référence à Yom Kippour n'a pas sa place. En effet, Yom Kippour est le jour où le peuple a été pardonné pour la faute du veau d'or. Et cette faute a été commise lorsque Moshé se trouvait au mont Sinaï la première fois. Le pardon n'a été accordé au peuple uniquement lorsque Moshé est remonté au mont Sinaï quarante jours après la faute du veau d'or.

Ceci renforcerait donc la théorie de Rabénou Bé'hayé qui stipule que cette parasha a été enseignée quand Moshé est monté au mont Sinaï la deuxième fois.

Nous pouvons également voir un parallèle entre le Jubilé et le Yom Kippour. Yom Kippour est connu comme étant le Shabbat des Shabbat ("Shabbat Shabbatone"). Le Jubilé lui aussi vient après sept années shabbatiques, un "Shabbat Shabbatone" en quelque sorte.

 

"IN G-OD WE TRUST"

 


Analysons un autre aspect. S'il n'y avait pas eu la faute du veau d'or, il n'y aurait pas eu de Yom Kippour. S'il n'y avait pas eu la faute du veau d'or, la punition de l'exil n'aurait jamais fait partie du lexique Juif (voir Erouvin 54a). La faute du veau d'or a eu lieu à cause d'un manque de confiance en D-ieu. Cette brèche dans la foi en D-ieu a constitué un précédent spirituel négatif pour les générations futures, qui ont fauté de manière similaire et qui ont été exilées.

Nos sages nous enseignent que l'une des causes de l'exil était le laxisme dans l'observance des lois de shmita :

L'exil est venu à cause de l'idolâtrie, de la débauche, du meurtre et (du non-respect) de la shmita [Avot 5:9].

Ceci parce que l'observance de la shmita constitue une expression explicite de la confiance en D-ieu.


L'exil est le résultat du manque d'observance des lois de la shmita (entre autres). Le concept de l'exil est né de la faute du veau d'or, quand le peuple a fait preuve de manque de confiance en D-ieu.

L'exil est directement lié au manque de confiance en D-ieu, qui est manifeste lorsqu'on rejette les lois de la shmita.

La Torah promet une subsistance venant directement de D-ieu durant l'année shabbatique. Ceux qui n'ont pas confiance en cette promesse explicite sont punis par l'exil. Quelque part, l'année shabbatique et son message de renouveau nous rappellent la situation d'Adam avant la faute - il n'avait nullement besoin de travailler la terre; il vivait à l'ombre de D-ieu.

La punition pour la faute du veau d'or évoque le péché d'Adam et son exil du Jardin d'Eden. Le veau d'or changea le cours de l'histoire, tout comme la faute d'Adam l'avait fait.

Au lendemain de la Révélation au Mont Sinaï, les Juifs devaient immédiatement entrer en Terre d'Israël, avec Moshé menant lui-même la marche victorieuse. Le Temple de Jérusalem aurait été immédiatement construit, avec comme roi Moshé et comme Grand Prêtre Aaron. Un tel Temple n'aurait jamais été détruit. Le Nom de D-ieu aurait été répandu comme une traînée de poudre à travers le monde. Moshé aurait été le Messie.

Mais ce rêve ne s'est pas réalisé. Il a été brisé par la faute du veau d'or. Un peuple qui n'avait pas suffisamment confiance en D-ieu, ne pouvait amender le monde, même avec les plus grands chefs. Il a fallu passer par l'exil.

Le manque de confiance en D-ieu, de nouveau, a entraîné l'exil. Pour cette raison, lorsque Moshé est descendu du mont Sinaï pour la seconde fois, de tous les commandements, ce sont les lois de la shmita qui ont été répétées avec les détails les plus explicites.

La survie des Juifs sur leur terre dépend de la shmita.

Après la faute du veau d'or, Yom Kippour était nécessaire pour que les Juifs obtiennent leur pardon. Le Jubilé, lui aussi était nécessaire : un moment de renouveau, de renaissance, de retour à l'état originel. Avoir confiance en D-ieu, comme cela est préconisé par l'observance des lois de la shmita, constitue le chemin vers notre destinée finale, vers un monde parfait.

 



A PROPOS DE L'AUTEUR
le Rabbin Ari KAHN
Le rabbin Ari Kahn, un disciple de Rav Yossef Dov Soloveitchik, est diplômé de la Yeshiva University. Il se consacre actuellement à l’enseignement à Aish HaTora ainsi qu’à l’Université Bar Ilan, où il est Directeur des programmes pour étudiants étrangers. Il donne fréquemment des conférences aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et en Afrique du Sud pour le compte de cette université et d’Aish HaTora.
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