La plupart d’entre nous ne se
livre pas à une introspection sur les choses que nous désirons.
Nous considérons que la plupart de nos aspirations sont normales et vraisemblablement
identiques à celles des autres. Nos désirs nécessitent
peu de justification et nous passons notre vie à les satisfaire comme
nous le pouvons.
Mais sans introspection de notre part, il ne peut y avoir de changement. A quoi
peut bien s’appliquer l’introspection lorsqu’il n’y
a rien dans notre quotidien pour nous inciter à réexaminer la
situation générale parce qu’elle suit « un long fleuve
tranquille » ?
D.ieu nous fournit une merveilleuse solution à ce problème. Il
nous a demandé de prier pour les choses que nous désirons.
La prière s’appuie sur une logique. Si vous demandez quelque chose
à D.ieu, il semble raisonnable d’ajouter la raison pour laquelle
Il devrait répondre et satisfaire à votre requête.
D.IEU COMME PERE
Nos prières sont basées sur un des deux raisonnements suivants.
Le raisonnement le plus simple est d’en appeler directement à l’amour
que D.ieu éprouve pour nous. Nous faisons référence à
D.ieu en tant qu’Avinou Malkénou, notre Père et notre Roi.
Les enfants ont le droit de demander à leurs parents de les aider dans
leur détresse ou de leur donner les choses qu’ils veulent simplement
parce qu’ils le veulent.
Il s’ensuit que nous avons le droit de présenter nos demandes à
notre Père en cas de nécessité ou de désir. Si D.ieu
prend vraiment soin de nous, comme un père le fait pour son enfant ;
alors comme pour nos propres parents, la question de savoir si l’on mérite
les choses que nous demandons ne se pose pas. Lorsque quelqu’un vous aime,
il se soucie de votre bonheur. A première vue, le «modèle
parental» nous permet de présenter nos prières à
D.ieu tranquillement, même si nous n’avons pas vraiment de quoi
justifier nos requêtes.
Mais que se passe-t-il si je suis loin de mon père et que je n’ai
pas grand chose à voir avec lui; puis-je toujours lui demander son aide
sur la base d’une pure affection ? Puis-je tranquillement abuser de son
amour pour moi et lui demander de m’acheter les choses que je désire
simplement parce que je les veux pour telle ou telle raison ?
Si j’ai l’intention de me tourner vers D.ieu comme un parent aimant,
j’accepte automatiquement la responsabilité de maintenir une bonne
relation parent-enfant avec D.ieu. Rester en relation d’intimité
avec D.ieu devient une priorité dans ma vie si je pense m’approcher
de la puissance de Son amour. Avoir une telle priorité représente
un saut pour m’élever spirituellement vers un niveau extraordinaire.
Cela changera certainement mon point de vue.
LE FACTEUR DE RENTABILITE
Que les parents aiment leurs enfants sans réserve, n’implique pas
qu’ils soient préparés à investir en eux avec la
même absence d’esprit critique, particulièrement lorsqu’ils
ont atteint l’âge adulte. Les parents ne vont en général
investir dans leurs enfants que s’il y a une certaine chance que leur
investissement soit bien utilisé. Le fait qu’il n’y a pas
besoin de démontrer mon mérite à D.ieu quand je m’approche
de Lui en tant que Père, ne signifie pas que je ne dois pas justifier
la rentabilité potentielle de ma requête. Aucun parent ne souhaite
s’investir vainement auprès d’un enfant quel que soit le
désir de l’enfant ou la façon dont il peut être aimé.
Les demandes de l’enfant qui a démontré régulièrement
qu’il utilisera tout ce qui a été investi, pour grandir,
prospérer et apporter un mérite à sa famille, seront toujours
considérées favorablement. Mais c’est difficilement le cas
quand l’enfant a la réputation de gaspiller tout ce qui lui a été
mis dans les mains. Le fait que nous les aimions ne signifie pas que nous n’attendons
pas de nos enfants qu’ils produisent. Nous attendons d’eux qu’ils
apportent un mérite à leurs parents et utilisent les ressources
investies dans leur développement pour les transformer en êtres
humains indépendants dont on peut être fier.
Nous aimons nos enfants indépendamment de leurs compétences et
de leurs qualités morales parce qu’ils sont nous-mêmes, et
nous faisons en général tout notre possible pour les garder vivants
et en bonne santé mais ceci dans une certaine limite. Nous n’allons
pas les inonder des précieuses ressources familiales quand il apparaît
clairement que tout ce qui leur est confié sera gâché.
Si j’utilise tout ce que D.ieu me donne pour satisfaire mes désirs
et ne faire aucun effort sérieux pour progresser spirituellement, je
me place dans la position de l’enfant bon à rien qui dilapide tout
ce qui lui est confié.
Un enfant qui désire le soutien inconditionnel de ses parents fera tout
son possible pour être une personne dont on peut être fier. En nous
donnant le commandement de prier pour l’aide que nous désirons,
D.ieu, comme un parent, s’est assuré que nous, Ses enfants, ferons
de notre mieux pour utiliser les bienfaits que nous recevons de Lui afin qu’Il
soit fier de nous. La nécessité de prier L’Eternel pour
nos besoins, fixe notre attention sur les effets spirituels que l’atteinte
de nos buts peut avoir. Ainsi la satisfaction de nos désirs ne renforce
pas notre envie de matériel mais nous empêche d’être
superficiels et égoïstes.
D.IEU COMME ROI
Le principe de l’élévation des désirs à travers
la prière est encore plus clair si nous nous rapprochons de D.ieu en
tant que Roi. Les Monarques ne donnent pas d’affection. Ils s’adressent
à leurs sujets davantage en tant que membre d’une collectivité
qu’en tant qu’individu. C’est leur vocation et même
leur devoir de subvenir à leurs besoins tant qu’ils fonctionnent
comme citoyens productifs et font progresser la gloire et la prospérité
du royaume. Les sujets improductifs assèchent les ressources de la collectivité
et sont, au mieux, tolérés.
Une requête soumise à D.ieu, en tant que Roi, doit inévitablement
être accompagnée d’une justification sur la manière
dont la satisfaction de cette requête agrandira la gloire du Roi et la
prospérité du royaume.
Prenons l’exemple d’une demande pour réussir dans les affaires,
qui devrait vraisemblablement être rédigée en ces termes
: «Accorde-moi le succès dans les affaires afin que je puisse
Te servir plus efficacement dans ma propre vie et que j’inspire les autres
en représentant le modèle d’une personne qui a réussi
et qui est un véritable serviteur de D.ieu. Les gens n’aspirent
qu’à imiter les membres de la société qui ont réussi
!» Ou bien nous pouvons imaginer la prière suivante : «Sauve-moi
de la détresse, afin que je puisse jouir de la paix de l’esprit
nécessaire pour étudier Ta Torah et pratiquer Tes Mitzvot !».
Bien évidemment, ces promesses et ces engagements, doivent être
prononcés avec sincérité pour être efficaces. En
nous donnant le commandement de prier pour les choses qu’Il a préparées
pour nous, D.ieu nous force à intégrer la satisfaction de nos
besoins et nos désirs personnels avec la réalisation de notre
mission élevée de Service Divin. Chaque être humain désire
devenir un véhicule pour le Kiddouch Hachem, la sanctification
du Nom Divin.
Comme nous avons le commandement de prier trois fois par jour, nous répétons
nos demandes et les engagements associés très fréquemment.
Que l’on s’adresse à D.ieu en tant que Père, que nous
choisissions de lui faire face en tant que Roi, ou que nous adoptions une approche
double, finalement nos désirs fusionnent tant avec nos engagements, qu’ils
sont forgés en une seule notion dans notre conscience. A travers nos
prières, nos besoins humains élémentaires se métamorphosent
progressivement en de nouvelles manières de servir Dieu, et d’aider
notre prochain. Les objectifs bas se transforment en buts nobles.
Le commandement de prier pour la satisfaction de ses besoins sauve l’homme
de son égoïsme et de sa petitesse.
Traduction et Adaptation de José Cohen.